Le projet d’Université géante Lyon/St-Etienne va-t-il rater une chance historique ? Il faut sauver le soldat Idex !
Surprise : aux côtés de grandes universités parisiennes, l’Université de Grenoble Alpes (UGA) a été classée pour la 1ère fois de son histoire dans le top 100 du fameux classement de Shanghai : très précisément à la 99ème place, ce qui constitue déjà un exploit.
On peut chercher Lyon, il n’y figure pas ; ou plutôt, bien plus loin et en ordre dispersé dans ce classement qui fait autorité qu’on le regrette ou non.
Grenoble a porté avec succès le projet d’Idex (Initiative d’excellence) qui permet à nos universités françaises en se regroupant de -notamment- plus peser à l’international.
Or, actuellement des querelles byzantines, des oppositions de clocher, sont en train de faire capoter le projet d’Idex Lyon-Saint-Etienne de fusion d’une partie des universités lyonnaises, grandes écoles avec celle de Saint-Etienne (*).
A telle enseigne que Frédérique Vidal, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche vient de frapper du poing sur la table.
Interrogée à l’assemblée nationale par le député de la Loire Régis Juanico, la ministre a tenu à mettre en garde la semaine dernière : “Je serais totalement navrée que Lyon et Saint-Etienne n’apparaissent pas sur la carte des meilleurs sites universitaires de France. Je serais navrée qu’ils ne puisse pas bénéficier de cette visibilité notamment pour attirer des chercheurs, pour attirer des étudiants internationaux, mais je respecterai la capacité, ou… pas, des établissements à tenir les engagements qu’ils ont eux-même pris !”
100 millions à la clef, avec l’effet de levier
Par ailleurs, il y a 30 millions de subventions à la clef, dans le cadre de la création de ce fameux Idex de grande Universitée intégrée. Mais avec l’effet levier de ces 30 millions, c’est sans doute plus près de 100 millions qui pourraient être investis dans la modernisation de nos universités à Lyon et Saint-Etienne, pour les rendre plus performantes à l’échelle européenne.
La création d’une telle structure, pour le moins laborieuse, en l’occurrence une grande Université intégrée engagée depuis… 2017, passe non seulement par la fusion des Université Lyon1, Lyon III (mais pas Lyon II), avec l’Ecole Normale Supérieure de Lyon (ENS) ; mais aussi avec l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne.
Sans Saint-Etienne, ce projet qui a déjà subi le retrait de l’Insa, une des plus importantes écoles d’ingénieurs de France, basée à La Doua Villeurbanne, pourrait tout bonnement capoter. C’est ce qu’a voulu signifier la ministre Frédérique Vidal.
Or, l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne qui s’y était engagée, fait actuellement arrière toute avec une grande part du conseil d’administration-12 vice-présidents et chargés de mission-qui ont démissionné pour refuser la fusion de l’Université stéphanoise dans cet Idex aux côtés des Universités lyonnaises. Et de surcroît, pour ne rien arranger, désormais, suite aux élections municipales, la politique s’en mêle aussi.
Les craintes stéphanoises
On comprend certes les craintes stéphanoises : se retrouver dilué dans un ensemble dont les acteurs locaux perdraient la maîtrise. Les universitaires ligériens veulent conserver un ensemble au sein de l’Université dotée d’une vraie cohésion, ainsi que des leviers de développement. Tout ce que ne semble pas incompatible avec l’Idex.
Mais si l’on prend l’exemple de la fusion réussie avec succès en 2016 et menée par Emmanuel Imberton, alors président de la CCI de Lyon, et à laquelle personne ne croyait, entre les CCI de Lyon, de Saint-Etienne et de Roanne, l’histoire nous montre que l’on peut s’intégrer au niveau régional au sein d’un ensemble permettant de peser, sans pour autant abandonner sa personnalité.
Il reste encore quelques semaines pour sauver l’Idex Lyon/Saint-Etienne. Après, ce sera trop tard.
La ministre a proposé de recevoir les acteurs locaux rapidement pour tenter de débrouiller le dossier.
Si cette ultime tentative échoue, les auteurs de cet échec porteraient une lourde responsabilité.
Et on ne serait pas prêt de voir une Université lyonnaise ou stéphanoise figurer dans le classement de Shanghai…
(*) Aujourd’hui la communauté de l’enseignement supérieur à Lyon et Saint-Étienne représente 137 000 étudiants dont 26 000 à Saint-Étienne. L’ensemble des facultés et des grandes écoles représentent 168 labos de recherche et 12 500 chercheurs.