Le danger d’être monoproduit en période de crise aéronautique : l’usine Hexcel de Roussillon à l’arrêt
Producteur de fibres de carbone destinées notamment à l’Airbus A 350, l’usine Hexcel de Roussillon au sud de Lyon qui compte 135 salariés est à l’arrêt, alors qu’elle avait été inaugurée en grandes pompes il y a seulement deux ans. L’autre site de la société américaine, aux Avenières, en Isère également tourne, lui, au ralenti.
l y a deux ans, mais cela paraît déjà un siècle, la société américaine Hexcel inaugurait en présence de nombreuses personnalités, dont Muriel Pénicaud, ministre du travail, une importante unité de fabrication à Roussillon, devenue une vitrine de cette seconde Vallée de la chimie, au sud de Lyon.
Lors de l’inauguration il y a deux ans avec Muriel Pénicaud
Aujourd’hui dans cette usine qui fabrique de la fibre de carbone pour l’aviation et notamment pour l’Airbus A 350 qui compte 55 % déléments composites, la situation est toute autre. A Roussillon, en Isère, où, en temps ordinaire travaillent 135 salariés, à peine une dizaine d’entre eux, sont actuellement à l’œuvre quelques jours par semaine.
Avec la crise profonde de l’aéronautique et une chute du trafic aérien de l’ordre de 70 %,, les commandes se sont taries.
La fibre de carbone produite à Roussillon est tissée par environ 400 salariés aux Avenières, près de Morestel, toujours en Isère.
Accord de “performance collective” aux Avenières
Là, aux Avenières, la situation n’est guère plus réjouissante car ces 400 salariés employés par la société US connaissent tous entre 4 et 8 jours chômés par mois. Et ce, suite à un accord « de performance collective » qui a validé des diminutions de primes et de 13ème mois.
Un accord qui n’a pas été suivi par tous les salariés : 42 d’entre eux l’ont refusé à titre individuel, soit près de 10 % des effectifs : ils préfèrent le licenciement et s’apprêtent à partir.
Quatre-vingt pour cent de la production d’Hexcel Roussillon et des Avenières est en effet destinée au marché aéronautique.
Y a-t-il un risque de fermeture de l’usine de Roussillon si la crise perdure ? Avant la construction de l’usine, la fibre de carbone pour les Avenières provenait d’usines américaines d’Hexcel.
Y-a-t-il également des possibilités de diversifications dans d’autres domaines que l’aéronautique ?
Telles sont les questions que les salariés et les organisations syndicales de l’entreprise se posent.
Une telle décision serait en tout cas prise au siège d’Hexcel (5 200 salariés et 24 usines dans le monde), aux USA.
Un contrat avec le consortium Airbus
Une telle fermeture aurait assurément un coût non négligeable pour l’entreprise qui a investi 250 millions de dollars dans cette nouvelle unité de Roussillon qui avait même, lors de son l’ouverture, en ligne de mire, la perspective d’être agrandie.
La fermeture si elle est possible, n’est sans doute pas l’hypothèse la plus probable ; et ce, pour deux raisons : d’une part le marché de la fibre de carbone est en plein développement dans d’autres secteurs que l’aviation (l’automobile, le médical, le nautisme, le bâtiment) ; il est donc vaste et à terme, Hexcel pourrait trouver d’autres débouchés.
Enfin, Hexcel a signé avec le consortium Airbus un contrat de fourniture sur le long terme de 15 milliards de dollars. La crise de l’aérien ne sera pas éternelle. Alors…