La stratégie des Ecologistes pour baisser le prix des logements dans la Métropole lyonnaise
Comment la Métropole a quelque peu tordu le bras au groupe immobilier Vinci qui était désireux de construire un immeuble haut-de-gamme en lieu et place de l’ancien Collège Maurice Scève au cœur de la Croix-Rousse. En définitive, ce sera un immeuble HLM. Une politique qui devrait se dupliquer dans d’autres quartiers, tout au long du mandat…
Les sociétés du CAC 40 sont à la peine à Lyon.
Après Véolia qui a été évincée de la gestion de l’eau qu’elle tenait depuis des lustres pour être remplacée par une régie publique, c’est au tour de Vinci, d’être à la peine.
Le groupe immobilier avait prévu de construire un immeuble haut-de-gamme en lieu et place de l’ancien collège Maurice Scève situé au cœur d’un quartier lyonnais particulièrement prisé : la Croix Rousse.
La Métropole ne lui a pas laissé le choix. Vinci n’aura pas le permis de construire. Et au contraire, c’est un projet que le nouvel exécutif veut mettre en œuvre et emblématique de la nouvelle politique du “logement abordable” qu’il entend développer à Lyon.
La première salve a été tirée : elle concerne les loyers qui, on le sait, vont être encadrés.
Restait à l’exécutif de se positionner sur la construction neuve.
L’objectif affiché par Bruno Bernard, président de la Métropole est d’abord de développer les logements sociaux dans la Métropole : “Nous voulons produire 6 000 logements sociaux et abordables par an d’ici 2026”, explique-t-il.
Pour l’instant, on en est loin : 3 137 logements sociaux l’année dernière. Il est vrai aussi que le Covid est passé par là.
Casser la courbe
Pour l’exécutif, il s’agit de casser la courbe. A fin décembre 2020, les prix s’élevaient à 5 638 euros le m2 dans la Ville de lyon et à 4 574 dans la Métropole (*). Il s’agit pour la coalition Ecologistes/Gauche de faire plonger les prix qui ont encore augmenté de 3,9 % dans la Métropole, l’année dernière et de 18 % en quatre ans (+23 % à Lyon).
Pour mener à bien cette nouvelle politique, la Métropole a décidé de développer des réserves foncières et au global, de mettre au pot pas moins de 518 millions d’euros dans l’habitat pour ce faire, sur l’ensemble de la durée du mandat.
Elle s’est dotée d’un outil, “La Foncière solidaire du Grand Lyon” constituée d’une dizaine de partenaires dont la Métropole, les villes de Lyon et de Villeurbanne, mais aussi Habitat et Humanisme du Père Devert ou encore ABC HLM. C’est Renaud Payre, l’adjoint à l’urbanisme de Bruno Bernard qui préside la nouvelle entité. Elle aura pour tâche de construire 1 000 logements sociaux chaque année.
C’est elle qui achétera les terrains sur lesquels les immeubles HLM seront construits, “ce qui permettra de dissocier les logements vendus aux ménages et le foncier loué”. Et ce, pour une redevance modeste : 2 euros par mois et par mètre carré habitable.
C’est ce dispositif qui devrait permettre de diminuer d’environ…50 % le coût d’achat des logements.
3 400 euros le m2 à la Croix-Rousse
Pour commencer, cette Foncière Solidaire du Grand Lyon va construire sur le site du collège Maurice Scève de la Croix-Rousse qui appartient à la Métropole, des logements HLM, “avec des prix de vente des logements fixés à 3 400 euros le mètre carré”, “une offre qui correspondra à un niveau de 50 % inférieur à celui du marché”, précise la Métropole.
Un choix qui ne doit rien au hasard : la Croix-Rousse est l’un des arrondissements les plus chers de Lyon avec des prix au m2 montant jusqu’à 7 500 euros, voire plus même pour certains logements.
L’autre volet de la politique immobilière devrait elle aussi faire beaucoup parler d’elle : il s’agit “de limiter les meublés de tourisme qui ont pour conséquence de soustraire des logements au marché de l’habitat”. Et ils sont fort nombreux à Lyon, ville touristique.
Cette nouvelle politique y compris la lutte contre l’habitat indigne et l’encadrement des loyers sera contrôlée “par une équipe d’agents métropolitains assermentés”…
La nouvelle politique immobilière de la Métropole va-t-elle finir par infléchir les prix à la baisse ou à tout le moins les stabiliser ? Les professionnels en doutent. A suivre…
(*) Chiffres du CECIM (Centre Etudes de la Conjoncture Immobilière)
Photo : L’ancien collège Maurice Scève à la Croix-Rousse, emblématique de la nouvelle politique immobilière de la Métropole.