Le paradoxe de Soitec qui, en forte perte, réussit à lever 174 millions d’euros
Un succès étonnant pour une société qui, installée à Bernin, près de Grenoble, a perdu 210 millions d’euros lors de son dernier exercice !
Soitec, cette société rhônalpine installée à Bernin, près de Grenoble, a réussi à lever 174 millions d’euros en deux mois, sous forme d’augmentation de capital d’abord (pour 40 % du montant) et au moyen d’une émission d’obligations convertibles ou échangeables (Oceanes). Une levée de fonds bouclée le 12 septembre dernier.
Mieux encore : la demande des investisseurs a été supérieure à l’offre de titres lors de ces deux opérations !
L’illustration d’une reprise des investissements, penserez-vous. Sans doute. Mais cet augmentation de capital apparaît quelque peu étonnante si on met en face un autre chiffre : 210 millions d’euros.
Cotée en Bourse, Soitec n’est pas, en apparence, c’est le moins qu’on puisse dire au meilleur de sa forme. L’exercice 2012-2013, clos le 31 mars, s’est soldé par une perte nette de 210 millions d’euros, soit 80 % du chiffre d’affaires !
Au premier trimestre de l’exercice suivant, les ventes ont chuté de 28 %. En Bourse, l’action, tombée cet été à un plus bas historique, à 1,59 euro, affiche un recul de 27 % depuis le 1er janvier et de 75 % en trois ans…
En fait, les investisseurs ont fait le pari de la réussite de ce spécialiste du silicium sur isolant (SOI) qui mise beaucoup sur le solaire à très haute performance, proposant des centrales solaires d’un très haut rendement qui se vendent de plus en plus, notamment aux Etats-Unis. Le dernier contrat en date a été signé il y a quelques jours avec la ministère américain de la Défense pour un projet solaire basé en Californie.
Résistant à haute température, la cellule photovoltaïque à concentration ne nécessite pas d’eau de refroidissement et peut recevoir des rayons du soleil, concentrés par des miroirs. A coût d’entretien inférieur, la centrale solaire offre un rendement supérieur.
Son dernier-né, homologué par les autorités américaines et françaises, offre une efficacité record de 31,8 %, jamais encore atteinte par un produit industriel, a annoncé l’entreprise, le 11 septembre.
Un immense marché s’offre à Soitec. Inconvénient : il reste encore à l’investir.
Passer d’un modèle économique à un autre prend du temps. Les actionnaires l’ont compris et lui font manifestement confiance.
L’aversion au risque tend à s’atténuer et c’est une bonne nouvelle !