L’utopie devient réalité : le projet d’Alain Mérieux de “place de marché du social” à Lyon affiche ses premières réussites
Il est rare qu’un chef d’entreprise s’engage à ce point dans le social. C’est ce qu’a fait en février 2019 Alain Mérieux en lançant à la tribune de la Fête de l’entreprise de la CPME à la Halle Tony Garnier un appel aux chefs d’entreprises de la Métropole.
L’entrepreneur de 82 ans avait alors expliqué aux 2 000 chefs d’entreprises présents : “Le vieux chien que je suis est sorti de sa niche pour lancer un appel aux entreprises : ma vision est celle d’un capitalisme entrepreneurial qui se bat dans la société. Voir la précarité grandir dans notre pays constitue pour moi une grande inquiétude. Ce n’est plus supportable ; la société française ne peut plus laisser tous ces gens sur le bord du chemin ! »
Et d’annoncer alors la création de “L’entreprise des Possibles” avec cet objectif : faire travailler la main dans la main le monde économique et les associations pour faire en sorte qu’il n’y ait plus de sans abris dans les rues de Lyon et qu’ils trouvent tous un toit.
Un projet utopique pour beaucoup, mais ce soir là, à la tribune, il y avait mis tellement d’enthousiasme que tout le monde avait eu envie d’y croire.
Où en est-on, dix-huit mois après cet appel solennel, digne de celui d’un autre Lyonnais, l’abbé Pierre ?
Eh bien, malgré le Covid qui a accentué la pauvreté – les distributions de repas par les associations n’ont jamais été aussi importants- le bilan est positif.
Près de 1 150 SDF ont été accompagné, 550 ont été mis à l’abri.
55 entreprises, 5 % de “part de marché”…
Les dix-sept entreprises des débuts (dont Algoé, Groupe Apicil, BioMérieux, Crédit Agricole, CIC, EDF, Institut Mérieux, Sanofi, Seb, Visiativ, etc.), ont laissé la place à 55 entreprises avec l’arrivée de Michelin, CMS, du cabinet d’avocats Fromont et Briens, etc.).
Un total de 32 000 salariés de ces entreprises se sont mis sur les rangs et ont notamment fait dont de journées de congés payés.
Mais pour Alain Mérieux, ce n’est pas encore suffisant pour parvenir à l’objectif fixé.
Avec l’humour dont il ne se départi jamais, il précise “Nous pouvons faire beaucoup mieux, nous n’avons que 5 % de part de marché en prenant en compte l’ensemble des entreprises de la Métropole…” Un nouvel appel donc pour accélérer les choses.
L’intuition d’Alain Mérieux était la bonne
Ces dix-huit mois ont aussi permis de constater que l’intuition d’Alain Mérieux était la bonne.
L’association qu’il a créée, “l’Entreprise des Possibles” correspond à un véritable besoin. L’Etat ne peut pas tout. C’est à la société civile de se saisir en partie du problème et il manquait véritablement une structure, une holding si l’on ose dire ou plutôt comme l’explique un chef d’entreprise responsable d’une association caritative, d’“une place de marché du social” qui fasse le lien entre deux mondes qui ne se connaissaient pas jusqu’à présent : celui de l’entreprise et celui des associations œuvrant dans le domaine social. Ces dernières travaillent également souvent chacunes dans leur coin.
C’est donc une structure souple, efficace et dotée de moyens qu’Alain Mérieux a mis au service des associations qui sont les maîtres d’œuvre sur le terrain.
320 000 euros de fonds ont ainsi pu être levés en 2020 par “l’Entreprise des Possibles”, soit trois fois plus qu’en 2019 ; tandis que 630 000 euros de dons de congés payés ont été octroyés par les salariés.
Mais Alain Mérieux ne s’en cache pas : le chemin va encore être long.
Mais des projets importants sont en train de sortir de terre, à l’instar du projet de “Halte des femmes”qui vise à accueillir les femmes à la rue seules ou avec enfants (composé de “25 petites structures) ; ou de “la Base” à Villeurbanne, un village composé de chalets accompagné d’une prise en charge de leurs occupants ; voire eneocre un autre projet de centre d’accueil d’urgence, dans l’ancien hôpital Antoine Charrial de Francheville pour accueillir là encore des femmes seules ou avec enfants, à la rue. D’autres projets de même type sont dans les tuyaux.
“Faire de Lyon, une terre solidaire”
Bref, l’objectif affiché, “Faire de Lyon une véritable terre solidaire en rapport avec les valeurs humanistes de la Ville” n’est pas qu’un simple affichage, mais est en train de devenir réalité.
Et ce, parce que pour la première fois sur cette thématique les élus, comme les associations et les entreprises tirent ensemble et de manière coordonnée dans le même sens.
Tout ceci nourrit l’enthousiasme d’Alain Mérieux qui en a à revendre : “Ça nous donne la niaque, nous avons une méchante pêche : tout ce qui est en train d’être fait nous montre que la route sera belle et chargée d’espoir.”
On l’aura compris, il ne faut pas s’attendre à ce que le président de “l’Entreprise des Possibles” fasse baisser la pression sur ses troupes…