La Turquie, le pays « star » cette année du salon Classe Export
Cela faisait dix ans que Marc Hoffmeister, directeur du salon Classe Export qui vient de se terminer à Lyon-Eurexpo essayait de faire de la Turquie, l’invitée d’honneur. C’est fait. L’édition 2012 de ce salon a, pour la première fois cette année, permis de mettre en évidence le potentiel de ce pays de 72 millions d’habitants à la croissance TGV. De surcroît, avec la présence, depuis un an à Lyon, d’une Chambre de commerce franco-turque et d’un club d’affaires, un axe fort est en train de voir le jour.
La France devrait cette année encore afficher près de 70 milliards d’euros de déficit de son commerce extérieur. Sa balance commerciale est déficitaire avec la plupart des pays, sauf quelques-uns dont la Turquie, : 800 millions d’euros d’excédent avec cette dernière en 2011.
Rien d’étonnant donc si Nicole Bricq, ministre du commerce extérieur vient de placer ce pays, à cheval sur l’Europe et l’Asie, parmi les 47 destinations dites prioritaires. Et à entendre tous les acteurs, français et turcs du commerce entre les deux pays, présents cette année en nombre sur le salon Classe export, on comprend mieux les raisons de cet engouement récent en faveur du business avec ce pays. Le potentiel qu’il recèle est très important.
8 % de croissance l’année dernière, 4 %, cette année
Si l’Europe recherche désespérément la croissance, sachez-le : elle existe à quatre heures d’avion seulement de Lyon. L’année dernière, la Turquie qui connaît depuis dix ans ses Trente Glorieuses, a bénéficié d’une croissance de 8 %. Cette année 2012, comme pour beaucoup de pays est celle du ralentissement : 4 %…seulement, un taux que l’on aimerait bien connaître en France.
Le pays est en plein développement. Parmi les secteurs les plus porteurs : l’automobile, le luxe, l’agro-alimentaire, le matériel médical et hospitalier, le ferroviaire, les transports urbains et l’immobilier : le pays est couvert de grues.
« La seule difficulté, c’est de convaincre les entreprises françaises de venir en Turquie », s’est exclamé un des acteurs du commerce franco-turc lors d’un débat organisé autour de ce pays lors du salon Classe Export.
Et pourtant, ce pays aux 72 millions d’habitants (un million de plus chaque année) n’a rien à envier aux pays de la Communauté européenne. Ce n’est plus un pays émergent. Il a émergé ! A titre de comparaison, sa dette ne représente que 39 % de son Produit Intérieur Brut et son déficit, 1,7 % du même PIB
Dès 1923, au pouvoir, Kémal Ataturk s’est empressé d’abandonner la justice ottomane pour adopter le Code Civil…suisse qui s’adapte dans ce pays, jurisprudence comprise !
Le code du commerce a en outre été refondu et modernisé en juillet dernier. « Le droit commercial est encore plus en avance que le droit commercial français », explique un avocat turc, Pélin Akyuzalp. Une Union Douanière a été instaurée en 1996, entre l’Union Européenne et la Turquie.
Les entreprises sont choyées
Le gouvernement turc recherchant les investissements étrangers (15 milliards d’euros d’investissements, l’année dernière), les entreprises sont choyées , avec un taux peu élevé d’impôt sur les bénéfices
Il ne faut toutefois pas être angélique. Il existe bien sûr quelques revers à cette médaille bien brillante : la contrefaçon est très présente et lorsque l’on est une PME mieux vaut venir bien armée en la matière. Comme dans la plupart des pays, le protectionnisme est présent : les procédures sont volontairement plus compliquées pour exporter de la France vers la Turquie que pour importer de Turquie vers la France. Il faut également se faire conseiller par un expert-comptable bien au fait des règles locales : il n’existe pas de comptabilité analytique dans les entreprises turques.
Hormis ces quelques bémols, le pays tend les bras aux PME françaises. C’est ce qu’a compris Sedat Karta, un chef d’entreprise lyonnais d’origine turque qui a été l’une des chevilles ouvrières d’un axe rhônalpo-turc créé il y a un peu plus d’un an, via une Chambre de commerce franco turc (300 entreprises adhérentes) et un club d’affaires (50 membres).
Depuis sa naissance, cette chambre de Commerce franco-turque de Lyon a fait venir de grands chefs cuisiniers turcs au Lyon Vert, à Charbonnières, lors d’une soirée rassemblant des chefs d’entreprises et consacrées au business.
L’opération inverse s’est produite en octobre dernier à Istanbul avec une délégation des Toques Blanches lyonnaises et de chefs d’entreprise qui ont noué des liens avec leurs homologues turcs de la Chambre de Commerce de la Ville qui rassemble pas moins de 55 000 entreprises.
Une nouvelle délégation rhônalpine de chefs d’entreprises se rendra cette année en juin à Futuralia, un grand salon d’Istanbul. Deux autres missions spécialisées dans la plasturgie et l’habillement sont en préparation dans ce cadre avec le réseau des CCI de Rhône-Alpes.
Rhône-Alpes : 13 % des échanges avec la Turquie
D’ores et déjà la région Rhône-Alpes pèse 13 % des échanges franco-turc (6,6 milliards d’exportations de la France vers la Turquie contre 5,8 milliards d’importations, en 2011). Tout est désormais en place pour accroître encore ce pourcentage. La France est le troisième partenaire de la Turquie, derrière l’Italie et l’Allemagne qui fait bien sûr largement la course en tête. La France pourrait néanmoins passer devant l’Italie au cours des années à venir et devenir le second partenaire de ce pays que toute PME exportatrice doit désormais avoir en ligne de mire.
Photo (DL)–Sedat Kartal, président de la Chambre de commerce franco-turque de Lyon et Béril A.Erman, responsable du bureau turc chez PWC (PriceWaterhouseCoopers) lors d’un débat à Classe Export sur le thème : « La Turquie peut-elle devenir la locomotive de l’Europe ? »