L’usine Bosch de Vénissieux troque avec succès les pompes à injection pour les panneaux solaires
La nouvelle ligne de fabrication de panneaux solaires signées de la filiale spécialisée de l’équipementier allemand Bosch a été mise en route jeudi 15 mars à Vénissieux. Et ce, au sein même de l’usine qui auparavant produisait des pompes à injection common rail devenues obsolétes. Six-cent mille modules devraient chaque année sortir du site. Pourquoi réussir sur une production qui a failli être fatale à Photowatt à Bourgoin-Jallieu ? Le groupe allemand qui n’est pas coté en Bourse et appartient en fait à une Fondation compte sur la qualité et sur la durée pour s’imposer sur le marché photovoltaïque.
« Le succès de la transformation de Vénissieux est le fruit d’un dialogue social exemplaire. » Guy Maugis, le président de Bosch France est ravi. Il a réussi la mutation que l’on aurait pu croire incertaine dans le cadre actuel de l’industrie photovoltaïque en France et en Europe, de son ancienne ligne de fabrication de pompes diesel common rail en nouvelles lignes de production de modules photovoltaïques cristallins.
La première des deux nouvelles lignes a été inaugurée jeudi 15 mars. Une mutation industrielle qui permet de préserver deux cent-cinquante emplois sur le site historique de Bosch à Vénissieux.
D’ici le mois de juillet 2012, cette unité de fabrication devrait atteindre une production quotidienne de 2 000 modules, soit plus de 600 000 modules par ans, a annoncé Jürgen Pressl, membre du directoire de Bosch Solar Energy, la division solaire du groupe qui a réalisé l’année dernière un chiffre d’affaires de 800 millions d’euros.
Ces 600 000 modules représentent l’équivalent de 150 Mégawatts par an, soit la consommation électrique de 51 000 foyers français.
Ces cellules sont assemblées en panneaux sur des chaînes de production neuves où le contrôle qualité est constant. La seconde ligne de fabrication devrait être mise en route d’ici la fin du semestre.
Ces panneaux sont destinés aux marchés de l’Hexagone, du Bénélux et du bassin méditerranéen. « Grâce au site de Vénissieux, nous sommes plus proches de nos clients français, du Sud de l’Europe et de l’Afrique du Nord, ce qui permet une meilleure prise en compte, plus rapide et plus efficace des exigences de nos clients », se félicite Jürgen Pressl.
Cette nouvelle ligne de fabrication signe une reconversion qui s’est révélée compliquée, mais a fini par aboutir. Après l’arrêt des pompes à injection common rail, l’usine était promise à la fermeture. Puis l’idée de reconvertir l’usine a fait peu à peu son chemin. La qualité et la compétitivité de la main d’œuvre et le fait qu’en 2004, le personnel avait accepté de tailler dans ses RTT pour sauver l’usine, a constitué de solides arguments pris en compte, in fine, par la direction.
Après un an de suspense et de mobilisation, la maison-mère allemande a fini par accepter, à la fin de 2010, de faire évoluer ce site depuis l’origine (en 1938) dédié à l’automobile.
Cette profonde mutation a nécessité huit mois de travaux et des investissements situés entre 40 et 50 milions d’euros. Les salariés de Vénissieux destinés à la reconversion ont dû partir en Allemagne pour suivre une formation au sein de l’usine d’Arsntadt de panneaux photvoltaïques de Bosch, située au centre du pays.
Pourquoi Bosch espère réussir là où Photowatt à Bourgoin-Jallieu, a bien failli échoué, s’il n’avait pas été sauvé par EDF Energies Nouvelles, sous pression présidentielle ?
Il faut sans doute y voir l’illustration du modèle allemand souvent évoqué dans le cadre de cette campagne électorale. Bosch n’est pas cotée en Bourse. La société appartient à une Fondation et a de ce fait une vision de long terme.
« La lutte des prix est exacerbée dans le secteur photovoltaïque. Il faut laisser passer un certain temps et au final, nous pensons gagner grâce à une qualité plus élevée de nos produits », décrit Jürgen Pressl.
Alors que l’usine Bosch installée en Allemagne est spécialisée dans les longues séries, l’usine de Vénissieux se consacrera, elle, aux commandes dites « particulières ». Initialement, près de 250 personnes devaient être affectées à la nouvelle unité. Les effectifs pourraient bien être réévalués et concerner au final près de 350 salariés.
Outre des pompes diesel pour l’industrie automobile autres que les « common rail » qui continuent à être fabriquées sur un site mitoyen à Vénissieux, le groupe Bosch produit des composants hydrauliques pour les engins de chantier. Ces deux activités ainsi que la production de modules photovoltaïques seront placées sous une même coordination. Au total, Bosch emploie 1200 salariés sur le site.
« Notre objectif est de faire partie des leaders du marché du photovoltaïque », lance Jürgen Pressl. L’usine Bosch de Vénissieux a retrouvé un avenir, mais après le moratoire et la chute des prix, il va falloir pour que celui-ci soit assuré, que le marché se stabilise et reparte.
Photo (AFP).Ouvriers de l’usine Bosch de Vénissieux maniant des panneaux solaires.