La reprise en Auvergne-Rhône-Alpes portée par les créations d’entreprises
On annonce 6,25 % de croissance cette année et peut-être autant en 2022 si les Français débloquent l’énorme épargne qu’ils ont accumulée pendant les confinements. Avec un tel taux, digne des Trente Glorieuses, l’économie ne peut que tourner à plein régime. comme l’illustre la dernière enquête de l’Insee. C’est le cas presque partout, mais par rapport à l’Hexagone, la région est particulièrement portée par les créations d’entreprises qui progressent de 4,3 %, alors qu’elles régressent de 1,3 % en France. Côté bémol, la construction neuve a pris du retard dans la Région.
En cette séance de rattrapage après plusieurs mois de croissance économique calés sur “pause” pendant la pandémie, la plupart des clignotants sont au vert, voire même au vert profond.
En témoigne le volume des transactions par carte bancaire “qui est quasiment supérieur aux mêmes périodes de 2019, à partir de fin mai, puis durant toute la saison estivale”, indique l’Insee dans sa dernière lettre de conjoncture, datée d’octobre 2021 (*).
“En deux ans, l’emploi salarié a fortement augmenté dans la région et les effets liés à la pandémie s’estompent dans la plupart des secteurs”, constate ainsi l’Insee régionale.
29 900 entreprises créées
Cette très vive reprise s’appuye notamment sur les créations d’entreprises. Lors du 2ème trimestre 2021, 29 900 entreprises ont été créées dans la région ; un niveau à peine supérieur du record atteint fin 2020.
Ainsi, les créations d’entreprise progressent de 4,3 %. A mettre en parallèle avec le coup de mou constaté sur l’ensemble de l’Hexagone dans ce domaine : -1,3 %.
C’est le secteur des services qui se taille la part du lion avec 57 % des créations d’entreprise, suivi par le commerce (28 %). La construction et l’industrie représentent chacun près de 10 %.
Chiffre encore plus spectaculaire : sur les douze derniers mois, cette fois, 119 200 créations d’entreprises ont eu lieu dans la région , ce qui représente une hausse de… 24 % par rapport au cumul annuel sans précédent qui comprend, il est vrai, le (grand) creux du 1er confinement.
La construction neuve à la peine
Un bémol cependant dans ces statistiques : la construction neuve remonte, certes, la pente dans la région, mais moins rapidement qu’en France.
Ainsi, entre juillet 2020 et juin 2021, 52 200 chantiers sont sortis de terre dans la région, soit + 5,8 %.
Auvergne-Rhône-Alpes reste cependant 3 points en dessous de l’évolution constatée dans l’Hexagone et certaines autres régions où la hausse de la construction neuve dépasse les 10 % !
Industrie : difficulté à trouver un niveau d’emploi antérieur
Autre bémol, mais cependant moins appuyé : l’industrie.
D’abord, celle-ci “peine à retrouver sa situation d’avant crise” indique l’Insee.
Cela se traduit par “un emploi salarié qui a des difficultés à retrouver son niveau d’emploi antérieur.”
Ainsi, en deux ans, le nombre de salariés de ce secteur recule de 0,4 %, un repli tout-de-même moins marqué que dans l’ensemble de l’Hexagone (-1,1 %). Plutôt bon signe cependant lorsque l’on sait qu’Auvergne-Rhône-Alpes est la première région industrielle de France.
Il est vrai que la situation est très hétérogène selon les secteurs : alors que l’agroalimentaire (+ 4,7 %) et l’énergie (+2,4 %) progressent fort ; le secteur de la fabrication de matériel de transport dont l’automobile, reste dans une situation difficile : – 3,3 %.
Cette situation franchement positive cependant trouve sa traduction dans le taux de chômage qui, traditionnellement moindre que dans l’ensemble de l’Hexagone (8 %), baisse encore s’affichant à 7,1 % dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Un taux de croissance de 6 % en 2022 ?
Si ce rythme perdure et si aucun frein majeur ne vient contrecarrer une croissance que l’on n’avait plus rencontrée depuis longtemps, on peut imaginer à la fin 2022 que le plein emploi, estimé entre 4,5 et 5 %, soit atteint dans la région. Mais il faudra pour ce faire réduire les goulots d’étranglement constatés : notamment l’inadéquation entre les emplois recherchés et les offres, mais aussi la pression sur les matières premières, à commencer par le baril, mais aussi les semi-conducteurs.
Il faudrait aussi que les Français débloquent une partie de l’énorme épargne (147 milliards d’euros) qu’ils ont accumulée pendant la pandémie, ce qui permettrait de réaliser également selon l’OFCE (Observatoire Français des Conjonctures Economiques), une année 2022 record avec un taux de croissance qui ne serait plus de 4 % comme annoncé de prime abord, mais de 6 %.
Pour l’heure, on peut en tout cas regarder l’avenir avec des lunettes roses…
(*) Insee Conjoncture Auvergne-Rhône-Alpes, n° 29. octobre 2021.