Le siège mondial sera basé à Lyon : le chimiste Arkema cède sa production de vinyles au Suisse Klesch
Le n°1 français de la chimie, Arkema très présent en Rhône-Alpes est en passe de céder ses activités vinyliques (PVC, soude, chlore, etc.), à une société suisse peu connue : le groupe Klesch. Une décision qui a de fortes incidences sur la région Rhône-Alpes où se situe une grosse part de cette activité. Deux unités d’Arkema dont celle de Saint-Fons dans son intégralité et celle de Balan dans l’Ain, soit un peu moins de six cents salariés sont concernés. C’est la raison pour laquelle le groupe Klesch devrait, selon Arkema, installer le siège mondial de sa nouvelle activité vinyl à Lyon. Inquiets, les salariés ont aussitôt débrayé.
Depuis qu’il a quitté, en 2005, le groupe Total, le chimiste de spécialités Arkema a peu à peu retrouvé les chemins de la croissance et du développement.
Sa stratégie a consisté pour le chimiste à se renforcer dans les secteurs où il possédait un leadership mondial. Et à se désengager de ceux où il était à la peine.
Or, l’activité produits vinyliques était l’un des points faibles d’Arkema, malgré les restructurations engagées en 2005. Faible marge, vive concurrence, forte sensibilité à la conjoncture économique pesaient sur cette activité, dont les ventes se font principalement en Europe.
D’où le choix de Thierry le Henaff, Pdg d’Arkema, de céder cette branche. Il a trouvé acquéreur : le groupe suisse Klesch, basé à Genève et fondé en 1990 par Gary Klesch. Un opérateur d’activités industrielles de commodités en Europe, pesant 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
Ce groupe emploie près de 3 000 salariés répartis au sein de ses quatre filiales aux activités pour le moins diversifiées : la production d’aluminium, le raffinage de produits pétroliers, le transport maritime industriel, ainsi que le négoce de produits de commodité.
La cession est réalisée pour un montant qui n’a pas été divulgué : Klesch va créer une cinquième filiale, consacrée au vinyle. « Ce projet va permettre aux activités vinyliques de bénéficier d’une stratégie industrielle propre dotée de moyens financiers conséquents, afin de favoriser leur pérennité et leur développement à long terme », assure-t-on chez Arkema.
Le chimiste français affiche sa volonté financière d’accompagner cette cession. Klesch ne versera pas un euro, mais bénéficiera d’entrée de 100 millions de trésorerie versés par Arkema. Mieux encore, ce dernier prendra à sa charge les 470 millions d’euros de dettes qui pèsent sur cette activité.
« Nous doterons la nouvelle entité d’un bilan très solide qui témoigne de notre volonté d’assurer le plein succès de ce projet et son développement dans la durée », insiste le chimiste français qui loue les atouts dont le nouvel ensemble sera doté en listant : « un projet industriel clair, une stratégie dédiée et un bilan financier solide… »
Gary Klesch entend, lui, devenir un acteur majeur de l’industrie du PVC en Europe, en s’appuyant sur un portefeuille d’activités « équilibrées » entre l’amont (chlore, soude et PVC) et l’aval (profilés et compounds). « Nous n’avons pas l’intention de fermer des sites, ni de réduire des effectifs. Nous avons la volonté de faire de cette activité une nouvelle source de croissance », a assuré le Pdg suisse à nos confrères des Echos, faisant le parallèle avec ses rachats précédents d’activités à d’autres multinationales qu’il a su développer.
En cédant ce pôle à Klesch, Arkema y voit « la création d’un leader européen de l’industrie du PVC », réalisant près d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires dont le siège sera à Lyon. Où ? On ne sait encore.
Cette situation décrite en rose suscite des craintes du côté syndical : des débrayages se sont produits mercredi 23 novembre à l’annonce de cette décision. Ils se prolongeaient encore le vendredi.
Arkema entend rassurer ses salariés concernés par la cession. « Il n’y aura aucune restructuration de l’outil industriel du périmètre cédé : l’ensemble des salariés concernés par le projet industriel, ainsi que l’ensemble des salariés nécessaires au fonctionnement des activité seront transférés, avec maintien de leur rémunération, de leur ancienneté, de leurs qualifications, ainsi que tous les éléments spécifiques de leur contrat de travail », assure-t-on du côté de la direction.
Un total 1 780 salariés français et 850 salariés hors de France seront transférés dans la nouvelle entité. En Rhône-Alpes, le site de Saint-Fons (280 salariés) dans la banlieue est de Lyon dans sa totalité et celui de Balan dans l’Ain en partie (190 personnes) sont concernés. En rajoutant le centre de recherches de Pierre-Bénite (20 personnes) et les fonctions supports (CETIA) basées à Pierre-Bénite également, ce sont très précisément 570 salariés de la grande région lyonnaise qui sont touchés par cette cession.
Si le scénario dépeint ainsi se déroule comme annoncé, Klesch poursuivra le développement de sa nouvelle entité vinyl dans un environnement difficile. Pour l’heure, on n’a guère d’indications sur la stratégie qu’entend suivre le groupe suisse pour faire mieux qu’Arkema.
Avec cette cession, ce dernier aura réalisé la majeure partie de son recentrage vers des activités de spécialités, plutôt rentables, avec de bonnes positions sur chacune de ses lignes de produits au plan mondial.
Reformaté, le chimiste français réalise un chiffre d’affaires de 6,5 milliards d’euros avec 15 700 salariés dont 1 830 seulement en Rhône-Alpes. A l’annonce de cette cession, l’action Arkema s’est envolée de 17 % !