L’Idex, c’est fini. Le gâchis : les milieux économiques avaient raison de s’inquiéter
Il n’y aura pas de méga-université lyonno-stéphanoise capable de peser à l’échelon mondial. En votant contre le projet auquel elle était associée, l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne a coupé les ailes au projet, “définitivement arrêté” par la ministre des Universités. Un beau gâchis.
« L’aire métropolitaine Lyon/Saint-Etienne bénéficie de tous les atouts pour transformer l’opportunité que représente l’Idex en une réussite exceptionnelle qui fera de notre ensemble universitaire, une université de rang mondial, un acteur économique à part entière du développement et de l’innovation sur le plan local, national et international, en lien avec nos entreprises et ancré sur ses territoires, riches de leurs identités différentes ».
C’est ce grand espoir qu’avaient rappelé au nom du monde économique, en août dernier, les responsables de la Chambre de Commerce Lyon-Saint-Etienne-Roanne.
Une chambre de commerce qui au passage avait su mettre de côté les egos de clocher pour créer une structure qui rassemblant sous une même enseigne les entreprises de Lyon, Saint-Etienne et Roanne, pèse désormais très lourd.
Ce ne sera pas le cas pour l’Idex.
La ministre des Universités, de la Recherche et de l’Innovation et le Secrétaire général pour l’investissement ont en effet annoncé jeudi 29 octobre que l’Idex de Lyon-Saint-Etienne était définitivement arrêté.
Dans une déclaration commune, ils expliquent que c’est la position du conseil d’administration de l’université Jean-Monnet de Saint-Étienne qui stoppe définitivement la création de cette méga-université.
Le conseil d’administration de l’Université stéphanoise a en effet largement rejeté ce projet d’Idex par 22 voix contre 11 pour et une abstention.
Cent millions d’investissements abandonnés
Pour rappel, l’Idex (pour Initiatives d’excellence) est un label, accordé à des sites d’enseignement supérieur et de recherche de France accompagné de financements. Il s’agissait là de 30 millions d’euros et sans doute plus près de 100 millions avec les effets de levier, qui auraient pu être investis dans la modernisation de nos universités à Lyon et Saint-Etienne, pour les rendre plus performantes à l’échelle européenne.
Le long feuilleton Idex qui s’est traduit lors de multiples épisodes par un rattrapage d’abord en 2012, la mise à l’écart de Lyon2 ensuite, puis le départ du projet de l’Insa de Lyon, est donc définivement enterré. On ne peut pas dire que le ministère n’ait pas fait preuve de patience…
Mal parti d’entrée, ce projet d’Idex n’a en fait pas su créer une dynamique susceptible d’emporter l’ensemble du monde universitaire et des grandes écoles comme ce fut le cas dans d’autres métropoles.
Parmi les obstacles à ce regroupement, les établissements craignaient de perdre leur personnalité morale et juridique, ainsi que leur marge de manœuvre.
La ministre de l’enseignement supérieur « regrettent vivement que l’État soit amené à prendre cette décision” ; et mettent du sel sur les plaies béantes en regrettant “mettre un terme à un projet pourtant très structurant pour les territoires lyonnais et stéphanois qui aurait renforcé leur ancrage régional, leur impact socio-économique et leur visibilité à l’international ».
“C’est une immense déception”
« Ils espèrent toutefois qu’à l’avenir et dans le cadre d’une autre procédure que celle des initiatives d’excellence, les établissements lyonnais et stéphanois sauront trouver une autre manière de faire reconnaître et valoriser le potentiel académique et scientifique exceptionnel qui est le leur ». Vu les ruines que ce projet laisse derrière lui, un tel souhait apparaît pour l’heure bien pieux…
Gérard Collomb, l’ancien maire de Lyon qui avait fortement soutenu le projet ne cache pas son dépit, à l’instar du monde économique plutôt discret sur cet échec : « En abandonnant le projet Idex, Lyon et Saint-Etienne renoncent à faire partie des grandes universités européennes. Pour moi, c’est une immense déception ! »