Lafuma envisage de se délester de ses bottes
Le groupe d’Anneyron (Drôme) spécialisé dans l’outdoor est entré en négociation exclusive pour céder une de ses marques phares, les bottes « Le Chameau » qui pourraient bientôt entrer dans le giron du fonds britannique d’investissement Marwyn Management Partners. Le Chameau emploie 289 salariés, essentiellement dans l’Orne et au Maroc. Cette cession écarterait le scénario de vente de l’ensemble du groupe au groupe Coréen E.Land, évoquée il y a peu.
La société Lafuma dirigée par Philippe Joffard va-t-elle retirer définitivement ses bottes ? Probablement. La société drômoise dont le siège social est basé à Anneyron est entré en « négociation exclusive » avec la société britannique Marwyn Management Partners pour lui céder Le Chameau, spécialiste des vêtements et chaussures haut de gamme pour les loisirs de la nature dans les domaines de la chasse, la pêche et l’équitation. Lafuma avait acquis cette société en 1995
« La réalisation de l’opération envisagée pourrait avoir lieu dans les prochaines semaines » après la consultation des instances représentatives du personnel, indique la direction de l’entreprise.
Un choix stratégique
Pourquoi cette cession alors que Lafuma a dégagé l’année dernière un résultat positif ? La raison est stratégique : « ce repositionnement permettra de donner plus de moyens à chaque marque en privilégiant principalement quatre domaines : la R&D, le marketing, le e-commerce, et l’international », poursuit la direction du groupe.
Philippe Joffard, le président de Lafuma précise : « Dans un marché porteur et extrêmement concurrentiel, nous avons choisi de renforcer plus encore nos synergies pour continuer à innover afin de progresser en Europe, et nous développer en Asie et notamment en Chine ».
Au premier semestre de l’exercice 2011-2012, La filiale Le Chameau a connu une très légère croissance de 1,1 % de ses ventes, tandis que celle du groupe dans son ensemble progressait de 8 %.
Le Chameau, qui compte près de cent salariés en France (dans le département de l’Orne) et 188 au Maroc (Casablanca), a généré un chiffre d’affaires de 24 millions d’euros au 30 septembre 2011.
Avec ce projet qui pourrait intervenir rapidement, Lafuma quitterait donc l’outdoor nature pour se recentrer sur un marché marqué par un développement plus important et accentuant la lisibilité de l’offre : l’« outdoor sport ».
Si la vente aboutit, le groupe ne serait plus organisé qu’autour de trois pôles : la rando trail avec la marque Lafuma, la montagne avec Millet et Eider et enfin, le surf snow avec Oxbow.
Cette cession éventuelle écarterait le projet de rachat par E.Land
Ce projet de cession, s’il se confirme, écarterait le scénario évoqué encore récemment, celui d’un rachat de l’ensemble du groupe drômois par le sud-coréen E-Land.
Lafuma avait confirmé, mi-septembre, des informations circulant dans la presse sur la tenue de discussions avec la société asiatique, provoquant par ailleurs une envolée de 36 % du cours de Bourse du groupe le jour-même et de 55 % sur la semaine.
Le prix de cession évoqué alors par La Lettre de l’Expansion était de 35 euros par titre Lafuma, valorisant alors la société à 122 millions d’euros.
Le spécialiste des vêtements et articles de sport avait qualifié ces discussions de «préliminaires, sans certitude à ce stade qu’elles aboutissent ». Non coté en Bourse, E-Land est une forme de conglomérat qui opère dans la distribution d’articles de mode et de sports, mais aussi dans les centres commerciaux, la restauration, l’hôtellerie et la construction.
Toutes ces discussions ont au moins pour effet de propulser le cours de l’action Lafuma vers les sommets. Il a progressé de près de 75 %, à 25 euros depuis le 1er janvier 2012. Un cours situé nettement au-dessus des attentes des analystes qui tablent sur un rebond du groupe…
Illustration (source : Le Chameau)