La région Auvergne-Rhône-Alpes lance le 2ème étage de sa fusée hydrogène avec le projet Imaghyne Vallée : un cap décisif à 200 millions d’euros…
Désireuse de profiter de son avance en matière d’hydrogène dans laquelle elle est engagée depuis 2017, la région Auvergne-Rhône-Alpes donne un coup d’accélérateur en s’appuyant sur l’Europe : la région a été la seule à remporter l’appel d’offres Imaghyne de Bruxelles qui ouvre de belles perspectives et devrait donner un avantage important à la région face à la dure concurrence en la matière entre régions…
Premier étage de la fusée : il y a sept ans, en 2017 la région Auvergne-Rhône-Alpes déployait gaillardement les premiers éléments de son projet Zero Emission Valley (ZEV) : un investissement de 70 millions d’euros, dont 15 millions issus de la région
La Région a dans le même temps proposé son aide pour l’acquisition de 400 véhicules légers pour les entreprises, les collectivités et les associations souhaitant acquérir des véhicules utilitaires légers (fourgons) et des berlines professionnelles.
Plus récemment, à destination de l’industrie, un pipeline hydrogène était annoncé dans la Vallée de la Chimie, au sud de la métropole.
Développé en lien avec la CNR, ce pipeline reliera le barrage de Pierre-Bénite, au sud de Lyon, qui servira d’électrolyseur d’hydrogène, au futur site de l’entreprise Symbio à Saint-Fons, spécialisée dans la production de piles à hydrogène, soit près de 40 km..
La région a ensuite pris une participation dans le fournisseur d’énergie Hympulsion, situé à Lyon. Un programme à 50 millions d’euros, avec un objectif ambitieux produire 120 000 tonnes d’hydrogène vert par an en 2030, délivrées par un réseau de 130 stations, ce qui représenterait 13% de la capacité française.
Enfin, en 2022 était mis en place un « comité régional de l’hydrogène », permettant de réunir tous les acteurs de la région baignant dans cet écosystème hydrogène qui ne cessait de se développer. C’est ce comité qui a préconisé à la région de répondre à l’appel d’offres « Imaghyne » de Bruxelles.
Et bingo ! c’est la seule région Auvergne-Rhône-Alpes qui a été éligible: un projet représentant un investissement global de près de 200 millions d’euros en prenant en compte tous les acteurs, dont 20 millions émanant de Bruxelles.
Second étage : la Vallée de l’hydrogène
Pour Thierry Kovacs, vice-président chargé de l’environnement et de l’écologie positive, ce nouveau projet « permet à la région de passer un important cap supplémentaire ».
D’où le lancement, lundi 12 février à l’hôtel de Région, du second étage de cette fusée régionale d’énergie décarbonée, avec ce projet Imaghyne de Vallée de l’hydrogène.
Avec ce nouveau projet, à l’horizon 2029, les objectifs sont de produire 8 000 tonnes d’hydrogène bas carbone par an (dont la moitié sera 100% renouvelable), mais aussi de stocker plus de 60 tonnes d’hydrogène dans un premier temps dans un sous-sol salin dans l’Ain. Un test en fait préfigurant une ambition beaucoup plus importante : le stockage cette fois dans trois autres sous-sols salins de la région, de 8 000 tonnes d’hydrogène chacun !
En sus, Imaghyne prévoit de financer non pas 250 véhicules utilitaires légers, mais lourds. On passe donc maintenant des voitures à hydrogène aux poids-lourds. Un changement d’échelle, donc.
Deux-cents millions d’euros d’investissements
Ce projet qui se veut de dimension internationale mobilise plus de 40 partenaires dont 34 directs et près de 20 observateurs provenant de pays comme l’Italie, l’Espagne, la Suisse, le Portugal et l’Allemagne.
Un exemple décrit par Thierry Kovacs : « Vinci airport, gestionnaire de l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry entend, grâce aux panneaux photovoltaïques qui vont couvrir les parkings produire in situ de l’hydrogène grâce à un électrolyseur sur le site qui alimentera d’abord les véhicules utilisés sur l’aéroport et pourquoi pas à terme, les futurs Airbus fonctionnant à l’hydrogène. Le tout, avec une duplication en direction des aéroports portugais par exemple ».
De quoi maintenir l’avance d’Auvergne Rhône-Alpes dans ce nouveau Graal qu’est l’hydrogène ?
Les régions n’avancent pas toutes à la même vitesse et la concurrence entre elles, est rude pour accueillir les entreprises spécialisées et remporter les appels à projets lancés par l’Etat ou l’Europe.
Toutes les régions usent et abusent de superlatifs pour démontrer qu’elles sont « pionnières », « premières » ou, plus simplement, très investies sur le sujet. Et Auvergne-Rhône-Alpes via son président Laurent Wauquiez n’y échappe pas.
Mais pour Thierry Kovacs, cela ne fait guère de doute, grâce à cette nouvelle étape, « la Région est en train d’être l’une des plus avancées en Europe en matière d’hydrogène »
En Auvergne-Rhône-Alpes, la stratégie a été d’abord de miser surtout sur les usages, en l’occurrence, la mobilité, en développant des stations de distribution d’hydrogène vert pour des véhicules lourds ou des flottes de véhicules principalement. Puis désormais, c’est l’industrie qui rentre dans le dispositif.
Reste désormais à maintenir le rythme…