Les bonnes perspectives de la chimie verte en Rhône-Alpes
Tirée par le pôle de compétitivité Axelera, la chimie verte représente déjà en Rhône-Alpes 48 000 emplois directs pour 12,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Un poids non négligeable au sein de la chimie traditionnelle qui devrait encore s’amplifier. Le secteur est tiré par la dynamique propre d’Axelera chimie-environnement, qui, créé en 2005 tourne désormais à plein régime. Le secteur est en outre en passe d’être boosté par deux investissements lourds : la création de la plate-forme collaborative Axel’one qui va permettre de mutualiser encore plus la R&D entre les 223 entreprises adhérentes au pôle, mais aussi l’Institut de l’Usine du Futur (ex-INDEED) qui va bénéficier chaque année de 10 à 15 millions d’euros du Grand Emprunt. Elle a pour objectif de changer la physionomie et donc à terme l’image de la vallée lyonnaise de la chimie.
Des plantes qui traitent les sols contaminés par des polluants organochlorés, avec une réussite de l’ordre de 99 % ou encore un système de récupération de calories perdues dans les usines en valorisant leurs effluents liquides ou gazeux : tels sont quelques-uns des des projets menés par des entreprises du pôle de compétitivité Axelera qui ont débouché récemment sur des résultats concrets…et des brevets.
Ce que l’on appelle la chimie-environnement ou la chimie verte gagne peu à peu du terrain. Actuellement en Rhône-Alpes, elle pèse désormais 48 000 emplois direct pour un chiffre d’affaires de 12,3 milliards d’euros. Près de 3 000 chercheurs spécialisés dans ce domaine déposent en moyenne 500 brevets chaque année.
C’est une évidence de la dire : comme les voitures hybrides ou électriques constituent l’avenir de l’automobile, la chimie verte est celle de la chimie qui est contrainte de s’adapter à un monde qui sera de plus en plus marqué par la rareté des matières premières et la nécessité d’économiser le CO2.
Mais on s’en doute, passer d’un modèle à l’autre s’avère très gourmand en capitaux. Le pôle de compétitivité Axelera a permis un financement des projets de Recherche & Développement grâce à un partenariat public/privé. Tel est le cas de la plate-forme collaborative Axel’one dont le but est de rassembler sur trois sites différents des équipes académiques et des PME pour mutualiser la R&D.
Le premier de ces sites, basé à Saint-Fons dans la vallée de la chimie lyonnaise sera, sur 4 500 m2, consacré aux matériaux innovants. Il va bénéficier de 10 millions d’euros d’investissements pour une mise en service à la fin 2012.
Ouvrant ses portes en 2013, le second sera lui aussi situé au cœur de la vallée de la chimie, à Solaize très précisément : un investissement de 6 millions d’euros dédié aux procédés innovants (5 000 m2).
Le troisième enfin verra le jour sur le campus de La Doua à Villeurbanne (2 000 m2) à l’horizon 2015/2016 : il permettra une expérimentation à petite échelle sur les procédés et les matériaux, phase indispensable avant le passage au stade industriel : 5,5 millions d’euros seront d’investis, dans le cadre, cette fois, du Plan Campus.
Ces différents sites permettront une intensifcation de la la collaboration publique/privée à travers des kits modulables adaptés à chacun des projets. Ils offriront aux chercheurs des équipement mutualisés tout en leur permettant l’accès à d’importants moyens analytiques et de calculs.
L’obtention récente à Lyon, dans le cadre du Grand Emprunt, de l’un des deux Instituts français de chimie décarbonnée (INDEED) va permettre d’offrir à ce dispositif une couche supplémentaire.
Il s’agira cette fois de développer, toujours dans la vallée lyonnaise de la chimie, un « Institut de l’Usine du futur » selon l’intitulé choisi par les responsables d’Axelera ; et ce, afin de développer des procédés à la fois efficaces et écologiques dans les domaines de la chimie, de l’énergie et de la récupération. Pour Pierre-Henri Bigeard, le nouveau président d’Axelera, « Notre objectif est d’accélérer l’émergence de filières industrielles compétitives, innovantes et durables. » Un développement qui s’appuiera sur les plates-formes Axel’one. La boucle est donc désormais bouclée, offrant des perspectives accrues de développement à la chimie verte.
L’Institut de l’Usine du Futur prendra la forme d’une SAS (Société à Actions Simplifiée) basée à Solaize. Il bénéficiera d’entrée de 40 millions d’euros d’investissements pour 10 à 15 millions d’euros de fonctionnement chaque année. L’objectif est à terme de générer suffisamment de ressources pour qu’il puisse devenir autonome. Cet Institut devrait d’ici dix ans rassembler près de 250 personnes et si tout se passe comme espéré, faire de Lyon, un des phares mondiaux, de la chimie verte.
Car chacun en est désormais persuadé : seuls des efforts de cette trempe permettront à Rhône-Alpes de conserver une industrie chimique dans un monde de plus en plus compétitif.
Photo–Dessin d’une des trois futures plates-formes Axel’one.