La double peine pour la CCI Lyon-Métropole qui voit ses ressources divisées par 2, alors qu’elle doit être au 1er rang pour accompagner les chefs d’entreprises…
On a pu se demander un moment à quoi servaient les chambres de commerce ? La crise a apporté la réponse : à accompagner les chefs d’entreprise lorsqu’une grosse bourrasque économique comme celle que nous vivons actuellement intervient. Ses 150 conseillers sont sur le pont. Problème : elle va devoir procéder à des licenciements…
“L’Etat nous a raboté 50 % de nos ressources fiscales, c’est la moitié de notre budget qui disparaît. Mais on s’est mis en ordre de marche pour survivre… “. C’est le président de la CCI Lyon Métropole St Etienne Roanne, Philippe Valentin, un chef d’entreprise du BTP qui le dit.
La Chambre de Commerce tente de survivre, tout autant que les entreprises qu’elle s’est mise en tête d’aider et d’accompagner dans cette période de crise aigüe.
“Je pars du principe qu’il vaut mieux expliquer la réalité. Au départ, nous avions évoqué une centaine de licenciements”, ajoute Philippe Valentin qui reconnaît de surcroît que la crise “nous a aussi fait perdre les dividendes que nous rapportaient l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry et Lyon Eurexpo : nous sommes passés de 8 millions d’euros à 0 !”
Mais est-ce que la crise ne sera finalement pas salvatrice pour la CCI de Lyon, mais aussi l’ensemble des Chambres de commerce, car elles sont en train de démontrer leur utilité ? Ce qui pourrait amener l’Etat à faire un geste.”Il nous faut un ballon d’oxygène pour qu’on puisse tenir”, lance Philippe Valentin.
Cent-cinquante conseillers sur le pont
Qu’il y a-t-il actuellement entre l’Etat qui déploie ses différents plans d’aides, de relance économique, etc. ; et les entreprises ? Les CCI qui sont aux avant-postes.
La demande est énorme : “les commerces de proximité sont durement touchés : 92 % d’entre eux ont souscrit une aide d’urgence”, décrit le président de la CCI.
Pour aider, renseigner, accompagner les dirigeants d’entreprise, chaque jour, actuellement 150 conseillers de la CCI Lyon Métropole sont sur le pont : par téléphone, en visio, par mail, mais aussi en rendez-vous physiques.
Les chiffres illustrant le besoin d’information, d’aide, voire même de réconfort des dirigeants d’entreprises sont impressionnants : chaque jour, ce sont 600 chefs d’entreprise qui sont en contact avec un des conseillers de la Chambre ; 2 500 personnes se rendent chaque jour sur la page du site de la CCI consacrée à la crise.
Pour Philippe Valentin, aucun doute : “La CCI est en train de retrouver sa légitimité !”
Il y a de quoi s’alarmer : d’après l’Observatoire de la crise de la CCI, 75 % des commerçants ont perdu plus de la moitié de leur chiffre d’affaires depuis le 30 octobre et 87 % ont placé au moins la moitié de leurs salariés au chômage partiel.
L’inquiétude de l’événementiel
L’une des plus fortes inquiétudes de Philippe Valentin concerne le secteur de l’événementiel, “le grand oublié : cette filière souffre d’être très disparate, peu structurée, peu représentée : elle est totalement sinistrée avec une baisse de 80 % de son chiffre d’affaires en 2020 et des perspectives très sombres en 2021…”
D’où la volonté du président de la CCI, “de porter haut et fort dans les jours qui viennent la détresse de cette filière, afin de contribuer à aider le gouvernement à prendre les bonnes décisions. Le pronostic vital du secteur est engagé…”
La volonté d’entreprendre toujours intacte.
Lueur d’optimisme. Malgré la morosité générale, les dirigeants de la CCI ont été surpris de constater actuellement un net regain de l’entrepreneuriat, “que l’on n’attendait pas du tout !”
Ainsi, chaque jour, l’Espace Entreprendre de la CCI reçoit actuellement une moyenne de 50 porteurs de projets. “Plus que l’année dernière à même époque”.
Le signe d’un retournement de conjoncture ?
Photo : Philippe Valentin, président de la CCI Lyon Métropole St-Etienne Roanne, en visio-conférence.
Les chiffres de l’Observatoire de la crise de la CCI Lyon Métropole