Immobilier en Isère : un marché sous tension mais des signaux de reprise selon les notaires

Le 24 avril 2025, l’Observatoire immobilier des notaires du Dauphiné a livré son analyse du marché immobilier en Isère pour l’année 2024. Dans un contexte économique marqué par une inflation persistante et une remontée des taux d’intérêt, l’activité immobilière a connu un net ralentissement, sans pour autant s’effondrer. Plusieurs signaux laissent entrevoir une reprise progressive, à condition de lever certains freins structurels, notamment sur le marché du neuf.
Pour les entreprises du secteur (construction, promotion, aménagement, notariat, services aux particuliers et aux professionnels), cette photographie précise du marché isérois offre des repères essentiels pour anticiper les évolutions à venir.
Une baisse généralisée des transactions en 2024
Après une année 2022 euphorique, suivie d’un ralentissement en 2023, 2024 confirme la correction du marché. Le nombre de transactions a reculé dans l’ancien comme dans le neuf, impactant l’ensemble du département.
Dans l’ancien, les volumes baissent de 16 % par rapport à 2023, avec des disparités selon les secteurs. Les communes du Pays Voironnais et du Nord-Isère résistent mieux que la métropole grenobloise, plus sensible aux conditions de financement.
Dans le neuf, la situation est plus critique : la production de logements a chuté de 30 %, pénalisée par l’inflation des coûts de construction, la raréfaction du foncier disponible et l’attentisme des acquéreurs.
Des prix qui amorcent une stabilisation
Malgré la baisse des transactions, les prix immobiliers n’ont pas connu d’effondrement. Dans l’ancien, ils se sont globalement stabilisés, avec une légère correction de –2 % à Grenoble, –1,5 % à Voiron, tandis que certaines communes périurbaines affichent encore de faibles hausses, notamment en Nord-Isère.
Dans le neuf, la pression reste forte sur les prix unitaires, en raison de l’augmentation des coûts de production. Cependant, les promoteurs commencent à consentir des efforts commerciaux pour relancer les ventes : frais de notaire offerts, remises ciblées, solutions de financement plus souples.
Les notaires insistent sur le fait que les fondamentaux du marché isérois restent solides : dynamisme démographique, attractivité économique, grands projets structurants (Grenoble Presqu’île, Pôle métropolitain, etc.).
Un marché de report vers les maisons individuelles
L’observatoire note un glissement des préférences : de plus en plus d’acheteurs privilégient les maisons individuelles avec jardin, accessibles en périphérie ou en seconde couronne, au détriment des appartements anciens en hypercentre.
Cette tendance, amorcée avec la crise sanitaire, se confirme en 2024. Elle profite particulièrement aux secteurs du Grésivaudan, du Bas-Dauphiné et du Pays Roussillonnais, où les prix restent plus abordables que dans l’agglomération grenobloise.
Cependant, les notaires alertent sur le risque de fracture territoriale, avec des zones tendues où les classes moyennes ne peuvent plus acheter, et des territoires ruraux en tension d’équipement.
Le segment montagne maintient sa dynamique
Le marché immobilier de montagne (stations du Vercors, de l’Oisans et de la Chartreuse) reste actif. L’intérêt pour les résidences secondaires et les investissements locatifs touristiques se maintient, notamment sur les communes bien équipées en infrastructures (Alpe d’Huez, Les Deux Alpes, Chamrousse).
Néanmoins, le secteur est confronté à de nouveaux défis liés à la transition énergétique, avec des exigences accrues en matière de rénovation thermique et de sobriété foncière.
Pour les entreprises du bâtiment et de la rénovation énergétique, ces contraintes créent un nouveau champ d’opportunités.
Des freins persistants sur le marché du neuf
Les notaires insistent sur la situation préoccupante de la construction neuve. La hausse des coûts de production, la complexification des normes environnementales (RE2020, ZAN), la hausse des taux et la frilosité des investisseurs institutionnels freinent lourdement les programmes.
À Grenoble, le neuf représente désormais moins de 8 % des ventes totales. Le report d’achat vers l’ancien s’accompagne d’une raréfaction de l’offre neuve disponible, qui risque de provoquer une tension sur les prix d’ici 2026, si la production ne redémarre pas.
Les notaires appellent à des mesures de soutien ciblées, notamment pour solvabiliser les primo-accédants et faciliter la reconversion de friches urbaines.
Quelles perspectives pour 2025 ?
L’Observatoire se veut modérément optimiste pour 2025. La stabilisation attendue des taux d’intérêt, couplée à une désinflation progressive, pourrait redynamiser la demande, notamment sur les segments de l’accession à la propriété.
Des signaux de frémissement sont déjà perceptibles depuis le premier trimestre 2025, avec une légère reprise des visites, une baisse des délais de vente, et un regain d’intérêt pour les projets immobiliers neufs bénéficiant de dispositifs d’aide (PSLA, BRS, Pinel+).
Cependant, la prudence reste de mise. L’offre reste sous tension, et les entreprises du secteur devront adapter leur stratégie à un environnement moins spéculatif, plus exigeant en matière de qualité, de performance énergétique et de valeur d’usage.
En Isère, le marché immobilier entre dans une nouvelle phase, où la croissance quantitative laisse place à une recherche de qualité et d’adaptation aux nouveaux usages résidentiels et professionnels. Pour les acteurs économiques, cette recomposition impose d’innover, de maîtriser leurs coûts, et de s’inscrire dans une logique durable, pour capter une demande toujours présente, mais plus sélective.