La plus grande usine de production de systèmes hydrogène en Europe annoncée près de Lyon
L’information est d’importance à l’heure où l’on parle de la ré-industrialisation de notre pays. Qui plus est dans un domaine en phase directe avec le changement climatique et l’énergie décarbonée.
Quelques semaines après l’officialisation de la joint-venture entre les deux grands groupes, Michelin et Faurecia, la société rhônalpine Symbio annonce la pose de la première pierre de son usine française le 10 mars 2020.
Objectif : produire 200 000 piles à combustible StackPack par an en 2030 et servir le marché mondial de la mobilité hydrogène.
Il s’agira de « la plus grande usine de production de systèmes hydrogène en Europe », est-il annoncé.
Où : sans doute dans la région lyonnaise…
Mais où ? Les deux actionnaires de Symbio sont bouche cousue, bien que le site soit d’ores et déjà défini : l’occasion semble-t-il d’effectuer un effet d’annonce. D’autant qu’ils espèrent Emmanuel Macron pour poser cette première pierre.
Il faut savoir que les ambitions de l’entreprise Symbio sont pour le moins fortes : devenir tout bonnement un leader mondial des systèmes hydrogène pour la mobilité. Et qui part le premier a toutes les chances d’emporter la mise…
Tout laisse à penser que cette usine sera située dans la Métropole lyonnaise dans la mesure où cette usine va être édifiée avec « un soutien clef de la Métropole et de la Région. »
Et ce avec l’aide du bras armé de la Métropole en matière d’implantation : l’Aderly (Agence de développement économique de la région de Lyon).
« Au-delà de l’aide financière, leurs équipes ont démontré une réelle expertise en matière d’implantation d’entreprises », se félicite Fabio Ferrari, le président exécutif de Symbio.
Autre satisfecit, celui de David Kimelfeld, président de la Métropole de Lyon : » L’implantation de Symbio sur le territoire de la métropole confirme notre attractivité. Cette entreprise spécialisée dans la fabrication de piles à hydrogène pour véhicules électriques renforce notre stratégie de développement de l’industrie du futur sur notre territoire, une industrie qui associe haute technologie et réduction de l’empreinte carbone, avec à la clé la création d’emplois et le développement des compétences. »
Et ce dernier, de mettre en avant les synergies avec d’autres acteurs lyonnais de l’hydrogène : (pôle de compétitivité AXELERA, IFP EN, TOTAL, AIR LIQUIDE, ENGIE/CNR…) et en lien avec le secteur automobile : JTEKT, SOLVAY et ELKEM « qui sont parmi les leaders mondiaux de la fabrication des composants pour les batteries. »
L’épicentre de l’hydrogène, de Grenoble se déplace vers Lyon
Cette annonce illustre le fait que ça bouge beaucoup en Auvergne-Rhône-Alpes en matière d’hydrogène, avec l’appui de la région et de l’Etat, avec jusqu’à présent, comme épicentre Grenoble. Un épicentre qui pourrait donc bouger.
Objectif affiché par les deux équipementiers, Michelin et Faurecia : détenir le quart d’un marché estimé à 15 milliards d’euros en 2030. Ambitieux…
Pour tenir cet objectif, les deux groupes tricolores ont créé cette société commune autour de Symbio, une start-up grenobloise très en avance dans ce domaine et qui produit déjà à Grenoble des petites piles à combustible équipant notamment 300 Kangoo ZE de Renault.
Michelin qui détenait 47 % de Symbio aux côtés d’Engie (23 %) et de CEA Investissement (9 %) est monté dans un premier temps, à 100 % en février dernier ; avant de partager le capital en deux.
A Symbio ont été apportées les activités les activités piles à combustibles des deux équipementiers, la R&D et leurs savoir-faire industriel et commercial.
Faurecia qui est contrôlé par le groupe PSA a déjà signé un partenariat avec la firme de Sochaux, mais travaille aussi avec Renault pour équiper de piles à combustible, outre des Kangoo ZE, des Master et des Trafic.
Les appels d’offres dans ce domaine commencent à tomber : les deux groupes estiment donc que c’est le bon moment pour donner sérieux un coup de collier.
L’entreprise rebaptisée « Symbio, a Faurecia Michelin, Hydrogen Company » qu’ils détiennent donc désormais à parité, compte pour l’heure près de 200 personnes.
Actuellement près de 8 000 véhicules à hydrogène seulement circulent sur la planète. D’après tous les spécialistes, c’est la technologie, une fois les coûts abaissés, qui constituera la prochaine révolution automobile, après le pur moteur électrique.
Et à cet égard, avec cet accord, la région Auvergne-Rhône-Alpes où sont installés 80 % des acteurs de l’hydrogène en France est bien placée pour conserver son leadership.
Une usine à Bordeaux aussi
Cette méga-usine annoncée va fortement conforter ce leadership à l’heure où Bordeaux, lancé également dans la course à l’hydrogène, annonce aussi la construction, en Gironde, d’une usine de production de piles à combustible de technologie PEM (Proton Exchange Membrane) d’une puissance supérieure à 1 MW, sous la marque HDF Industry.
Une saine émulation…