Ils peuvent encore faire mieux : les métiers du Numérique ont créé autant d’emplois en Auvergne-Rhône-Alpes qu’en Ile-de-France !
Grosse surprise lors de présentation des chiffres 2016 de l’Observatoire de la Filière Numérique d’Auvergne-Rhône-Alpes : 6 000 emplois ont été créés, presque autant qu’en région parisienne. En revanche ce cru 2017 illustre de grosses faiblesses en matière de formation et d’international…
Paris qui va bientôt accueillir le plus gros incubateur au monde, géant du Numérique ? Pas si sûr si l’on en croit les données qui viennent d’être divulgués par l’Observatoire de la Filière Numérique d’Auvergne Rhône-Alpes (*).
Si la région affiche désormais 60 000 emplois total dans la filière numérique, soit nettement moins qu’en région parisienne, le nombre d’emplois créés (à cent près) est quasiment identique qu’en Ile-de-France ;
« Cela montre qu’il se passe vraiment quelque chose en Auvergne-Rhône-Alpes : ces chiffres confirment le fort dynamisme que nous percevons», se félicite Jean-Michel Bérard, le patron d’Esker et co-président avec Catherine Bocquet de Digital League, fruit de la fusion du Clust’R Numérique avec Numélink, donnant naissance à un Cluster unique dans cette filière.
Le Numérique est en plein boom. Ce chiffre de 6 000 créations nettes d’emplois entre 2011 et 2015 représente une croissance de 10,8 % en Auvergne-Rhône-Alpes contre 2,3 % en région parisienne.
Sur le podium : les logiciels, les services et les jeux vidéo
Ce sont les secteurs des logiciels, des services et des jeux vidéo qui tirent la croissance du Numérique dans la région, avec plus de 47 000 emplois et un bond de 16,6 % entre 2011 et 2015.
Aucun doute, selon les rédacteurs de cet Observatoire, « le numérique surclasse les secteurs industriels phare de la région ». Il se positionne ainsi comme un véritable relais de croissance en permettant de compenser la disparition de 6 000 emplois dans les secteurs industriels majeurs pendant cette même période 2011/2015 dans la chimie, la métallurgie/travail des métiers, la fabrication de machines et équipements, et l’agro-alimentaire.
Sauf que…le Numérique pourrait être encore beaucoup plus créateur d’emplois s’il ne connaissait pas le goulot d’étranglement de la difficulté des entreprises du secteur à embaucher.
Difficultés à embaucher : « Le fossé s’est creusé… »
Des difficultés qui se sont encore accentuées depuis la dernière livraison de l’Observatoire, l’année dernière. « Sept entreprises sur dix ont des difficultés pour embaucher. Le fossé s’est creusé », reconnaît Jean-Michel Bérard.
Ce qui fait fait sortir de ses gonds Juliette Jarry, la vice-présidente de la Région au Numérique : « C’est un paradoxe insoutenable alors que nous subissons un chômage de masse à plus de 10 %, alors que nous avons là la possibilité de créer encore plus d’emploi ! »
Cette dernière annonce d’ailleurs, « prochainement un plan massif de formation au Numérique pour les TPE et les PME. »
Autre lacune mise en avant par cet Observatoire : les entreprises régionales du Numérique n’ont que peu d’appétence à l’international ce qui permettrait de doper leur croissance. Sans doute une des conséquences de leur petite taille, puisque la taille moyenne des entreprises du Numérique dans la région est de…quatre personnes, contre six en région parisienne.
De même, faute d’image forte, la région ne parvient toujours pas à se hisser dans le Top 15 en matière d’attractivité de projets d’investissements étrangers dans le Numérique.
Vouloir faire de la région Auvergne-Rhône-Alpes « la Silicon Valley européenne », selon le slogan favori du président de la région, Laurent Wauquiez est très bien, sauf que c’est encore loin, très loin de correspondre à une quelconque réalité…
Hausse du chiffre d’affaires de plus de 20 % escomptée pour un tiers des entreprises
Des gaps qui s’ils freinent la croissance du secteur ne devraient pas pour autant casser leur dynamique fondamentale puisque, toujours, selon l’Observatoire, 83 % des entreprises de la filière prévoient une progression de leur chiffre d’affaires en 2017. Plus de 56 % d’entre elles anticipent une croissance à deux chiffres et pour un tiers, un bond de plus de 20 %.
C’est bien, particulièrement encourageant, mais il est aussi rageant de voir que, dans un cadre urgent de lutte contre le chômage de masse dont souffre notre pays, l’on pourrait faire encore beaucoup mieux !
(*) Réalisés par EY, en partenariat avec la région Auvergne-Rhône-Alpes auprès de 189 entreprises de toutes tailles, chiffres d’affaires et effectués, allant des start-up aux grands groupes.