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Le dernier vol Lyon-New York

Mercredi 4 novembre, le Boeing 757-200 de 174 places du Lyon-New York s’élancera pour la dernière fois de la piste de l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry. Après seize mois d’existence, Delta Airlines a décidé de suspendre cette liaison victime de la crise. La quatrième tentative n’aura pas été la bonne. A quand la prochaine ?

ll faudrait décerner la palme de l’obstination à l’aéroport Lyon-Saint Exupéry ! Ses responsables bataillent ferme depuis 20 ans pour installer une liaison jugée emblématique, mais à chaque fois sans succès. Ce fut d’abord American Airlines, qui, la première, en 1989, se lança dans l’aventure. Sans suite. Piqué au vif, Air France qui effectue près de la moitié du trafic de l’aéroport, suivit en 1990. Pour abandonner ensuite, la liaison restant déficitaire.
Delta Airlines -déjà elle- fut à l’origine d’une troisième tentative en 2001. Echec à nouveau. Pour recommencer il y a seize mois, à la mi-2008, mais cette fois en partage de code avec Air France/KLM, ce qui devait permettre de mieux remplir les avions.

La quatrième liaison Lyon-New York au départ de Saint Exupéry semblait enfin promise au succès, avec un taux de remplissage de 75 % et 50 000 passagers à ce jour. Si les entreprises ne se bousculèrent pas d’emblée pour remplir la classe affaires, les tours opérateurs la plébiscitèrent immédiatement. Et effectivement, la liaison se révéla rentable jusqu’à ce que la crise dégrade les comptes de cette liaison encore fragile.
Avec les difficultés économiques rencontrées par les compagnies aériennes, la concurrence s’est avivée, certaines compagnies ont affiché des tarifs très bas sur lesquels Delta ne pouvait s’aligner.

Prise dans la tourmente de la crise du transport aérien, conséquence de la crise tout court, Delta a fini par profondément remodeler ses vols. En septembre dernier, la compagnie américaine annonçait qu’elle suspendait sa liaison le 4 novembre 2009 et se donnait le temps de la réflexion pour savoir si elle la reprendrait au printemps ou à l’été 2010. La décision vient de tomber : c’est non.

Dans un avenir plus lointain, rien n’est exclu. Béatrice de Rotalier, directrice commerciale France explique qu’il « est plus prudent d’attendre un meilleur contexte. » Yves Guyon, président du directoire des aéroports de Lyon persiste de son côté : « Nous travaillons déjà avec les compagnies sur la mise en place, dès la reprise économique, d’une liaison Lyon-New York. »
Ce nouveau revers n’a donc pas entamé l’obstination de la direction de l’aéroport à l’égard de cette liaison jugée indispensable pour son standing international. On peut penser que lorsque les conditions économiques seront à nouveau réunies, une cinquième tentative sera mise en œuvre.

On aura alors tiré les enseignements du dernier échec en date. Si la liaison opérée par Delta ne s’est pas installée définitivement, la raison tient bien sûr à la crise, mais aussi à deux facteurs principaux.
Le premier émane de la faible appétence de la clientèle entreprises de la Région pour cette ligne. Il faut savoir que ce sont les passagers à haute contribution de la classe affaires qui font la rentabilité d’une liaison aérienne. Or, la directrice commerciale France de Delta, regrettait déjà en septembre dernier que « le taux d’occupation de la classe affaires ne dépassait pas 20 à 30 % ». Il faudra donc mettre au point les outils marketing pour attirer en plus grand nombre ces indispensables passagers.

Autre handicap sérieux : si la ligne a réussi à drainer les clients des tours opérateurs de la région Rhône-Alpes et de quelques régions avoisinantes ; en sens inverse, les Américains ne se bousculaient pas : à peine 20 % seulement des passagers contre 80 % d’origine européenne. Or, on ne connaît pas d’exemple de lignes aériennes qui perdurent avec un taux inférieur à 25 %.
Lors de la prochaine tentative, une intense promotion outre-Atlantique, s’avérera indispensable.

D’ici là si vous voulez vous rendre à New York, vous n’aurez que l’embarras du choix de substitution, en passant par Genève, Paris, Londres ou Francfort, et c’est bien là le problème.