Grande Conférence Sociale : la grosse colère de Bernard Gaud, président du Medef Rhône-Alpes
Parlant au nom du Medef Rhône-Alpes, Bernard Gaud, son président « ne pense pas que le gouvernement aille pour l’instant dans le bon sens. » Si le discours de François Hollande lors de la Conférence Sociale lui a convenu, celui de Jean-Marc Ayrault, premier ministre beaucoup moins. On pourrait même parler de froide colère. Explications…
A l’issue des deux journées de concertation les 9 et 10 juillet, les discours sont apparus plutôt consensuels chez la grande majorité des intervenants de la Grande Conférence Sociale qui s’est déroulée à Paris. Hormis un son de cloche particulièrement dissonant : celui du Medef.
Crime de lèse premier-ministre ! A telle enseigne que les représentants du Medef sont ostensiblement restés assis alors que la salle debout applausissait à tout rompre Jean-Marc Ayrault à l’issue de son discours clôturant cette Conférence.
Cette fort mauvaise humeur du Medef, Bernard Gaud l’explique par deux éléments contenus dans le discours du Premier Ministre qui passait à la trappe deux projets considérés comme majeurs par le Medef.
« Pour nous au Medef, deux projets sont particulièrement importants. Or, ils ont été balayés en deux phrases par le premier ministre », regrette le président du Medef Rhône-Alpes.
« la négociation compétitivité/emplois mal engagée n’est plus à l’ordre du jour », a ainsi déclaré Jean-Marc Ayrault.
Qui a rajouté une seconde phrase qui a continué de faire bondir les représentants du Medef, Laurence Parisot, la présidente, en tête : « L’acte 2 de la négociation sur le marché du travail n’est plus d’actualité. »
« Or, précise Bernard Gaud, cette néogication dans laquelle nous nous étions fortement engagé au Medef a déjà nécessité soixante réunions prélables , rayées d’un trait de plume ! ».
Autre élément qui nourrit l’ire de l’organisation patronale : le peu de cas, voire même l’absence total d’évocation de l’apprentissage et de la formatin continue lors des dernières assises de l’enseignement. « En Allemagne, la formation par alternance concerne 57 % des jeunes, 10 % en France… », tient à préciser Bernard Gaud.
Pourtant, toujours selon le même Bernard Gaud, cette grande Conférence Sociale avait fort bien commencé. « Nous avions pourtant souscrit et apprécié le discours de François Hollande qui évoquait notamment la question de la compétitivité de notre industrie. »
Car pour le président du Medef Rhône-Alpes, cette Conférence a pris le probléme à l’envers : « Avant de parler du social, réglons d’abord le problème numéro 1 en france : celui de notre compétitivité et les façons de le résoudre. Encore faut-il qu’il y ait quelque chose à distribuer ! »
Pour lui, le taux de marge des entreprises françaises est historiquement bas et explique toutes les difficultés de notre pays dont l’exemple le plus flagrant vient d’être donné par les problèmes rencontrés par le Groupe PSA Peugeot-Citroën : pas plus de 2 %.
Circonstance aggravante alors que débute les vacances et que la rentrée est encore bien loin : « Les mois d’avril, mai et juin ont été catastrophiques pour l’économie française. Les entreprises n’investissent plus. L’indice de confiance des chef d’entrepirse est au plus bas : un phénomène accentué encore en Rhône-Alpes région très industrielle qui répercute avec plus d’intensité le chômage en cas de crise. »
Au total, pas vraiment de satisfecit du Medef à l’égard du gouvernement : « Nous ne pensons pas qu’il aille dans le bon sens », assure le président régional du Medef. Qui lance : « Nous serons plus que jamais exigeants et vigilants. »
Jouant de la métaphore musicale, il conclut : « Le président de la République a donné le « la ». Nous espérons qu’il sera un bon chef d’orchestre. Et que, comme dans le Boléro de Ravel, il montera en puissance, instrument par instrument… »
Bref, le patronat joue le président contre son premier ministre. Reste à savoir qui l’emportera pour obtenir le blanc seing patronal qui paraît pour l’heure bien éloigné.
Photo (DL)–Bernard Gaud, président du Medef Rhône-Alpes.