Le Progrès perd en taille, mais reprend des couleurs
Le quotidien Le Progrès passera le 5 octobre prochain de la taille XXL à L. Il va transformer son format actuel, l’un des plus grands de la Presse Quotidienne Régionale (PQR), à l’un des plus petits : une exacte division par deux qui rendra son format similaire à celui des journaux gratuits. Ultime tentative pour se redresser face à l’Internet et les difficultés de la presse papier ? Pas tout-à-fait. Il s’agit en réalité d’un dernier coup de collier qui devrait lui permettre, de regagner des lecteurs après avoir perdu 24 000 exemplaires depuis 2005 et surtout, après de nombreuses années de déficit (- 30 millions d’euros en 2006 !) de retrouver enfin, en 2012, des comptes à l’équilibre.
Une révolution de taille. D’ici quelques jours, le format historique du Progrès, l’un des plus importants de la presse française, ne sera plus. Le 5 octobre, Le Progrès va voir sa taille exactement divisée par deux.
Une évolution importante pour le quotidien régional et préparée depuis trois ans, selon son Pdg, Pierre Fanneau. Si ce lancement du nouveau Progrès au nouveau format est réussi, la direction du Progrès escompte qu’elle lui assurera son redressement définitif.
Le quotidien de Lyon est dans le rouge depuis de très nombreuses années. Il a connu des pertes importantes (- 30 millions d’euros en 2006), mais depuis, le journal régional a peu à peu réussi à remonter la pente depuis son adossement à son actionnaire actuel, Le Crédit Mutuel que dirige d’une main ferme Michel Lucas. Il restait le seul journal du groupe de presse EBRA (Est-Bourgogne-Rhône-Alpes) possédé par la banque mutualiste à continuer à perdre de l’argent.
Il a encore perdu 5 millions d’euros en 2010 pour un chiffre d’affaires de 127 millions d’euros. Mais, selon Pierre Fanneau, la perte devrait être réduite à 3 millions d’euros cette année. Et surtout, pour le Pdg, le retour à l’équilibre devrait être effectif en 2012. Et ce, grâce aux mesures engagées depuis plusieurs années : la mutualisation des coûts avec les autres titres du groupe (rédaction tombée à 265 journalistes, informatique, notamment).
La division par deux du format devrait constituer le dernier coup de collier avant ce retour dans le vert. Cette opération nouveau Progrès/nouveau format qui représente un investissement de 2,5 millions d’euros, devrait avoir des retombées positives tant au niveau des ventes que de la publicité : tels sont du moins les objectifs de la direction.
Le petit format permettant une meilleure facilité de lecture dans les transports publics, correspond bien à l’époque. Tous les journaux qui s’y sont employés, à commencer par les magazines féminins, ont vu leurs ventes s’élever. De facto, le journal double sa pagination, soit en moyenne à 80 pages avec des pointes à 96 avec les suppléments Ce qui procure une meilleure sensation de prise en main. Au passage, cette opération fait économiser au journal… 10 % de sa matière première : bienvenu, alors que le prix du papier journal a augmenté l’année dernière de 15 %.
Autre avantage : toutes les pages pourront être en quadrichromie : plus facile dans ces conditions de vendre de la publicité, notamment dans les pages locales. Michel Le Ray, directeur de la publicité du Groupe Progrès entend bien, « non seulement regagner des annonceurs perdus, mais également, grâce à la couleur trouver de nouveaux clients pour la publicité au niveau local. »
L’autre objectif poursuivi est l’augmentation de la diffusion, ou à tout le moins sa stabilisation. Très important pour le quotidien dans la mesure où 60 % de ses ressources proviennent de la diffusion, pour 40 % seulement de publicité.
Sous les coups de boutoir de l’Internet et suite à un prix au numéro relativement élevé (0,90 centimes), le Progrès a vu ces dernières années, comme la majeure partie des journaux la PQR, son lectorat s’effriter régulièrement.
Cette situation est depuis peu en passe de s’améliorer. La diffusion payée du journal (*) est ainsi passée de 239 201 en 2005, à 215 209 en 2010 soit 24 000 ventes évaporées. Or, cette érosion se ralentit : la perte depuis le début de l’année n’est que de 3 000 exemplaires.
Le groupe de presse compte bien inverser la tendance grâce à ce nouveau format. Son lancement sera accompagnée d’une importante opération de communication à hauteur de 200 000 euros : radios, 4X3, « cul de bus ». Toute la PLV (Publicité sur les lieux de ventes) et notamment les présentoirs installés chez les trois mille dépositaires de presse diffusant le Porgèrs seront remplacés.
Un changement accompagné, selon Xavier Antoyé, rédacteur en chef, « par une poursuite de l’amélioration du contenu rédactionnel, moins institutionnel, plus près de la vie quotidienne de nos lecteurs », les différents suppléments (économie, week-end) étant conservés. Une nouveauté cependant : toute l’information-service sera regroupée au sein d’un cahier central.
Si cette opération, apparemment bien préparée, réussit, Le Progrès pourrait ne plus être dès l’année prochaine le mauvais élève du Groupe EBRA.
(*) Source OJD : Organisme de Justification de la Diffusion, le médiamétrie du journal papier.
Photo (DL) : Pierre Fanneau, Pdg et Xavier Antoyé, rédacteur en chef présentant le nouveau format du Progrès qui sera chez les dépositaires et les abonnés dès le 5 octobre.