« Il manque encore à l’aéroport de Lyon-Saint- Exupéry une dizaine de destinations… »
Un Club des Entrepreneurs pour les aéroports de Lyon, pour quoi faire ?
Bruno Allenet-Pour le comprendre, il faut revenir dix ans en arrière. Ce club qui regroupe actuellement deux cent-cinquante entreprises a été créé lorsque, en 2003, le gouvernement avait émis le projet de créer un troisième aéroport en région parisienne qui risquait d’être mortifère pour Lyon-Saint Exupéry. Nous avons alors lancé une pétition contre ce projet qui avait recueilli 3 000 signatures !
Heureusement ce troisième aéroport n’a jamais vu le jour. Cet épisode marque la naissance de ce Club. Depuis, nous sommes à la fois une force de proposition et d’accompagnement du développement de l’aéroport. Nous servons aussi d’aiguillon pour son développement. Ce Club recèle une originalité : c’est le seul de ce type existant en France.
Un exemple d’action concrète ?
Ainsi, lorsque la compagnie Emirates a commencé à s’intéresser à Lyon, nous avons réuni les responsables de la compagnie avec des chefs d’entreprise pour leur faire comprendre que la communauté entrepreneuriale était prête à accompagner la création d’une ligne Lyon-Dubai. Un an après, on a pu constater que nous n’avions pas parlé dans le vide. Nous sommes là pour pousser, pour que les projets avancent.
Notre Club regroupe aussi bien de grandes, voire de très grandes entreprises que des PME. Elles sont essentiellement lyonnaises, mais nous avons aussi l’ambition que nos membres proviennent aussi d’autres grandes villes de Rhône-Alpes, comme Grenoble ou Saint-Etienne, mais aussi, au-delà de Rhône-Alpes, au sein de la vaste zone de chalandise de l’aéroport, comme Mâcon et Clermont-Ferrand, par exemple.
Lors de la création de ce Club, outre le développement de nouvelles liaisons, vous aviez mis aussi l’accent sur la qualité du service. Etes-vous désormais satisfaits ?
Il y a eu effectivement de grands progrès en matière de services par rapport à la situation qui prévalait il y a huit ans. Nous avons travaillé de concert avec l’aéroport et les choses se sont bien améliorées depuis.
Il y a eu le concept d « ‘airport helpers », ces volontaires qui s’engagent à fournir aux passagers un bon accueil et des conseils, la création de la carte Privilys qui permet notamment aux utilisateurs fréquents de bénéficier de places au parking couvert P0 et d’un coupe-file leur permettant d’éviter les trop grandes attentes à l’étape de la Sûreté, notamment.
La liaison Lyon-Dubaï que vous aviez plébiscité est un succès, mais existe-t-il encore d’autres destinations que vous aimeriez voir mises en place ?
En fonction des besoins de nos entreprises adhérentes, nous en avons effectivement listé un certain nombre, à commencer par une liaison vers un hub important d’Amérique du Nord, par exemple un Lyon-New York, ainsi qu’une liaison régulière et non pas seulement saisonnière vers Montréal.
Une destination vers la Chine et notamment Shanghai nous paraît également nécessaire. Beaucoup de nos membres militent également pour la création d’une liaison régulière Lyon-Moscou. Il en existe une actuellement, mais elle n’est pour l’heure qu’hivernale.
Tel Aviv en Israël est également très demandé, de même que la Scandinavie, mal desservie, de même que l’Europe de l’Est ; bref, au total, il manque une dizaine de destinations pour que cet aéroport remplisse la fonction qui devrait être la sienne.
Vous estimez donc que l’aéroport n’est pas aussi bien dimensionné que certains de ses homologues européens ?
C’est évident. Si l’on prend en compte tous les aéroports européens, Lyon-Saint Exupéry ne se situe qu’à la 54ème place, alors qu’en matière de Produit Intérieur Brut, Rhône-Alpes est la sixième région européenne !
Parmi les principaux objectifs que nous nous sommes fixés, il y a celui de donner à la région Rhône-Alpes un aéroport à la hauteur de sa puissance économique.
Des progrès ont pourtant été réalisés ces dernières années ?
C’est évident. La création de la ligne Lyon-Dubaï va dans le bon sens. Nous avons eu des sueurs froides avec Düsseldorf, délaissé à la fois par Air France et Lufthansa, mais heureusement la filiale low cost de cette dernière, German Wings va reprendre la liaison à raison de trois aller-et-retour par jour.
Mais surtout les très importants investissements programmés pour doubler les terminaux T1 et T3, représentant la somme imposante de 280 millions d’euros, constituent un gros enjeu pour l’avenir. Lyon-Saint Exupéry a désormais un bon plan de vol. Nous souhaitons simplement pour nos entreprises que les évolutions se fassent vite.
Photo (DR)–Bruno Allenet, président du Club des Entrepreneurs pour les Aéroports de Lyon, et des membres lors d’une réunion du Club.