Immobilier à Annecy : le DPE creuse un écart de 1 893 € par m² entre les biens neufs et les passoires thermiques

Alors que le diagnostic de performance énergétique (DPE) devient un critère incontournable dans les décisions d’achat et d’investissement, une étude récente de Maslow.immo met en lumière un fait marquant : à Annecy, la différence de prix entre un logement neuf (DPE A ou B) et une passoire thermique (DPE E ou F) atteint en moyenne 1 893 euros par mètre carré. Ce chiffre place la ville parmi les dix communes françaises où cet écart est le plus élevé, aux côtés de Boulogne-Billancourt, Cagnes-sur-Mer ou Levallois-Perret.
Pour les investisseurs comme pour les acteurs du BTP et de la rénovation, ce signal est double : il confirme l’attractivité des biens performants sur le plan énergétique, mais souligne également l’ampleur du travail à accomplir sur le parc ancien.
Un marché local sous tension énergétique
Annecy, ville dynamique au marché immobilier très tendu, voit s’opposer deux réalités. D’un côté, une offre neuve peu abondante et coûteuse à produire, en raison du foncier limité et des normes énergétiques strictes. De l’autre, un parc ancien parfois mal classé énergétiquement, qui subit une décote croissante. Selon l’étude, seuls 3 % des logements analysés à Annecy sont notés A ou B, tandis que 25 % sont classés E ou F, exposant les propriétaires à des contraintes croissantes en matière de location.
Dans le cadre d’un investissement locatif, la loi oblige déjà les propriétaires à engager des travaux pour continuer à louer des logements très énergivores. À partir de 2028, les logements notés F seront progressivement interdits à la location, puis les E à partir de 2034.
Le neuf, un investissement désormais plus rationnel à Annecy
Jusqu’ici, les écarts de prix entre les biens neufs et anciens pouvaient décourager l’achat dans le neuf. Mais à Annecy, le delta de 1 893 €/m² incite à repenser cette équation. La hausse des coûts de construction reste un frein, mais l’analyse de Maslow.immo montre que la valorisation énergétique devient un argument décisif, y compris d’un point de vue patrimonial.
Pour les entreprises de promotion immobilière, c’est une opportunité à saisir : les projets alignés avec les attentes environnementales bénéficient désormais d’un avantage comparatif clair. Du côté des artisans et acteurs de la rénovation énergétique, ce constat valide l’urgence d’adapter l’offre locale à la demande croissante de rénovations lourdes, financées en partie par des aides comme MaPrimeRénov’ ou les CEE.
Le DPE : un outil de pilotage devenu stratégique
L’étude de Maslow.immo repose sur l’analyse croisée des données de l’ADEME et des prix au mètre carré observés via PriceHubble. L’écart mesuré ne prend pas en compte la perte de surface induite par les travaux d’isolation intérieure, ce qui rend l’avantage des logements bien classés encore plus significatif à long terme.
Cette lecture data-driven de la performance énergétique permet aux professionnels de l’immobilier de mieux évaluer les risques de décote à venir, mais aussi d’anticiper les préférences d’un marché de plus en plus orienté vers des biens à haute valeur d’usage et faible impact énergétique.
Un positionnement stratégique pour les acteurs régionaux
En Auvergne-Rhône-Alpes, où la tension sur le logement est forte dans les villes comme Annecy, Grenoble ou Chambéry, ces résultats peuvent influencer les stratégies d’acquisition, de réhabilitation ou de mise en location. Pour les bailleurs sociaux, investisseurs privés ou sociétés de gestion, intégrer systématiquement le DPE dans les projections de rentabilité devient incontournable.
Ce changement de paradigme pourrait également favoriser l’émergence de nouveaux montages hybrides : achat ancien + rénovation clé en main, ou partenariat entre agences et artisans pour proposer des solutions énergétiques intégrées.