Le Crédit Agricole Centre-Est devra faire une croix cette année sur 30 millions d’euros de dividendes
La crise de la dette rattrapera cette année le Crédit-Agricole Centre-Est. Il ne recevra pas de dividendes de sa maison-mère, CASA, qui a dû procéder à des dépréciations d’actifs et doit renflouer sa filiale grecque. En revanche, la banque régionale a réalisé un bel exercice 2011, marqué par des clignotants au vert dans tous les métiers, y compris l’immobilier et l’assurance. En attendant une année 2012 qui s’annonce plus difficile, la banque verte a affiché l’année dernière un des trois meilleurs résultats net de son histoire.
Le Crédit Agricole Centre-Est a beau être une banque de proximité, vivant des dépôts de ses clients et non de spéculation, il sera cette année victime de la crise de la dette. Pour la première fois, Crédit Agricole SA (CASA), sa maison-mère, cotée en Bourse, a déjà annoncé qu’il ne versera pas de dividendes.
« En tant que Crédit Agricole Centre-Est, du fait de notre taille importante, nous sommes les premiers actionnaires de CASA qui, vu les difficultés, a décidé cette année de ne pas verser de dividendes, ce qui représentera pour nous un manque à gagner de 30 millions d’euros », explique Raphaël Appert directeur général de la Banque verte dans la région Centre-est.
Les raisons sont connues, à commencer par les dépréciations d’actifs de la dette grecque, décidées dans le cadre du sauvetage du maillon faible de l’Union Européenne. S’y ajoute un rachat effectué par la banque verte au plus mauvais moment : celui de la banque grecque Emporiki, avant la crise de la dette. Au total, le coût de la crise grecque représente 2,37 milliards d’euros en résultat net (part du Groupe). Le titre CASA a ainsi plongé de 57 % à 5 euros, depuis un an.
On ne sait pas encore ce que sera l’exercice 2012 du Crédit Agricole Centre-Est, mais si l’on occulte cet épisode à venir, aucun doute, en revanche : la Caisse régionale a réalisé en 2011 l’un des trois meilleurs exercices de son histoire.
Le Produit Net Bancaire (PNB, l’équivalent du chiffre d’affaires pour une banque) a crû de 0,2 %, à 717,9 millions d’euros. Les provisions pour coût du risque ont diminué, reculant à 19,8 millions d’euros. Ce qui lui permet d’afficher un résultat net confortable de 228 millions d’euros, en recul de seulement 2 % par rapport à l’exercice précédent.
Ce résultat aurait pu être d’ailleurs tout bonnement le meilleur de l’histoire du Centre-Est si les charges fiscales n’avaient pas augmenté, notamment la contribution additionnelle qui, ne touchant, l’année dernière que les grandes entreprises, a représenté 5 millions d’euros. Il faut y ajouter le très important investissement dans le méga-projet informatique concernant toutes les Caisses du Crédit Agricole : le projet NICE qui a pesé pour 12,5 millions d’euros.
« C’est notre quinzième exercice dont le résultat se situe au dessus de 200 millions d’euros », se félicite Raphaël Appert.
Quels ont donc été les éléments constitutifs de ce bon exercice ? En fait, dans la grande majorité de ses métiers, l’activité de la banque verte s’est révélée dynamique. Et ce, malgré la conjoncture.
L’argent collecté, « le carburant » de la banque a continé de croître de 3 %, à 26,7 millions d’euros.
Les crédits ont vécu de leur côté leur troisième année record avec une hausse de 4,7 % à 17,3 millions d’euros pour les encours. Un total de 3,3 milliards d’euros de crédits nouveaux, concernant 90 000 clients de la Banque, dont 7 000 nouveaux propriétaires immobiliers, ont été accordés.
Comme la grande majorité des banques, le Crédit Agricole est aussi devenu une société d’assurance. Là encore, les chiffres ont été bons, avec une hausse du nombre de contrats de 3 %. Désormais, le Centre-Est recèle près de 500 000 contrats d’assurance en portefeuille.
Après l’assurance, le Crédit Agricole s’est découvert depuis quelques années un troisième métier, l’immobilier, notamment au travers d’un réseau de trente-neuf agences immobilières « Square Habitat ». La banque qui est par ailleurs propriétaire de 250 000 m2 de logements et de bureaux dans la région lyonnaise a, là aussi, réalisé un excellent exercice, avec comme résultat net pour cette branche immobilières 8,4 millions d’euros contre 6,1 en 2010 (0,3 million d’euros contre 0,9 million en 2010 pour « Square Habitat »).
Enfin dans le domaine du capital-investissement, cœur de métier de la banque, dans le cadre de son partenariat avec le groupe lyonnais Siparex, la banque a investi 20 millions d’euros dans cinquante entreprises.
L’exercice 2012 sera-t-il de la même eau, hors la perte des 30 millions de dividendes évoquée plus haut ? « Nous avons pour l’heure des interrogations en matière de crédits. Nous avons constaté un fléchissement brutal de l’ordre de 40 % du crédit à l’habitat, depuis le début de l’année, même s’il est vrai que la comparaison s’effectue avec un début d’année 2011 qui démarrait très fortement… », reconnaît Raphaël Appert. A suivre…
Photo (DL)-L’équipe dirigeante du Crédit Agricole Centre-Est : Bernard Buisson, directeur-adjoint ; Raphaël Appert, directeur général ; Nicolas Denis, directeur-adjoint ; Patrick Kleer, directeur-adjoint ; Jean-Noël Joatton, directeur de la communication et Simone Korn, DRH.