La Chambre des notaires confirme le net ralentissement de l’immobilier dans le Rhône : le fléchissement devrait s’accentuer
L’image donnée par Sandrine Jacquemin Van-Gorp, membre de la Chambre des notaires du Rhône, est forte.
A Villeurbanne où la mairie a signé de nombreux permis de construire, 400 nouveaux logements neufs sont actuellement à la vente.
Or, selon elle, seuls 15 pour l’instant sont l’objet d’un mandat de vente !
Actuellement sur le marché de l’immobilier à Lyon, dans la Métropole et le Rhône, c’est l’attentisme qui prévaut confirme Séverine Girardon, la présidente de la Chambre des notaires du Rhône.
Outre les explications classiques et réelles des taux d’intérêt qui ont été multiplié par trois en très peu de temps et l’encadrement des prêts immobiliers imposé aux banques, Séverine Girardon, y voit aussi la conséquence d’une accumulation, « à un moment, trop c’est trop ! »
Et d’expliquer : « Il y a eu la conjonction de nombreux paramètres qui ont freiné le marché de l’immobilier : l’encadrement des loyers, l’audit énergétique, couplé à l’inflation, c’est trop : le marché n’est pas assez libre pour bien marcher. Il y a trop de contraintes ! »
Bref, sous ces coups de boutoir, le marché est bel et bien en train de décrocher, il est vrai après une année 2021 record.
Ainsi, le volume des ventes a dégringolé de 8,3 % dans le département du Rhône, avec – 14 % pour les maisons dont le prix avaient il est vrai explosé, suite au Covid. Exemple : dans les Pierres Dorées du Beaujolais : – 13 %.
Pourquoi alors la FFB (Fédération Française du Bâtiment) et les promoteurs immobiliers ont-ils poussé ces derniers jours des cris d’orfraie, annonçant même une nouvelle crise immobilière.
Laquelle au vu des chiffres les plus récents semble se confirmer.
Lyon plus touchée que sa périphérie
Les chiffres constatés du côté de la construction neuve inquiètent effet les professionnels : la baisse des réservations s’établit ainsi à – 43 % dans la Rhône, ce qui constitue un signal fort.
Manifestement on assiste à une purge du marché : la baisse se révèle la plus forte là où les prix avaient le plus grimpé.
« La courbe a tendance à repiquer sur le Rhône et à Lyon, le décrochage se révèle plus important encore que sur la périphérie », constate Sophie Girardon.
Cette tendance se confirme sur les arrondissements dont les prix étaient montés très hauts, comme le 4ème arrondissement (la Croix Rousse) où les prix régressent de 1,8 % à 5 640 euros ou encore le 2ème arrondissement (Presqu’île) qui recule de – 0,7 % à 6 240 euros et qui remporte la palme du m2 le plus cher.
Désormais stabilisés, les prix s’étagent ainsi dans les neuf arrondissements de Lyon entre 4 000 et 6 000 euros le m2.
Les appels des professionnels demandant au gouvernement de réagir, évoquant le début d’une crise immobilière commenceraient-ils à porter leurs fruits ?
Elisabeth Borne a annoncé dans son plan des 100 jours des mesures en faveur de l’immobilier, sans rentrer dans les détails.
Un nouveau Pinel, le prolongement du PTZ (le Prêt à Taux Zéro) ?
La Caisse des Dépôts mise à contribution
Une indication est cependant apparue dans son discours, répondant notamment à la problématique villeurbannaise évoquée ci-dessus , « nous allons mobiliser la Caisse des dépôts pour racheter des logements neufs qui peinent à trouver des acquéreurs et débloquer ainsi les programmes en attente », annonce-t-elle.
Au final, pour les notaires, les vendeurs de biens sont actuellement dans l’attentisme. « Mais il suffirait d’un signal fort pour que ça reparte… »
Alors, simple et net ralentissement du marché ou crise en perspective, alors que les besoins en logements dans le Rhône, comme en France, restent criants ? On le saura très vite…
Photo : Mes Sandrine Jacquemin Van-Gorp et Séverine Girardon de la Chambre des notaires du Rhône.