“Rendre la belle architecture réalisable » – Stéphane Reymond, directeur général adjoint de Vinci Immobilier
Comment en êtes-vous arrivé là ?
J’ai commencé en 1987 comme directeur commercial chez Deguilhem qui ensuite est devenu Elige, puis Vinci Immobilier en 2005. J’ai fait tous les métiers dans le secteur et j’ai toujours été passionné par l’architecture. D’ailleurs, j’ai habité dans un immeuble Le Corbusier, à Firminy. Pour To-Lyon avec Dominique Perrault comme pour Ycone avec Jean Nouvel, il s’agit de faire en sorte que les choses soient possibles, de rendre la belle architecture réalisable et accessible aux particuliers, même si le prix moyen d’Ycone est de 6 500 euros le m².
Faire une tour à la Part-Dieu (To-Lyon), c’était votre rêve ?
C’est un projet qu’on ne fait qu’une fois dans sa vie. Mais le premier programme qui nous a fait grandir, c’est Debrousse Parc. Une résidence de logements plus proche du luxe que du haut de gamme traditionnel. Il y a autant d’écart entre le bas de gamme et le haut de gamme qu’entre le haut de gamme et le luxe, en termes de précision de service, d’anticipation des besoins notamment.
Quelles différences entre travailler avec Dominique Perrault et Jean Nouvel ?
Ce sont deux “starchitectes” (sourires). Jean Nouvel, c’est un artiste, un poète, mais au service de l’humain. Je tiens à préciser que nous sommes restés dans l’épure du coût technique prévu au début, ce qui va à l’encontre de ce que certains peuvent dire sur les projets de Jean Nouvel. Dominique Perrault est très innovant, notamment sur les matériaux et l’esthétisme comme sur sa façade plissée de To-Lyon. Il travaille pendant des années un système constructif et il va vers l’excellence.
L’arrivée d’Apicil comme investisseur de To-Lyon, ça a changé quoi pour le projet qui était déjà lancé ?
Cela a fiabilisé l’opération. Amundi (qui s’était positionné comme investisseur, ndlr) n’avait pas donné suite pour des raisons de stratégie nationale. Apicil avait manifesté très tôt son intérêt. Ils ont pris 60 % des parts de la société d’investissement dédiée et nous avons conservé 40 %. Apicil loue également 20 000 m² dans la tour qui est donc remplie à plus de 80 % aujourd’hui. Après plus d’un an de démolition et de désamiantage, nous allons attaquer à la fin de l’année les fondations, le parking et la place basse devant la gare qui disposera de commerces et d’une vélo-station. La livraison de l’ensemble est prévue pour fin 2023.
Comment cette opération a-t-elle commencé ?
En 2010, la collectivité a annoncé son souhait de refondre la Part-Dieu. Très tôt, nous nous sommes inscrits dans cette volonté et nous avons commencé le remembrement foncier en allant voir les hôtels Athena et Novotel, les immeubles L’Orient et Challenger ainsi que les propriétaires des parkings sous la place. C’est une opération d’aménagement privé que nous avons menée avec l’appui de la SPL Part-Dieu. Vinci Immobilier a pris beaucoup de risques car le foncier a coûté globalement plus de 80 millions d’euros.
À la clinique de Trarieux (Montchat), vous faites face à une association de riverains. Vous avez modifié le projet ?
Oui, à la demande de l’association et en accord avec la collectivité, on a baissé la densité de l’opération en diminuant la surface de plancher de 1 500 m2 environ. Le programme compte désormais 156 logements. Nous rencontrons souvent les riverains car aucune opération immobilière n’est simple maintenant. C’est une démarche habituelle. En plus, c’est mon quartier d’enfance ! Cette opération me tient à coeur.
…vous compensez en augmentant les prix ?
Non, on a voulu optimiser le prix du foncier. Globalement, on conserve le bâtiment ancien, les autres ne dépasseront pas le R+3 maximum. On a des percées visuelles vers le parc Chambovet. Le permis a été déposé cet été, et nous souhaitons commencer les travaux en début d’année prochaine.
À la Croix-Rousse, l’ex-collège Maurice-Scève est occupé par des centaines de migrants. Votre projet est-il bloqué ?
Le jugement de la procédure initiée par la Métropole, propriétaire, est tombé fin septembre et leur donne un an pour quitter les lieux. Mais il faudra absolument que les pouvoirs publics trouvent une solution de relogement. On va déposer le permis d’ici là. Les travaux devraient commencer en 2021. Le programme compte 92 logements dont 30 % de logements sociaux et un équipement socio-éducatif.
Nous aurons trois bâtiments dans un style simple, non ostentatoire reprenant l’architecture traditionnelle de la Croix-Rousse, avec un belvédère sur le Rhône. Pour les logements libres, Vinci Immobilier s’est engagé sur un prix plafonné de 6 500 euros le m2, soit 40 % en dessous du prix du marché. C’est donc une opération qui ne participera pas à la hausse de l’immobilier à la Croix-Rousse.
NOUVEAU LYON EDITION 37
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