Grand Hôtel-Dieu : « le nouveau viaduc de Millau » d’Eiffage accueillera sept restaurants et près d’une quarantaine de commerces
Devenue une véritable forteresse depuis que l’hôpital est parti, l’Hôtel-Dieu situé à Lyon le long des berges du Rhône, constitue un espace dont, de l’extérieur, on a peine à deviner l’importance. Il faut savoir que sa superficie équivaut à celle de la Place des Terreaux. Pour Eiffage, l’opération « est similaire pour cet ouvrage patrimonial, au viaduc de Millau ! » Outre un hôtel Intercontental, cinq étoiles luxe, le site accueillera sept restaurants et pas moins d’une quarantaine de boutiques moyenne gamme, ainsi que des bureaux, un espace de congrès et un musée de la Santé.
Les Lyonnais qui craignaient que le site historique de l’Hôtel-Dieu, signé du célèbre architecte Soufflot soit dénaturé, peuvent respirer. L’ouvrage est en passe d’être entièrement classé monument historique.
Et ceux qui, malgré tout s’inquiétaient encore, peuvent ranger ces craintes au magasin des accessoires. Dans l’équipe chargé de concevoir de la réhabilitation de l’ensemble baptisé « Grand Hôtel Dieu », figure, au côté de l’architecte lyonnais Albert Constantin, Didier Repellin, architecte en chef des Monuments Historiques, un amoureux fou de ce lieu qu’il ne laissera pas dénaturer. Il suffit pour s’en convaincre de visiter le site en sa compagnie pour s’en convaincre.
Ce qui signifie que l’ouvrage auquel va devoir pendant plusieurs années se consacrer Eiffage qui a remporté l’appel d’offres va tout bonnement s’avérer colossal. Par la superficie de l’ensemble : 55 000 m2, soit l’équivalent de la place des Terreaux, mais aussi par l’ingéniosité dont les promoteurs du projet vont devoir faire preuve pour conserver l’âme du site. Le tout, en transformant les bâtiments des 17 et 18ème siècle en un hôtel international (17 000 m2, 147 chambres), en commerces (14 000 m2), en centre de convention, en musée de la Santé ( 7 000 m2) et en bureaux (16 000 m2), tous aux normes de confort du 21ème siècle.
Pour le directeur du projet, Bernard Vitiello, « Il s’agit pour nous, Eiffage Construction, d’une opération aussi importante concernant un tel projet patrimonial que celle que nous avons mené pour le viaduc de Millau ». L’investissement total est à la dimension de l’ouvrage : 150 millions d’euros.
L’Hôtel-Dieu sera intégralement ouvert au public et devrait constituer un îlot de tranquilité au sein d’une presqu’île survitaminée grâce à l’ouverture de cinq grandes entrées percées sur les différentes façades, contre une seule entrée principale actuellement. Même le grand dôme, un des joyaux architecturaux du site qui constituera le lobby de l’hôtel Intercontinental 5 étoiles luxe, sera accessible au public.
L’une des vocations du futur « Grand Hôtel-Dieu » sera commerciale. Le site devrait accueillir une large palette de commerces. Tout dépendra de la superficie de chacun d’entre eux, mais on peut estimer le nombre de boutiques qui y seront installées à une quarantaine. Ce ne seront pas des commerces de luxe comme dans le carré d’or de la Presqu’île ou dans un quartier Grôlée qui peine à voir le jour, ni des commerces « mass market » comme dans la rue de la République.
L’objectif d’Eiffage est d’installer des boutiques plutôt moyenne gamme, de préférence originales. « Nous voulons ainsi des enseignes pas banales que l’on ne trouve pas ailleurs », assure Bernard Votiello.
Le partage devrait se faire à égalité entre les boutiques dédiées à l’équipement de la personne et celles à celui de la maison.
Ces commerces seront ouverts sur la rue de la Barre et la rue Bellecordière. Cette dernière, peu attrayante pour l’heure devrait de ce fait se retrouver fortement revalorisée.
L’objectif des promoteurs du futur Grand Hôtel-Dieu est de proposer une offre commerciale à la fois complémentaire de celles de la rue de la République et du carré d’or lyonnais.
On trouvera également au sein du site pas moins de sept restaurants, déclinés à travers plusieurs concepts dont des brasseries à forte identité lyonnaise dont l’une d’entre elles sera installée dans le grand réfectoire doté d’un plafond de sept mètres ! On y croisera aussi des bars à soupes et salades bio, un salon de thé, ainsi que quelques enseignes de restauration rapide ou de snacking.
On sait que Paul Bocuse, Alain Ducasse et quelques autres grands chefs se sont intéressés à ce projet, mais rien n’a encore été signé avec quiconque. Il est encore trop tôt. Seule certitude : ces restaurants protégés par l’architecture fermée du lieu, constitueront autant de hâvres de paix et l’été on pourra déjeuner ou dîner dans les grandes cours dans un calme inconnu en Presqu’île lyonnaise.
Ces restaurants seront fréquentés par des Lyonnais et des touristes, mais aussi par tous ceux qui travailleront sur le site qui sera rentabilisé en partie par la construction de bureaux
L’objectif de l’équipe constituée autour d’Eiffage est de proposer de préférence ces espaces à des entreprises en lien avec le secteur de la santé, des professions libérales ou des activités de conseils (avocats ou notaires, par exemple).
On y trouvera aussi un musée de 3 000 m2 qui devrait en principe rassembler les trois musées de la médecine existant à Lyon dont celui des HCL. Seul hic : ce projet là n’étant pas financé, il va falloir trouver des sponsors. Les grandes sociétés pharmaceutiques lyonnaises pourraient être mises à contribution. Le futur espace muséal sera situé à proximité d’un centre de congrès susceptible d’accueillir de 350 à 500 personnes selon les configurations.
Le tout sera livré par étapes entre 2015 et 2016.
Reste qu’il sera toujours aussi difficile de se garer à proximité. Le stationnement en épis actuellement autorisé le long de la façade située face au Rhône disparaîtra au profit d’un parking de poche n’offrant que 150 à 250 places. Même en y mettant le prix, on ne peut pas tout avoir !
Crédits photos : © Asylum et Bonnamour.