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Les Places de Marché à l’assaut du commerce de détail : danger, oui ; mais surtout opportunité…

Les petits commerçants vont-ils se faire manger tout cru par les Places de Marché sur le Web ? Oui, s’ils n’anticipent pas et s’ils ne rentrent pas dans le circuit, ce qui leur permettrait de conserver leur boutique en dur, tout en développant leur offre sur le Web et donc de faire croître leur chiffre d’affaires. Telle est la révolution en cours décrite lors d’une conférence organisée vendredi 5 mai par le « Hub Retail » (*), en partenariat avec Lyon-Entreprises et le « Hub de l’Ile Barbe ».

Tout d’abord qu’est-ce qu’une « Place de Marché » ou « Market Place », selon la terminologie anglo-saxonne utilisée dans le monde du Web. Ce n’est pas un simple site de e.commerce, comme il en existe tant. C’est quelque chose de beaucoup plus vaste.

 Selon Eric Alessandri, le créateur de Wizaplace, une start-up lyonnaise spécialisée dans les Places de Marché, « contrairement aux plateformes de e.commerce traditionnelles avec un seul vendeur, la Place de Marché constitue un environnement multivendeurs, ce qui change tout ! »

 Une révolution en cours qui peut permettre aux petits commerçants, aux TPE ou aux PME d’intégrer l’actuelle révolution du commerce.

 De «Fan et Compagnie» à «Pharmaket»

 Un exemple : « Fan et Compagnie » en Auvergne. C’est une Place de Marché qui rassemble près de deux cents commerçants en Auvergne regroupés sur une seule plateforme, à l’initiative notamment du Crédit Mutuel. Laquelle plateforme devient bien vite incontournable, ce qui permet d’éviter l’absence totale de fidélité des Internautes qui se dirigent à travers Google vers le site de e.commerce qui lui promet le meilleur produit au meilleur prix, quel qu’il soit.

 Autre exemple : la Place de Marché des officines, « Pharmaket », un réseau de pharmacies et de parapharmacies en ligne. L’internaute commande ses médicaments et produits de parapharmacie sur internet et se fait livrer à domicile par une pharmacie française, à travers un réseau national. Ce qui évite le risque de contrefaçon, notamment. A ce jour, 350 officines constituent ce réseau national qui ne cesse de s’agrandir, réalisant déjà 10 millions d’euros de volume d’affaires.

 Mais l’exemple le plus achevé de Place de Marché est celui proposé désormais par la société grenobloise de ventes de chaussures en ligne, « Spartoo », créée en 2006. Elle compte à ce jour 400 salariés dont 200 basés au siège à Grenoble, affichant en 2016, 150 millions d’euros de chiffre d’affaires.

 La Place de Marché de Spartoo : de 80 000 à 300 000 références

 « Nous sommes passés en 2014 d’un site classique de e.commerce à celui d’une Place de Marché », explique Aymeric Moser, directeur marketing de Spartoo. Pourquoi ? « Parce que nous constations que la fidélité du e.acheteur était particulièrement faible car sur notre site, nous n’étions pas capable d’offrir une offre exhaustive et que la concurrence sur notre marché s’avérait de plus en plus forte », poursuit Aymeric Moser.

 Spartoo a alors pris le risque d’associer sur une seule et même Place de Marché ses 80 000 références, avec… 300 000 autres provenant d’autres vendeurs dont des commerçant de détail indépendants, voire même de marques vendant en direct. Le lien rassemblant tout ce petit monde ? « Un service client très exigeant que nous suivons avec des indicateurs de suivi très pointus », précise le directeur marketing. Ce sont en effet les vendeurs associés à Spartoo qui expédient eux-mêmes les produits

 Résultat : un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros supplémentaires. Et tout le monde est gagnant, un tel site devenant vite incontournable car rassemblant quasiment toutes les références d’un seul et même marché, en l’occurrence celui de la chaussure.

 Des boutiques en dur pour accompagner la Place de Marché

 A l’instar d’ailleurs de la société lyonnaise de produits électroniques LDLC.com, Spartoo s’est parallèlement engagé dans l’ouverture de boutiques en dur dans toute la France : quinze à ce jour, une centaine, à terme, en perspective. Et on assiste à ce paradoxe : « Nous croyons beaucoup aux magasins physiques pour le développement de notre Place de Marché », assure le directeur marketing de Spartoo. Ainsi, le client trouve chaussure à son pied sur le site Web qu’il va essayer et acheter dans le magasin physique, au même tarif que sur le Web.

 Bref, le commerce traditionnel ne pourra pas passer à côté de cette révolution, mais elle ne signe pas pour autant la mort des magasins physiques, mais à la condition de s’engager dans le flux de la vente sur une Place de Marché qui n’est finalement que la ré-invention des places du marché de nos centre-villes, avec une offre beaucoup plus importante, gage de réussite.

 « Si vous avez seulement un ou deux commerces dans une rue, vous n’aurez pas beaucoup de clients, mais rassemblez plusieurs dizaines de commerces au sein de cette même rue, le business sera florissant !», tranche Eric Allesandri. CQFD.

(*) Hub Retail qui compte une cinquantaine de membres est une association qui, rassemblant commerçants et logisticiens, veut promouvoir le partage d’expériences.