Laurent Fiard (Visiativ), nouveau président du Cluster Edit veut « agiter » la filière logicielle rhônapine
Toutes proportions gardées, la filière logicielle de Rhône-Alpes, rassemblée au sein du Cluster Edit, est en train de s’organiser façon… Silicon Valley. Son nouveau président veut accentuer son développement en écosystème lui permettant de pallier ses deux difficultés majeures : la difficulté à recruter des compétences, ainsi que le développement et le financement de ses start-up…
» Mon ambition ? Agiter l’écosystème rhônalpin. Il faut que nous soyons accompagnés par des labos, que nous puissions travailler avec des sociétés de capital-dévelopement et de capital-risque, que nous donnions naissance à de nombreuses start-up. «
Telle est la feuille de route que s’est assigné Laurent Fiard, le nouveau président du Cluster Edit, un chef d’entreprise de 47 ans et Pdg d’une belle PME basée à Charbonnières dans le Rhône : Visiativ.
Un choix de ses pairs qui ne doit rien au hasard. Laurent Fiard est emblématique d’un secteur qui ne cesse de gagner des parts de marché et d’embaucher. Depuis cinq ans, sa société qui compte 320 salariés pour un chiffre d’affaires de 41 millions d’euros croît au rythme de 15 % l’an. « Je veux devenir un acteur significatif », lance-t-il. D’où l’objectif qu’il se fixe d’arriver à 100 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici cinq ans.
Son métier : l’ intégration d’outils de CAO (Conception Assistée par Ordinateur), permettant de concevoir un produit en 3 D et de suivre son cycle de vie ; et l’édition de logiciels collaboratifs.
Ce secteur de l’édition de logiciels qui pèse en Rhône-Alpes un milliard d’euros de chiffre d’affaires ne connaît pas la crise. Les dix plus grandes sociétés rhônalpines ont vu en cinq ans, leurs effectifs croître de 20 % et leur chiffre d’affaires de 25 %.
Créé en octobre 2008, le Cluster Edit fédére pour l’heure près du tiers du millier d’entreprises recensées en Rhône-Alpes dans cette filière, soit très précisément 370 membres. Il ambitionne d’en rassembler d’ici 2015, près de la moitié.
Depuis la création du Cluster, la filière s’est transformée un véritable écosystème que le nouveau président veut encore plus « agiter ».
Car derrière son dynamisme apparent et le fait qu’au niveau des PME du logiciel, la délocalisation apparaît difficile, voire impossible, la filière est confrontée à deux problèmes majeurs.
Le premier concerne les difficultés pour ces entreprises en croissance à trouver les profils de compétences dont elles ont besoin. L’informatique est pour une part un métier sous tension.
Les Ecoles, parmi lesquelles l’Insa de Lyon ou l’Ensimag à Grenoble ne forment pas assez d’ingénieurs. La raison tient pour une part à la faible appétence des jeunes pour les filières scientifiques. Laquelle n’est pas contebalancée par une féminisation de la profession : la filière reste désespérément masculine !
Pire, lorsqu’il sort bardé de son diplôme d’ingénieur en informatique, l’étudiant préfére répondre aux sirènes de grands groupes médiatisés, tels Google ou Microsoft, par exemple, plutôt que de choisir des PME sans visibilité : si la filière compte une belle poignée d’ETI en Rhône-Alpes (Cegid, Arkoon, par exemple), elle est majoritairement composée de TPE et de PME.
« Pour répondre, en partie, à ce problème, nous allons à la fois créer une plate-forme d’animation Ressources Humaines, ainsi qu’un Observatoire des compétences en Rhône-Alpes » , décrit Thierry Alvergnat, un ancien président qui change aussi d’affectation en devenant le directeur général du Cluster.
Autre difficulté rencontrée par la filière : générer et développer des jeunes pousses. D’où cette fois la création d’une pépinière uniquement dédiée aux start-up du logiciel : « Rives Numériques » implantée à Lyon-Vaise. Ayant ouvert ses portes depuis quelques jours, elle se destine à accueillir près d’une vingtaine de start-up en rythme de croisière, ainsi qu’un espace de co-working. Elle aura aussi pour rôle de mettre en contact ces start-up avec des investisseurs.
« Pour aménager cette pépinière, nous avons fait appel à Steel Case, le fournisseur de bureaux high tech de la Silicon Valley. Cette société est en train de mettre en place une méthode intitulée ARC qui a pour but de faire collaborer les gens ensemble. Il y aura beaucoup d’animations », se félicite Thierry Alvergnat. Bref, la filière veut faire jouer à son échelle, les mêmes ressorts qui ont fondé la Silicon valley. Au programme figurent même des « soirées bières »…
Photo (DL)–Laurent Fiard, Pdg de Visiativ (Charbonnières), 320 salariés et 41 millions d’euros de chiffre d’affaires.