L’ex-Superphénix en Isère, transformée en super-centrale photovoltaïque de 22 000 panneaux…
On l’a oublié depuis, mais la centrale de Creys-Malville, en l’occurrence le surgénérateur baptisé SuperPhénix qui était censé redonner un nouveau souffle au nucléaire français s’est traduite par un échec cuisant. Sur ce site va être installé une centrale photovoltaïque.
La centrale qui a coûté près de…60 milliards d’euros et qui était censée utiliser comme combustible nucléaire le plutonium provenant des « cendres » usées des autres centrales et permettant donc leur recyclage, n’a fonctionné que quelques années avant d’être arrêtée en 1997.
Sa courte histoire a notamment été marquée par une attaque au lance-roquette pendant sa construction, de nombreuses manifestations à son encontre, puis lors de sa mise en fonctionnement par des incidents à répétition dont des fuites de sodium liquide, avant qu’on ne décide de tirer un trait définitif sur cette technologie inaboutie.
Cette centrale nucléaire située à 70 kilomètres de la place Bellecour à Lyon est depuis lors, en phase de démantèlement. C’est même le plus grand réacteur en démantèlement du monde ! Une phase, on le sait, en matière de nucléaire, très longue.
Un éclatant échec
Que faire désormais de ce site marquant l’un des plus éclatants échecs du nucléaire français ?
La filiale EDF Renouvelables de l’électricien français a trouvé la solution : transformer le site en une centrale photovoltaïque qui sera assurément moins spectaculaire qu’un surgénérateur mais produira, elle, au moins de l’électricité.
EDF Renouvelables lance en effet le chantier d’une centrale solaire au sol de 12 MW sur les terrains de la centrale nucléaire de Creys-Malville.
“La future centrale contribue au Plan solaire d’EDF, qui vise à faire du Groupe l’un des principaux acteurs de l’énergie solaire en France, avec 30 % de parts de marché d’ici 2035”, lance la filiale d’EDF.
Localisée dans le département de l’Isère, la centrale solaire s’étendra sur une surface de 10 hectares.
Sa production permettra d’alimenter l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 6 000 habitants, soit à la fois les populations de Morestel et Creys-Mépieu réunies.
Après les opérations de terrassement préalables engagées en octobre 2021, les travaux vont débuter par l’installation des structures supportant les panneaux photovoltaïques.
Ces opérations seront suivies par la mise en place de 22 000 panneaux photovoltaïques, à partir de l’été 2022.
La mise en service est, quant à elle, prévue début 2023.
Financement participatif avec les habitants
EDF précise que “ le projet de centrale solaire génèrera des retombées économiques locales complémentaires à celles du chantier de démantèlement, dès sa phase de construction, avec notamment le recours à Brunet TP, une entreprise du territoire pour la réalisation des opérations de terrassement. Les habitants situés à proximité de la centrale auront également l’opportunité d’investir à partir du mois de juin dans sa construction au travers d’une campagne de financement participatif.”
Sur le site de Creys-Malville, EDF exploite une installation d’entreposage du combustible et mène donc les opérations de démantèlement du réacteur Superphénix.
Pour Sofiane Boukebbous, directeur de Zone Sud-Est d’EDF Renouvelables : « Ce projet est le résultat d’une collaboration étroite entre les équipes de la centrale nucléaire et d’EDF Renouvelables. Il symbolise la continuité d’une production d’énergie bas carbone et le savoir-faire des équipes du site de Creys en termes de démantèlement nucléaire. Ce nouveau projet participe à la mise en œuvre du Plan solaire d’EDF».
Une manière de tirer un trait définitif sur SuperPhénix via une forme de substitution bas carbone…