Le secteur pèse 12 000 emplois : le pôle de compétitivité Imaginove change de directeur, mais pas de stratégie
Carole Mangold, la présidente d’Imaginove consacré à l’image (jeux vidéo, films d’animation, etc.) annonce le départ du directeur du pôle de compétitivité pour raisons de divergences stratégiques. Outre l’accompagnement des entreprises, la R&D et les coopérations, elle entend multiplier les fertilisations croisées entre les différentes filières, ouvrant de nouvelles possibilités de développement.
« Recherche directeur pour diriger le cluster et pôle de compétitivité Imaginove h/f » Telle est l’annonce parue depuis peu sur le site de l’Apec (Agence pour l’emploi des cadres).
Le cluster Imaginove consacré à la filière des contenus créatifs et numériques vient de se séparer de son directeur, Tanguy Selo.
« A Imaginove, nous sommes porteurs d’une vision de chefs d’entreprises. Nous nous sommes retrouvés en désaccord avec le directeur d’Imaginove sur le développement et les questions stratégiques. Nous n’avions plus la même vision du métier », est bien obligée de reconnaître Carole Mangold, la présidente du pôle de compétitivité rhônalpin, gérante de la société grenobloise « Idée originale »,qui produit des films.
Ce départ contraint n’est en tout cas pas dû à des difficultés que pourrait rencontrer la filière de l’image en Rhône-Alpes.
Celle-ci se porte bien. Même le secteur des jeux vidéo, bousculé par de nouvelles évolutions technologiques semble, lui aussi, repartir de l’avant.
1 300 entreprises et 25 labos de recherche en Rhône-Alpes
Ce pôle de compétitivité qui rassemble les principaux acteurs, constitue la figure de proue d’un secteur composé de plus de 1 300 entreprises et de 25 labos de recherche œuvrant dans le secteur des jeux vidéo, du cinéma de l’audiovisuel et du multimédia.
Il continue de croître et de prospérer : 172 nouvelles entreprises ont ainsi vu le jour en 2012. Depuis sa création, en 2007, Imaginove a accompagné 150 projets de Recherche&Développement représentant un financement global de 300 millions d’euros.
Ce secteur en effervescence rassemble désormais 12 000 emplois et pèse 607 millions d’euros de chiffre d’affaires en Rhône-Alpes.
Deux exemples l’illustrent dans deux domaines phares de la filière de l’image numérique : les jeux vidéo et le dessin d’animation.
En pleine déliquescence, la filière des jeux vidéo à Lyon, au profit de Montréal, par exemple, la nouvelle Mecque du secteur ? Romuald Capron, le Pdg d’Arkane Studio à Lyon reconnaît que faute d’avoir su anticiper l’évolution du secteur ou pour des raisons financières, un certain nombre de studios n’ont pu passer les différentes vagues d’évolutions technologiques qui tous les quatre à cinq ans secouent le secteur.
Arkane a multiplié ses effectifs par deux
Ce n’est pas le cas d’Arkane, auteur du best-seller « Dishonored » qui, bien qu’ayant ouvert un bureau à Austin au Texas, a multiplié par deux, l’année dernière, ses effectifs à Lyon : ceux-ci sont passés de 50 à 100 personnes.
« On assiste en Rhône-Alpes à l’irruption de jeunes sociétés qui s’emparent des nouveaux débouchés des jeux vidéo : sur Androïd, les tablettes, les réseaux sociaux. Nous bénéficions de nombreuses compétences en Rhône-Alpes, ce qui nous permet d’avoir suffisamment d’outils pour que la filière fonctionne bien », assure Romuald Capron.
Avec 114 studios de développement dispersés dans la région, le secteur reste actif. Outre les structures de distribution des géants Electronics arts et Namco Badaï basées à Lyon, la région peut s’enorgueillir de regrouper trois gros studios qui font référence dans le monde du jeu virtuel : Ubisoft, à Annecy (150 salariés), Ivory Power et Arkane Studio, notamment.
Il existe aussi un autre secteur très présent en Rhône-Alpes : celui du film d’animation.
Les chiffres en témoignent : actuellement sept long métrages, sont ou s’apprêtent à être réalisés cette année dans la région, sur les vingt-deux annoncés dans l’Hexagone.
Rien d’étonnant: le cinéma d’animation compte 61 entreprises dans la région qui gravitent autour de deux pôles principaux : Lyon où est basé le Pôle Pixel et Valence : 22 % du chiffre d’affaires du secteur a été réalisé l’année dernière dans la Drôme. Ce département accueille sur son territoire deux studios à la renommée internationale : Folimage et Teamto.
Mais surtout, on trouve dans la région les multiples compétences que nécessite la création d’un film d’animation.
Un exemple décrit par le producteur et distributeur de films d’animation, basé à Lyon, Marc Bonny.
« Ma vie de courgette » tourné à Villeurbanne : un budget de 5,4 millions d’euros
A travers sa société, « Gebeka Films », il est le co-producteur d’un film d’animation qui sera entièrement tourné, d’avril 2014 à février 2015 au sein des studios du pôle Pixel à Villeurbanne : « Ma vie de courgette ». Un film dont le budget s’élève à 5,4 millions d’euros.
« Pour ce tournage, nous avons trouvé dans la région la plupart des compétences dont nous avions besoin : une imprimante 3D très spécifique pour les décors car pour ce film nous réalisons des prises de vue en réel. Nous avions besoin de marionnettes : elles seront fabriquées par une société d’Annecy, de cheveux : nous les avons dénichés dans la Drôme. Nous avons également trouvé une société capable de nous fournir une logistique informatique de pointe… », se félicite Marc Bonny.
Toutes ces collaborations permettent d’ajouter à l’ensemble des couches qui dessinent un tableau de plus en plus cohérent.
La stratégie d’Imaginove c’est aussi cela : «Nous voulons créer des fertilisations croisées entre les différentes filières. Il s’agit pour nous de soutenir les entreprises adhérentes au-delà de leurs périmètres d’intervention traditionnels, tels que les jeux vidéo, l’animation, le multimédia, le Web, pour les orienter vers de nouveaux marchés à fort potentiel, tels que la robotique de service, les services communicants, la muséographie, l’éducation et la formation numérique… »
Les frontières entre filières s’estompent ouvrant le champ à de nouveaux potentiels de développement.
Illustration– « Ma vie de courgette », le prochain long métrage d’animation qui sera tourné cette année au Pôle Pixel de Villeurbanne.