Le Canceropôle lyonnais soigne son dispositif d’accompagnement des start-up
Vaccin thérapeutique contre le cancer, nouvelles molécules pour les chimiothérapies, etc. : la lutte contre le cancer est faite de nombreuses avancées petites ou grandes. Dans ce cadre, le Canceropôle de Lyon, tête de réseau en fait de tous les acteurs de la lutte contre le cancer, accompagne un nombre grandissant de start-up. Pour maximiser ses actions, il lance un nouveau dispositif -« OncoStarter »-qui permet d’accompagner des projets thérapeutiques qui sinon, continueraient de dormir sur les étagères des entreprises ou des laboratoires.
Si le nombre de cancers augmente, les taux de guérison aussi, ce qui amène actuellement un malade sur deux à retrouver une vie normale après cette épreuve. Un progrès certes, mais encore bien insuffisant. D’où la création, il y a dix ans des Canceropôles, des organismes développés dans huit régions de France, destinés à doper la recherche dans tous les domaines de la lutte contre le cancer.
La structure lyonnaise, installée dans le quartier des hôpitaux de l’Est lyonnais fonctionne avant tout comme une tête de réseau qui travaille avec les différents acteurs -et ils sont particulièrement nombreux à Lyon- qui œuvrent dans la lutte contre ce fléau.
Un fléau qui, vu les besoins énormes le concernant, représente aussi un marché de plusieurs centaines de milliards d’euros au plan mondial et est pourvoyeur d’emplois.
Dix ans après se création, La Canceropôle CLARA (*), cette structure de six personnes dirigée depuis six ans par Peter Pauwels peut s’enorgueillir d’avoir accompagné trente projets et d’avoir décroché auprès de différents guichets (du Feder européen, aux collectivités locales), près de 36 millions d’euros de financements pour accompagner les entreprises œuvrant dans la lutte contre le cancer en Rhône-Alpes et en Auvergne. Une somme qui grâce à l’effet de levier dû notamment aux financements privés, représente un total d’investissements de 90 millions d’euros. Il affiche actuellement vingt-deux partenariats industriels dont sept avec des start-up.
Plus concrètement encore, quatre projets sont actuellement en essai clinique, dont trois produits issus de nanotechnologie dans lesquelles excelle la région grenobloise.
Pourtant, il est apparu aux responsables du Canceropôle qu’il manquait un maillon dans ce dispositif. « Nous constatons qu’il existe un certain nombre de start-up qui ont des projets souvent intéressants, mais qui manquent de moyens pour les faire maturer. Ce n’est pas seulement d’argent dont elles ont besoin, mais d’un véritable accompagnement, d’une mise en réseau, notamment de liens entre la recherche fondamentale et la recherche clinique », explique Peter Pauwels, le directeur du Canceropôle.
Et de préciser : « Des données scientifiques non consolidées, des perspectives de développement et des enjeux insuffisamment exprimés, sont autant de causes qui conduisent à l’éviction de projets de qualité, privant la cancérologie d’un potentiel d’applications cliniques et surtout industrielles ».
« D’où-conclut-il- notre décision de créer un programme de maturation des projets innovants en cancérologie qui nous avons baptisé ‘Onco starter’ ».
D’ores et déjà des start-up sont accompagnées dans ce cadre. Exemple avec un projet pilote qui pourrait avoir de solides retombées industrielles et porté par une start-up dénommé HLA-G, du nom d’une nouvelle molécule prometteuse. Présidée par Jean-François Martin, elle est détentrice des brevets concernant ce nouveau vecteur.
Cette molécule s’avère intéressante car elle diffère des …170 produits actuellement en cours de développement pour lutter contre trois types de leucémies qui touchent près de vingt-mille patients chaque année.
Cette molécule est en fait une protéine que l’on possède naturellement dans l’organisme et qui a cette qualité d’empêcher la multiplication de lignées de cellules B tumorales. Elle agit par un mécanisme totalement nouveau, susceptible de venir en complément des thérapies actuelles.
Mais auparavant, la start-up doit désormais établir la preuve de son action contre les tumeurs in vivo chez la souris, avant de passer aux autres phases cliniques (phase I et II) dans les hôpitaux de la région. Dans le cadre du nouveau dispositif du Canceropôle, ce projet HLA-G rencontre actuellement une importante phase d’expertise avec un financement de 50 000 euros. Il pourrait déboucher vers de véritables progrès pour les malades.
A l’instar d’un autre projet, de vaccin, cette fois, lui aussi, particulièrement prometteur issu des recherche du Prix Nobel de médecine 2011, Ralph Steinman et piloté par l’établissement français du sang en Rhône-Alpes. Ce futur vaccin pourrait permettre de soigner une forme de mélanome (métastatique) dont le nombre de nouveaux cas double tous les cinq ans et qui provoque chaque année près de 1 500 décès. Un marché de plusieurs centaines de millions d’euros, les vaccins étant fabriqués dès l’année prochaine à Saint-Ismier, près de Grenoble.
Qu’on le regrette ou qu’on s’en félicite, la lutte contre le cancer est aussi à la base d’une économie en plein développement, créatrice d’emplois. Un processus que le Canceropôle a justement pour rôle d’accélérer.
(*) CLARA : Canceropôle Lyon Auvergne Rhône-Alpes
Photo (DR)-Peter Pauwels, directeur du Caceropôle.