Laurent Duc (Umih) : “ Les mesures prises par le gouvernement sont incompréhensibles ! “ [Interview]
A l’instar de ses collègues marseillais, Laurent Duc, hôtelier à Lyon et président de l’Umih (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) la principale organisation patronale française du secteur de l’hôtellerie-restauration, ne décolère pas suite aux annonces faites par Olivier Véran, mercredi.
Rappelons que celles-ci imposent la fermeture des bars à 22 heures dans la Métropole lyonnaise. Interview.
Que pensez-vous de l’annonce faites par Olivier Véran dans la Métropole lyonnaise classée en zone d’alerte renforcée, avec fermeture des bars à 22 heures ?
Laurent Duc– Elle est terrible et c’est à rien n’y comprendre, vu tous les efforts que nous avions engagés.
En lien avec la préfecture du Rhône, nous avions en effet mené une importante concertation avec les bars, avec distribution d’affiches et engagement des professionnels du strict respect des mesures sanitaires. Nous avions même effectué le tour des professionnels avec le préfet, en commençant par les Brotteaux.
Tout se passait fort bien. Hormis quelques très rares gérants (*), la profession respectait les mesures. Et cette annonce est alors tombée, enjoignant les bars à fermer à partir de 22 heures à partir du lundi 28 septembre, 0 heure. C’est même incompréhensible.
Pourquoi incompréhensible ?
Parce que le virus circulerait presque moins qu’ailleurs dans nos établissements : seulement trois restaurateurs salariés sur 2 500 et un seul serveur ont été touchés par la Covid-19. C’est tout !
Il y a plus de risques à faire des courses dans un supermarché qui draine beaucoup plus de monde. Ils restent ouverts, eux…
Enfin il n’y a eu aucune concertation !
L’accompagnement promis par l’Etat vous semble-t-il suffisant ?
Il y a effectivement un accompagnement par l’Etat qui prend intégralement en compte le chômage partiel, pour les salaiés, certes, mais pas pour les patrons. Qui va les payer..?
Quelles vont-être selon vous les conséquences ?
Moi, je crains qu’entre 30 % et 50 % des établissements finissent par fermer. La situation est d’autant plus difficile que la jauge des événements vient également de passer de 5 000 à 1 000 personnes et que la très grande majorité des salons et congrès ont été soit annulés, soit reportés. C’est un coup d’épée supplémentaire sur la tête pour les professionnels !
Et dans l’hôtellerie, quelle est la situation ?
Guère plus enviable, les taux de remplissage sont en moyenne en dessous de 50 % dans la Métropole lyonnaise ; certains établissements sont même tombés à 30 % en plein centre-ville. Or, il faut savoir qu’un hôtel ne commence qu’à être rentable, à partir d’un taux de remplissage de 60 %…
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(*) Trois procédures engagées contre des restaurants à Lyon : Mardi la veille de l’annonce des mesures prises le lendemain mercredi, lors du discours d’Olivier Véran, ministre de la Santé, trente établissements avaient été contrôlés à Lyon et trois procédures ont été engagées. Pour rappel, les bars et restaurants doivent respecter la distanciation physique, le port du masque lors des déplacements, 1 mètre entre chaque table, 10 personnes maximums par table, le service assis uniquement et pas au comptoir et l’interdiction de danser et de consommer debout