Grenoble installe son « hub » lyonnais sur le campus de La Doua
Longtemps Lyon et Grenoble se sont observés en chiens de faïence. Désormais en ce siècle de vive compétition, il n’est plus d’autres choix que de jouer la complémentarité. Grenoble est pointue sur les nanotechnologie et le numérique, Lyon est une plate-forme chimique de premier plan. Or, désormais ces sciences dures se rejoignent. D’où l’inauguration à l’initiative du CEA Grenoble et de CPE-Lyon, d’une plate-forme en nanochimie au sein du campus de La Doua à Villeurbanne. Pour les protagonistes, il ne s’agit que de la première pierre d’un édifice qui se veut plus vaste donnant naissance à un véritable « hub » grenoblois en terre lyonnaise.
Pour Jean Therme, directeur du CEA à Grenoble, pas de doute : « Nous estimons au CEA qu’il ne s’agit que d’un début. Nous espérons que ce labo va donner naissance à un hub du CEA à Lyon, en collaboration avec CPE-Lyon (*), bien sûr, mais aussi avec l’Ecole Normale Supérieure, l’Université de Lyon… »
D’emblée, le décor était planté lors de l’inauguration jeudi 28 janvier, de la plateforme de nanochimie installée au sein de l’Ecole CPE-Lyon dont est issu Yves Chauvin, prix Nobel de chimie 2005, présent par ailleurs à cette inauguration.
Financé par les collectivités locales (Conseil Général, Grand Lyon et Région Rhône-Alpes), ce laboratoire se déploie sur 400 m2 (coût de l’immobilier : 1,1 million d’euros). Le CEA prend à sa charge la totalité des salaires et de ses chercheurs engagés sur les projets de recherche.
Comptant douze à quinze thésards, ce labo de nanochimie constitue le fruit d’une collaboration avec différents équipes au nom barbare car rassemblant, outre le CEA Grenoble, le LCOMS (Laboratoire de Chimie Organométallique de Surface) et l’Unité C2P2 (Chimie, Catalyse et Procédés de Polymérisation), une unité mixte de recherche CNRS-CPE Lyon-UCBL.
Leur rôle : aller à la rencontre de la chimie et des nanotechnologies. A l’échelle nanométrique (milliardième de mètre), la chimie de la matière offre des propriétés singulières à même de faire émerger des ruptures technologiques majeures pour le nombreuses applications. Celles pour l’heure en ligne de mire citées par Jean Therme concernent les piles à combustible, les batteries lithium-ion, dernier must de l’industrie automobile, ainsi que les NTIC. « A Minatec, notre campus d’innovation à Grenoble, nous arrivons aux limites dans ces domaines, d’où l’intérêt de travailler en commun : ce labo nous permettra d’être beaucoup plus efficaces. »
Pas de temps à perdre pour Gérard Pignault, le directeur de CPE Lyon : « Il y a cinq ans n’existaient que quelques centres mondiaux travaillant sur ces domaines. Aujourd’hui, il y en a une dizaine, demain, une quinzaine. Il s’agit donc d’aller vite et d’être compétitif en se situant au niveau des meilleurs standards mondiaux. »
Et de lancer en s’adressant à Jean Therme : « Vous êtes ici chez vous. Cette plateforme de nanochimie doit constituer le « hub » du CEA à Lyon pour que vous puissiez développer d’autres opérations avec d’autres labos de la chimie lyonnaise et dans d’autres disciplines…»
Cette inauguration avait donc un caractère presque historique puisqu’elle pourrait bien déboucher sur une collaboration beaucoup plus vaste entre les équipes de recherche grenobloise et lyonnaise sur des domaines essentiels pour l’économie de demain : nanonotechnologies, voitures vertes, NTIC destinés à peser plusieurs centaines de milliards d’euros.
(*) Ecole Supérieure de Chimie Physique Electronique de Lyon, installée sur le campus de La Doua à Villeurbanne.
Photo : Jean Therme, directeur du CEA Grenoble, à l’origine du pôle de compétitivité grenoblois Minalogic (nanotechnologies et microélectronique) et de la plate-forme de recherche Minatec.