L’ entrepreneuriat féminin mis à mal par la crise économique provoquée par le coronavirus
Alors que le déconfinement s’organise progressivement dans le pays, Anne-Sophie Panseri, présidente des Femmes Cheffes d’Entreprise (FCE) tire la sonnette d’alarme sur les difficultés de l’entrepreneuriat féminin au moment de la sortie de crise.
Vers un recul sans précédent de l’entrepreneuriat des femmes
Depuis quelques années, on constate une plus grande mobilisation des acteurs étatiques et sociaux sur la question de l’égalité professionnelle. La crise économique qui se profile à l’horizon risque de réduire à zéro les efforts menés ces dernières décennies en la matière. Chez les Femmes Cheffes d’Entreprises, on s’inquiète de l’impact de la crise du covid-19 sur l’activité économique. Elles qui risquent d’être les premières à subir de plein fouet la crise économique provoquée par la pandémie.
Ainsi, selon un baromètre publié par cette organisation patronale, 70 % des adhérentes estime que la situation des femmes dans les gouvernances et l’économie va se dégrader après la crise du coronavirus. Paru dans le manifeste intitulé » Quand la crise pointe du doigt les spécificités de l’entrepreneuriat féminin », les Femmes Cheffes d’Entreprise (FCE) alertent sur les conditions de plus en plus difficiles dans lesquelles elles doivent piloter leurs entreprises.
» Quand la crise pointe du doigt les spécificités de l’entrepreneuriat féminin «
Petit rappel de quelques éléments de contexte : en France, 90 % des entreprises pilotées par des femmes comptent moins de 20 salariés (70 % moins de 5); 7 0% des cheffes d’entreprise ont une rémunération moyenne de 1500 euros ; 83 % des parents isolés sont des femmes ; 82% des femmes sont prêtes au déconfinement, mais 50 % mettent en cause le cadre donné par le gouvernement.
En effet, la situation actuelle met en exergue l’enjeu de la garde d’enfants qui renforce encore plus les inégalités entre les hommes et les femmes face au covid. » Il est très difficile de sauver son entreprise en étant bloquée à domicile avec des enfants à garder » résume Anne-Sophie Panseri, présidente des Femmes Cheffes d’Entreprises.
L’analyse est simple, rappelle Anne-Sophie Panseri : représentant généralement le plus petit salaire dans le foyer, les dirigeantes d’entreprises sacrifient bien souvent leurs activités pour pouvoir assurer la garde des enfants. Elles ne bénéficient parfois pas de la sécurité de l’emploi, d’un revenu fixe assuré tous les mois, et d’un droit au chômage. D’ailleurs, elles ont généralement investi toutes leurs économies dans leur entreprise.
« C’est à la fois un coup de cœur et un coup de gueule. »
Ainsi, la crise économique produit par le confinement va toucher plus durement les cheffes d’entreprises que leurs homologues masculins. La majorité d’entre elles gèrent de petites entreprises. Elles ont accès à moins de capitaux et travaillent dans le secteur des services, l’un des secteurs les plus touchés par les mesures du confinement. » La plupart d’entre elles n’ont même pas le droit au fond de solidarité » confit-elle.
Anne-Sophie Panseri pousse ainsi un cri d’alarme face à cet état des choses. » C’est à la fois un coup de cœur et un coup de gueule. Ça fait longtemps qu’on alerte sur la situation et le financement de l’entrepreneuriat féminin. C’est un coup de coeur parce que c’est triste de voir que le cadre n’est pas suffisant pour accompagner toutes ces femmes qui sont en désespoir « , poursuit-elle.
» Les femmes sont des cheffes d’entreprises comme les autres, mais avec une charge en plus… »
Actuellement, dans les groupes de réflexion instaurés par le gouvernement, on dénombre très peu de femmes, encore moins des mères d’enfants scolarisés ou en âge de l’être. Et pourtant, les femmes étaient sur tous les fronts pendant la crise, mais les témoignages « d’experts » sont presque exclusivement masculins.
» Les femmes sont des cheffes d’entreprises comme les autres, mais avec une charge en plus… », précise Anne-Sophie Panseri. Cette ignorance crée et aggrave des déséquilibres dangereux pour la société. De ce fait, la présidente des FCE France préconise une prise de conscience élargie avec la mise en place de véritables indicateurs permettant de mesurer la place des femmes dans l’entrepreneuriat.