Les difficultés des TER en Rhône-Alpes : La SNCF reconnaît la saturation du réseau
La création de RFF (Réseau Ferré de France) qui a quitté le giron de la SNCF pour prendre en main les infrastructures n’a pas permis de moderniser le réseau ferré. Il est pour une bonne part saturé en Rhône-Alpes, vient de reconnaître Josiane Beaud, directrice de la SNCF. RFF traîne une dette de 28 milliards d’euros, tandis que les TGV ont été longtemps préférés aux TER en terme d’investissements. Moderniser le réseau va prendre du temps et demander beaucoup d’argent. En attendant, la directrice régionale de la SNCF propose dix pistes pour tenter d’améliorer un trafic qui ne cesse d’augmenter.
« Nous sommes en présence d’une crise de croissance qui révèle l’inadéquation entre la capacité limitée des infrastructures et le nombre de trains TER décidés dans les année précédentes… » Josiane Beaud, directrice régionale de la SNCF ne peut pas être plus claire. La politique menée par la région Rhône-Alpes en faveur du développement des Trains Express Régionaux (TER) a si bien porté ses fruits que le réseau ferré n’en peut plus !
Les conséquences sont bien décrites par la directrice régionale qui liste les difficultés rencontrées quotidiennement : « saturation des secteurs clés du réseau nœud lyonnais et étoile de Lyon, Saint-André-le-Gaz, étoile de Grenoble », notamment… Et « incapacité à absorber des aléas de toute nature : accidents de personnes, intempéries, travaux sur les infrastructures, vols de cuivre, etc. » Le moindre incident sur ce réseau surchargé se transforme en retards au détriment des usagers qui s’organisent désormais en associations pour faire savoir leur mécontentement. Les grosses difficultés rencontrées pendant l’épisode neigeux de l’automne dernier n’étaient pas seulement dues à la neige.
Rien d’étonnant non plus si le président de la région Rhône-Alpes, Jean-Jack Queyranne a tapé du poing sur la table et a infligé à la SNCF une pénalité de 3 millions d’euros, en 2010, puisque celle-ci ne respecte pas le cahier des charges signé entre la SNCF et la Région.
Le problème ne provient pas d’aujourd’hui. Il y a beaucoup de responsables dans cette affaire. A commencer par l’Etat. Lorsqu’il a décidé de dissocier les infrastructures du transport, en créant RFF (Réseau Ferré de France), ce même Etat impécunieux l’a chargé d’une dette de 28 milliards d’euros (aujourd’hui), contrairement à l’Allemagne qui a effacé à sa création la dette de la même entité germanique. La dette de RFF pourrait atteindre 40 milliards d’euros d’ici quinze ans ! Résultat : Réseau Ferré de France est structurellement déficitaire.
RFF n’a donc pas tous les moyens de son rôle. Qui plus est, a été longtemps préférée la construction de nouvelles lignes TGV, au détriment des réseaux locaux et régionaux.
Comment s’en sortir si l’on veut privilégier le rail à la voiture ? D’abord en réinvestissant dans les infrastructures. Un audit en cours de réalisation par un organisme indépendant va précisément lister tous les travaux à effectuer.
En attendant et faute de mieux, Josiane Beaud, pour arriver à faire circuler les trains préconise la mise en œuvre d’une démarche « qualité TER » qui précise-t-elle « a pour objectif de réaliser des progrès visibles et durables »…mais ajoute-t-elle aussitôt « sans toutefois promettre et assumer ce que la SNCF ne pourrait réussir seule et qui doit s’inscrire dans la durée. »
Dix actions sont préconisées par la directrice de la région SNCF de Lyon pour tenter de reprendre la main. On peut citer : la création d’un poste de responsable des crises qui en compagnie d’une équipe basée à Lyon sera chargé de tout faire pour résoudre les problèmes rencontrés sur le réseau, et ce 24 h sur 24, sept jours sur sept; la création d’équipes de cheminots prêt à suppléer des défaillances, des améliorations techniques du matériel lui permettant de mieux fonctionner par grand froid ou par temps de neige, etc.
Et comme à la SNCF, on sait que ce ne sera pas suffisant, s’ajoute à cette liste le développement des envois de textos aux usagers, afin de les alerter suffisamment tôt que leur train a du retard (il suffit de s’inscrire). Car ne nous faisons pas d’illusion : si la situation peut dans une certaine mesure s’améliorer, elle ne sera pas résolue sur le fond avant de nombreuses années et plusieurs milliards d’euros d’investissements. Qu’il faudrait démarrer au plus vite…
Photo (DR)–Un Train Express Régional (TER) : le « nœud » lyonnais, l’étoile grenobloise sont saturés.