Les travaux d’Incity, la future plus haute tour de Lyon sont lancés : deux cents mètres, mais aussi très verte
La première pierre de la future plus grande tour de Lyon-Incity- a été posée jeudi 11 mars par Gérard Collomb, président du Grand Lyon. Une tour qui rassemblera les toutes dernières technologies permettant d’économiser l’énergie : cet immeuble de bureaux de 39 étages qui accueillera chaque jour 2 700 personnes, en consommera quatre fois moins qu’une tour traditionnelle : elle se veut un laboratoire des dernières technologies en date. Pendant la construction qui va durer plus de deux ans, mais aussi après, puisqu’a été signé un « bail vert » avec son plus gros locataire, la SNCF.
Elle devrait être articulièrement bien éclairée, la nuit. La future tour Incity de la Part-Dieu à Lyon dont la première pierre a été posée jeudi 11 avril, irradiera une belle couleur verte sitôt la nuit tombée. Choix délibéré pour souligner son caractère écolo, même si cela peut paraître paradoxal, concernant une tour de 200 mètres de haut, a priori considérée comme énergivore ?
En tout cas, tout le pari du promoteur à l’origine de cette tour élancée, Sogelym Dixence dirigé par la Lyonnais Jean-Claude Condamin et du constructeur Bouygues est justement qu’elle ne soit pas énergivore.
L’ambition de Gérard Collomb, son maire, thuriféraire des tours, d’un urbanisme de hauteur dans sa ville, est aussi qu’elle serve de lieu d’expérience en matière de développement durable.
Bardée de labels verts
Il fallait que la future tour Incity entre dans ce cadre : lorsqu’elle sera inaugurée, fin 2015, elle sera la tour la plus « verte » de toutes celles, construites en France. Elle n’est pas encore sortie de terre qu’elle est déjà bardée de labels : BBC (Bâtiment Basse Consommation), bien sûr, mais aussi HQE (Haute Qualité Environnementale) et encore « breeam Excellent », un label britannique extrêmement contraignant.
« La tour consommera quatre fois moins d’énergie que les tours traditionnelles », assure son architecte, Denis Valode. Elle sera encore moins énergivore que la dernière en date, construite à la Part-Dieu par le même Sogelym Dixence : la tour Oxygène. « Depuis, des progrès en la matière ont été réalisés », ajoute-t-il.
La tour Oxygène consomme 141 kwh/m2, la future tour Incity devrait se contenter de 84 kwh/m2.
Comment l’architecte, Denis Valode, est-il parvenu à ses fins ? Il a fait en sorte que la morphologie de la tour permette une utilisation minimale de la lumière artificielle : 90 % des locaux seront éclairés « en premier jour ».
Les façades ont été composées en fonction de leur exposition. Celles tournées vers l’est, le sud et l’ouest, seront du type double peau mincie, favorisant une bonne protection solaire.
La tour sera pour une bonne part chauffée par le réseau urbain « permettant une couverture de près de 60 % par des énergies renouvelables, ordures ménagères et biomasse ». Cette production de chaleur sera en outre associée à une pompe à chaleur sur l’air extérieur.
L’éclairage artificiel a lui aussi été très étudié puisqu’il permettra un niveau d’éclairement moyen de 300 lux avec une puissance maximum de 5 watt/m2.
Si le feu vert a été donné pour le lancement de la construction, la raison tient à la signature d’un contrat de bail avec la SNCF qui occupera la moitié de la tour, soit 17 600 m2 : elle occupera seize plateaux, au-delà du 22ème étage.
Un « bail vert » entre Sogelym et la SNCF
La loi l’imposant désormais, un « bail vert » a été signé entre le promoteur et la SNCF. Important, car il ne suffit pas de construire avec tous les canons du développement durable, mais aussi encore faut-il que l’utilisation, derrière, suive.
Ce « bail vert » comporte toutes les dispositions à prendre concernant la maîtrise des énergies, la consommation d’eau, la gestion des déchets, il stipule également « un guide d’occupation environnementale ».
Un comité de pilotage et de résolution des conflits sera même instauré : il fixera les objectifs à atteindre en matière de performance environnementale.
Bref, cette tour qui va mettre sur le marché de l’immobilier d’entreprise, une fois terminée, fin 2015, 44 000 m2 de bureaux supplémentaires à la Part-Dieu, sera l’une des plus vertes de France.
Un financement international
Tout ceci a un coût : 250 millions d’euros, nécessitant un financement complexe et international avec un pool bancaire mené par la Banque Cantonale de Genève et où l’on retrouve, aux côtés de la Lyonnaise de Banque et de la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes, la Bank of China. Pour compléter le tout, une émission obligataire de 40 millions d’euros a été souscrite par un fonds britannique : Perella Weinberg Partners.
Mais, même si son loyer sera particulièrement élevé avec 315 euros du m2, cela ne signifie pas qu’à l’arrivée ce ne soit pas pour les locataires (relativement) économique. Le loyer ne compte que pour 50 % dans le cacul d’un poste de travail : il faut prendre en compte le mode d’occupation des lieux que Sogelym a voulu maximal et les économies d’énergie.
Ce qui prouve que développement durable peut très bien rimer avec confort et économie.
Pas de parking automobile, mais… un parc à vélo
A noter enfin que cette tour ne bénéficiera pas d’un parking en propre. Ses occupants n’auront droit qu’aux parkings publics de Lyon Parc Auto proches, ce qui permettra de pallier la baisse de fréquentation constatée l’année dernière dans ces parkings : – 15 %. Seul sera accueilli un parc à vélos susceptible de recevoir 110 deux roues.
La Tour Incity sera la cinquième du second quartier d’affaires de France après le Défense, par ordre croissant de hauteur, après la Swiss Life, EDF, Oxygène et la Part-Dieu. Et donc la plus haute. Elle devrait être ensuite complétée par d’autres tours dont certaines sont déjà dans les tuyaux pour former une « skyline » qui serait inspirée, assurent les urbanistes, par la ligne d’horizon montagneuse des Alpes.
Une manière de fondre dans le paysage ces futures tours qui, contrairement à Paris, n’ont pas vraiment à Lyon, trouvé d’opposants suffisamment vigoureux.