« La transition écologique, c’est maintenant » aux Jéco : un financement qui monte fortement en puissance, mais encore insuffisant
L’actualité ne pouvait mieux tomber. Le jour où Donald Trump notifiait son retrait de l’Accord de Paris sur le climat (avec un délai effectif d’un an encore),le prix Nobel Joseph Stiglitz, l’un des plus célèbre économistes américains était installé sur la scène de la Bourse du Travail à Lyon pour disserter sur la lutte contre elle changement climatique sur le thème : « La transition, c’est maintenant ».
Vraiment maintenant à une période où la notion de « Grean New Deal » est reprise des deux côtés de l’Atlantique ? Pas si sûr après avoir écouté les quatre intervenants qui ont ouvert ces Journées de l’économie de Lyon (Jéco) au succès grandissant (25 000 personnes attendues !) : on se rend compte à les écouter que l’on est toujours au pied du mur.
Première certitude mise en avant par la vice-présidente du Haut Conseil pour le Climat français, Katheline Schubert, « face à la cécité des politiques, on a perdu…30 ans. »
Aucun doute aussi, selon François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France, « jamais la mobilisation n’a été aussi importante dans tous les grands cénacles économiques, du FMI à la BCE et dans les grandes entreprises et banques. Et ce depuis l’accord de Paris, en 2015, qui a été véritablement fondateur. »
« Nous perdrons dix points de PIB »
Pour le Gouverneur de la Banque de France, « on sait que si on ne fait rien, plus perdrons jusqu’au 10 poins de PIB ! »
Et ce dernier de donner un exemple récent : le ralentissement économique allemand en 2018 a été l’une des conséquences du bas niveau des eaux du Rhin qui a provoqué des problèmes d’approvisionnement et de transport sur toute la chaîne, pour la chimie, l’industrie de l’automobile, etc.
Pour Joseph Stiglitz qui évoqua à plusieurs reprises le « Green New Deal » nécessaire, similaire au « New Deal » de Roosevelt après la crise de 1929 qui a relancé économie américaine : « Je n’ai aucun doute : si l’on arrive à mobiliser à la fois les investissements publics et privés, on peut stimuler les créations d’emplois. »
D’autant que, tous les intervenant le soulignèrent, face à cette urgence climatique et au ralentissement de l’économie mondiale, la fenêtre de tir est excellente : jamais les taux d’intérêt n’ont été aussi bas.
Un besoin de 800 milliards de dollars par an pour la transition
Le gouverneur de la Banque de France fait les comptes.
On estime « qu’au niveau mondial les besoins de la transition pour rester à une hausse des températures en 2100 de 1,5 degré, sont de 800 milliards de dollars par an. »
Et d’ajouter : « C’est vrai que les « green bonds » (1) ont connu une forte expansion ces dernières années et représentent désormais près de 250 milliards de dollars. »
Encore largement insuffisant donc
Pour la seule France, nous sommes en retard face aux objectifs ambitieux de la « Stratégie Bas Carbone » que la France s’est elle-même fixée avec une neutralité carbone en 2050.
Il va donc bien falloir que la taxe carbone, « impopulaire, mais indispensable revienne sur le devant de la scène… »
Nous voilà prévenus…
Photo- La séance plénière d’ouverture a rassemblé Alain Grandjean, le président de la Fondation Nicolas Hulot ; Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie ; Katheline Schubert, professeur économie à Paris 1 Sorbonne et François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France et membre du conseil de la BCE.
(1) Green bonds : littéralement obligations vertes, parfois appelées obligations environnementales. Il s’agit d’un emprunt obligataire (non bancaire) émis sur les marchés financiers, par une entreprise ou une entité publique (collectivité, agence internationale, etc.) pour financer des projets contribuant à la transition écologique.