L’Institut de Recherche Technologique, LyonBio Tech : la touche finale qui pourrait faire la différence
Dans la grande compétition mondiale en matière d’infectiologie, l’écosystème lyonnais de santé pourrait bénéficier d’un coup de pouce considérable si le dossier d’Institut de Recherche Technologique (IRT), déposé en février dernier, suite à un appel d’offres du Grand Emprunt avait le feu vert gouvernemental. Probable, vu le poids des acteurs impliqués (Danone, Sanofi-Aventis, l’Institut Mérieux et Pasteur Paris), mais il reste toujours une marge d’incertitude. Basé sur le principe du partenariat public/privé il pourrait faire travailler près d’un millier d’intervenants scientifiques et technologiques, générer 40 millions d’euros de revenus par an et créer 3 500 emplois.
Pour cet observateur averti, Cyril Duriez, le directeur de la société de conseils Alcimed, spécialisée entre autres dans les biotechs, aucun doute : « L’IRT va permettre à l’infectiologie lyonnaise d’avoir une visibilité mondiale. »
L’IRT ? un acronyme de plus signifiant « Institut de Recherche Technologique » qui, à côté des idex et autres labex, a tout de même une place à part. Très importante.
Il s’agit d’un des projets issu du Grand Emprunt qui a lancé un appel d’offres national. Le pôle de compétitivité Lyonbiopôle, qui s’est spécialisé dans l’infectiologie a répondu et rendu sa copie le 18 février dernier.
Le ministère tranchera d’ici peu. On saura alors si la candidature lyonnaise est acceptée. Ce qui est très probable, mais tant que le paraphe n’est pas apposé, il y a toujours un petit doute. Il est sûr que le dossier lyonnais intitulé « IRT LyonBio Tech » pèse bon poids : outre le pôle de compétitivité Lyonbiopole, il est appuyé par des poids-lourds : Sanofi-Aventis, l’Institut Mérieux et Danone. Sans oublier l’Institut Pasteur, mais aussi bien d’autres (*).
L’enjeu ? Un investissement estimé à près de 700 millions d’euros sur neuf ans, basé, on l’aura bien compris, vu les parrains, sur le modèle public-privé. Le Grand Emprunt n’abonderait qu’une partie de cette somme, mais elle fournirait l’effet de levier.
Si le dossier lyonnais est accepté, l’IRT prendrait la forme d’une Fondation, managée par une petite équipe de professionnels pointus. Il serait concentré sur un site principal du campus Charles Mérieux à Gerland rassemblant des chercheurs sur une superficie de 30 à 40 000 m2. L’autre site serait situé à Paris chez le second partenaire d’importance : l’Institut Pasteur Paris qui accueillerait 2 000 m2 de labos.
Pour quoi faire ? Alain Mérieux, très impliqué, l’explique : « l’IRT ne constituera qu’un maillon, mais un maillon fort de la chaîne de l’innovation en infectiologie. Il ne fera pas de recherche fondamentale. Il ne mettra pas sur le marché des produits, ce sont les entreprises qui prendront le relais : il a pour but de développer de nombreuses applications. »
D’ici dix ans, tel qu’il est décrit par ses promoteurs, l’IRT, accueillerait un bon millier d’intervenants scientifiques et technologiques, générerait 40 millions d’euros de revenus annuels et créerait…3 500 emplois !
Sa structure reléve d’une certaine complexité : il rassemblerait trois programmes de recherche orientés « produits » : vaccins, kits de diagnostic et microbiote intestinal (la flore que nous possédons tous dans notre estomac, nouvel eldorado de la recherche), mais aussi cinq plate-formes technologiques. Ce qui représenterait au total pas moins de 60 projets de Recherche & Développement à lancer au cours des trois prochaines années, soit encore 165 millions d’euros d’investissements.
Un projet très lourd que Lyon ne peut se permettre de voir filer. Il permettrait au déjà conséquent écosystème d’infectiologie lyonnais de conforter durablement son assise dans une compétition mondialeimpitoyable. Le marché mondial de l’infectiologie pesait l’année dernière 109 milliards d’euros. Et avec les nouvelles maladies émergentes qu’on nous annonce, il n’est pas près de décroître !
(*) Sont associés à l’ « IRT LyonBio Tech» outre Sanofi Aventis, l’Institut Mérieux et Danone research, d’autres grands acteurs industriels dont l’Oréal, Roche, mais aussi le PRES-Université de Lyon, l’Inserm, le CEA, le CNRS, l’Inria, les Hospices civils de Lyon, le Grand Lyon, la région Rhône-Alpes et la région Ile-de-France, ainsi que près de cinquante PME du secteur de la santé.