« Institut Confluences » : naissance d’un think tank destiné à élaborer un projet industriel rhônapin
Un paradoxe ! Première région industrielle de France, Rhône-Alpes ne dispose ni d’outils statistiques , ni d’éléments de réflexion suffisants pour mener ce qui pourrait ressembler à une politique industrielle. Tel est le constat sur lequel les participants, chefs d’entreprise ou syndicats de salariés avaient été unanimes lors des derniers et fédérateurs Etats-Généraux de l’industrie. Cette lacune est en passe d’être comblée. Un véritable laboratoire d’idées régional, indépendant, chargé de fournir suffisamment de données et d’études sur l’industrie est en passe d’être créé. Baptisé « Institut Confluences », ce nouveau « think tank » doit voir le jour en début d’année prochaine.
« Penser et valoriser l’industrie : une volonté en Rhône-Alpes » : telle est la base line comme disent les publicitaires (le slogan en quelque sorte) qui accompagnera le logo de « L’Institut Confluences ». Vous n’ avez jamais entendu parler de cet Institut ? Normal, car il n’existe pour l’heure que sur le papier. Mais sa gestation n’est plus l’affaire que de quelques semaines.
Et si on en parle et on en parlera sans doute beaucoup demain, c’est que son rôle pourrait être important pour l’avenir de l’industrie régionale.
Rappelez-vous, en 2009, en présence de Christine Lagarde, encore ministre de l’Economie, on redécouvrait l’industrie dans les salons de la Préfecture de région au cours des « Etats Généraux de l’industrie », qui avaient suscité beaucoup d’espoir, non seulement chez les entrepreneurs, mais aussi les syndicats de salariés.
Enfin, après avoir cru que l’avenir de notre économie ne pouvait passer que par les services, on redécouvrait une évidence : pour qu’existent et prospèrent des services, il faut un socle : en l’occurrence une industrie. Elle représente dans la région Rhône-Alpes près 200 000 emplois. Un chiffre à doubler si l’on comptabilise les services dédiés à cette même industrie. Une paille !
Or, la création de « l’Institut Confluences » est une des retombées de ces Etats-Généraux fédérateurs. « Rhône-Alpes es l a première région industrielle de France, mais cette industrie, on la connaît, en définitive peu. Nous avons des données de toutes parts, mais on ne les analyse pas ! Or, pour remettre l’industrie en ordre de marche, il faut déjà bien la connaître et bénéficier d’un haut niveau d’analyse », s’enflamme Bruno Lacroix, président du CESER (*) l’assemblée qui, au sein du Conseil régional est chargée de représenter les forces vives économiques de la région et qui vient de donner naissance à cet Institut.
Probablement accueilli au sein de la Fondation Bullukian et doté d’un budget de 250 000 euros et de trois permanents, cet « Institut Confluences » sera un think tank. « Il sera chargé de combler le déficit d’analyse, de réflexions et d’échanges sur la question industrielle, de créer du lien sur cette question entre les chercheurs et les universitaires, les entreprises industrielles et la société », décrit Bruno Lacroix.
Pour Jean-Yves Lecam, un chef d’entreprise,Pdg des Teintureries de la Turdine à Tarare qui a dirigé le comité de pilotage du nouvel Institut, « Il s’agira d’un organisme indépendant. Et s’il est ancré en Rhône-Alpes, il devra être aussi tourné vers l’international. »
Ce nouvel outil devra mener une réflexion autour de nombreux thèmes déclinés autour de l’industrie. Ses promoteurs en ont déjà recensé près d’une quinzaine : de « l’innovation sociale », aux « processus concurrentiels », en passant par « l’industrialisation de l’innovation » ou encore « la notion de marque », etc.
Un think tank, pour penser seulement ? « Non bien sûr-insiste Bruno Lacroix- l’Institut Confluence doit contribuer à la définition et à la constitution d’un projet industriel à l’échelle régionale, afin de renforcer la compétitivité des entreprises et des territoires. ».
Il précise qu’il aura aussi pour rôle, ambitieux, « de fédérer les initiatives, les expériences, les savoirs, les compétences territoriales. »
Ce nouvel outil d’élaboration d’une politique industrielle régionale sera doté d’un comité stratégique (présidé par Jean-Yves Lecam ?) qui devra rassembler pour être crédible tous les partenaires concernés : entreprises, pôles de compétitivité, clusters, collectivités, chambres consulaires, universités, grandes écoles, syndicats de salariés, etc.
Pour accroître encore sa crédibilité, il sera doté d’un comité scientifique « rehaussé par des personnalités de renom. Nous sommes à leur recherche », précise Bruno Lacroix. Si tout se passe bien, il devrait être opérationnel début 2012.
Son succès ou non dépendra aussi de la communication dont il saura ou non faire preuve. Important car il va lui falloir gommer des années de désamour à l’égard de l’industrie et la rendre à nouveau attirante, notamment en direction des jeunes. Pas le plus facile…
Photo (DL) : Jean-Yves Lecam, Pdg des Teintureries de la Turdine à Tatare (Rhône) et président du comité de pilotage de « L’Institut Confluences ».
(*) CESER: Conseil économique social, environnemental et régional.