Hôtel Dieu : c’est le projet piloté par Eiffage et les architectes lyonnais Constantin/Reppelin qui l’emporte
Ce ne sera pas Hyatt, mais Intercontinental. A l’issue de l’ultime dernière séance du jury, c’est le projet constitué autour du groupe Eiffage avec les architectes lyonnais Albert Constantin et Didier Reppelin, avec le groupe hôtelier Intercontinental qui l’emporte. Le choix s’est porté sur lui car il conserve l’esprit et l’histoire de ce bâtiment historique construit par Soufflot. Autre avantage : d’un coût de 150 millions d’euros, il ne coûtera pas un centime à la collectivité. Il pourrait laisser également la place à un grand musée de la médecine à Lyon de 4 000 m2 et à un espace santé. Mais leurs promoteurs respectifs devront eux-mêmes trouver des financements, sinon, les espaces qui leur sont dévolus seront remplacés par des bureaux…
Comment résoudre la quadrature du cercle nécessité par la reconversion de l’ancien hôpital aux trois dômes ? L’équation pour les candidats à la reconversion de l’Hôtel Dieu à Lyon était complexe : il s’agissait à la fois de redonner vie aux 62 000 M2 du site, d’y accueillir une enseigne hôtelière emblématique, tout en développant des commerces, un centre de convention de 300 à 500 personnes, un parking de 200 places, sans oublier d’ouvrir l’espace aux Lyonnais et en y ajoutant un rôle de mémoire médicale pour y développer le musée des HCL (Hospices Civils de Lyon) qui s’y trouve…
A l’issue d’un lent processus qui a vu in fine deux derniers projets rester en lice, ceux de Nexity et du groupe Eiffage, c’est en définitive ce dernier qui a été choisi par le jury. A la clef, un bail de 94 ans.
Parce qu’il répond favorablement à toutes les problématiques posées. En y ajoutant un plus : la conservation de l’esprit et de la riche histoire du lieu. Autour du groupe Eiffage à qui est attribué ce marché de150 millions d’euros, on trouve l’architecte lyonnais Albert Constantin, un des meilleurs connaisseurs du lieu. Il est l’âme de ce projet, celui qui l’a modelé, permettant à ses partenaires de l’emporter. Il est accompagné de Didier Reppelin, architecte en chef des monuments historiques.
C’est le groupe Intercontinental, encore peu présent en France qui gagne au passage une nouvelle implantation dans un site exceptionnel, parallèlement d’ailleurs à une autre installation, à Marseille, dans l’Hôtel Dieu de la cité phocéenne.
Installé au cœur du grand Dôme cette enseigne 5 étoiles va déployer près de 15 000 m2 de surface, 140 chambres et suites, dont une présidentielle et une grande, construites en mezzanine, avec vue sur le Rhône et loggias privatives. Deux suites très haut de gamme qui devraient constituer l’écrin de cette nouvelle enseigne de luxe à Lyon, après le Hilton et le Sofitel.
Les autres grands occupants des lieux (sur 13 000 m2) seront constitués par des commerces. Ceux-ci, assure-t-on chez Eiffage ne seront pas exclusivement consacrés au luxe. Existe-t-il un risque que ces m2 aient beaucoup de mal à se vendre comme c’est le cas actuellement dans le quartier Grolée proche ? Non, assure Albert Constantin pour qui le problème du quartier Grolée est la trop petite superficie des espaces proposés, rédhibitoires pour les grandes enseignes. A l’Hôtel Dieu, les superficies proposées varieront de 80 à 450 m2.
« Ce sera un lieu très ouvert, destiné aux Lyonnais : il bénéficiera d’une grande animation piétonne », assurent les promoteurs du projet lauréat. Et effectivement le nouvel Hôtel Dieu sera ouvert de tous côtés et notamment rue Bellecordière où seront développées là aussi un certain nombre de boutiques dans le but de redonner envie de flâner dans cette rue sans animation actuellement.
Au sein même de ce futur site qui s’annonce emblématique, la grande cour intérieure offrira un espace original fait de plantes médicinales et aromatiques en référence au riche passé botanique lyonnais. Un jardin d’apothicaire, en quelque sorte.
Des associations s’étaient battues pour que la riche mémoire médicale lyonnaise soit maintenue sur le site. Le musée des HCL actuellement d’une superficie de 700 m2 pourrait passer à 4 000 m2, en se regroupant avec d’autres musées consacrés à la médecine, pour en faire un vrai musée de la médecine à Lyon susceptible d’attirer les touristes. Mais il faudra que ses promoteurs, à commencer par le professeur Mornex qui mène le projet, trouvent des financements. Suite au rapport de la cour des Compte le musée actuel qui coûte 400 000 euros par an et fait travailler onze personnes, ne pourra plus être financé par la Sécurité sociale.
Si ses promoteurs n’y arrivent pas, un plan B existe, explique-t-on chez Eiffage : les espaces qui leur sont destinés seront remplacés par des bureaux.
Très complet, le projet choisi intègre également un espace médical et une présence universitaire via le PRES qui regroupe les universités de Lyon et de Saint-Etienne, ainsi que les grandes écoles. Il est vrai qu’il y avait de la place pour tout le monde. Le Groupe Eiffage assurera la construction de 10 000 m2 supplémentaires.
Autre avantage du projet : entièrement privé il ne coûtera pas d’argent à la collectivité. Une reconversion qui finalement contente (presque) tout le monde, ne coûte rien : à l’heure du choix, Gérard Collomb, maire de Lyon ne cachait pas sa satisfaction. Une bonne partie du site reconverti devrait être inaugurée fin 2014 ; la totalité, en 2016.
Photo (DR) : Le cahier des charges l’exigeait : l’Hôtel Dieu réhabilité sera largement ouvert au public. Y compris le grand Dôme où sera installé l’hôtel Intercontinental.