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Lyon face à l’effort budgétaire le plus lourd imposé par l’État : 100 millions en moins

Lyon est la ville à qui le gouvernement demande le plus d’efforts

La Métropole de Lyon, unique en son genre avec ses fonctions d’agglomération et de département, est aujourd’hui au cœur d’un débat national sur les économies budgétaires imposées par l’État. Son président, Bruno Bernard, tire la sonnette d’alarme face à des demandes jugées disproportionnées. Avec une coupe estimée à près de 100 millions d’euros, Lyon devient la collectivité la plus touchée de France, suscitant colère et incompréhension.

En tant qu’agglomération et département, la Métropole de Lyon gère un budget colossal de 2,6 milliards d’euros. Cependant, sur cette somme, une large part est dédiée à des dépenses contraintes : près de 900 millions d’euros pour les aides sociales comme le RSA ou les allocations pour personnes handicapées, des dépenses décidées au niveau national. À cela s’ajoutent 450 millions pour les salaires des agents, et les contributions aux services essentiels tels que les pompiers et les transports en commun. Ce sont donc seulement 775 millions d’euros qui restent pour financer les projets locaux et les ajustements nécessaires.

Face à une telle situation, la demande de réduction de 100 millions d’euros apparaît insoutenable. Selon Bruno Bernard, ces économies toucheraient directement les aides aux associations, l’entretien des espaces publics, et d’autres services vitaux. Ces coupes, selon lui, risquent de déséquilibrer profondément l’économie locale et la vie quotidienne des habitants.

Pourquoi Lyon est-elle la plus impactée ?

La structure unique de la Métropole de Lyon, qui combine les compétences d’une agglomération et d’un département, joue un rôle dans cette pression budgétaire accrue. Les dépenses sociales, en hausse constante, absorbent une grande partie des ressources, tandis que les recettes subissent des fluctuations imprévisibles.

L’une des principales causes des difficultés actuelles est la suppression par l’État de la Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises (CVAE), remplacée par une fraction de la TVA, entraînant une perte nette de 41 millions d’euros en 2023. De plus, la baisse des droits de mutation (les frais de notaire) a privé la Métropole de 183 millions d’euros entre 2022 et 2024, aggravant encore la situation.

Pour Bruno Bernard, cette situation reflète une absence de dialogue entre l’État et les collectivités locales : « On nous demande de faire des économies colossales sans que l’État réduise ses propres dépenses. Cela crée une pression intenable. »

Les répercussions sur l’économie locale de Lyon

Au-delà des chiffres, ce sont les répercussions sur l’économie lyonnaise qui inquiètent. La Métropole de Lyon est l’un des plus grands investisseurs publics de la région. Ses projets d’infrastructures, de mobilité et d’aide aux entreprises jouent un rôle clé dans l’attractivité et le dynamisme de l’agglomération. Si ces investissements sont réduits, les conséquences pourraient être catastrophiques : un ralentissement des chantiers, une baisse des commandes pour les entreprises locales, et une hausse du chômage.

En parallèle, les associations, qui dépendent des subventions publiques pour mener leurs actions, risquent de se retrouver en difficulté. Ces structures jouent pourtant un rôle crucial dans le tissu social, en soutenant les populations vulnérables et en dynamisant la vie locale.

Bruno Bernard s’inquiète également des effets indirects à moyen terme. « En diminuant nos capacités d’investissement, nous risquons de provoquer une récession locale, avec une chute des recettes fiscales et une augmentation du chômage. »

Des solutions pour éviter l’asphyxie à Lyon et dans le Rhone-Alpes

Malgré la gravité de la situation, des solutions existent selon Bruno Bernard. L’une d’entre elles serait de rétablir la CVAE, une taxe supprimée mais dont les entreprises, selon lui, n’ont pas ressenti l’impact. Cette mesure permettrait de dégager rapidement des recettes supplémentaires sans affecter directement les ménages ou l’activité économique. Il appelle également à des réformes fiscales, comme la réintroduction de l’ISF, qui pourraient alléger la pression sur les collectivités.

Sur le plan local, la Métropole a déjà entrepris des efforts pour rationaliser son fonctionnement. Parmi les mesures prises : réduction du nombre de chauffeurs et de véhicules officiels, réorganisation des services pour optimiser les ressources, et suppression de certains postes administratifs non essentiels. Ces actions, bien que significatives, ne suffisent pas à combler le manque à gagner imposé par les décisions gouvernementales.

Bruno Bernard insiste : « Nous sommes prêts à faire des efforts, mais pas à ce rythme, et pas dans ces proportions. L’État doit prendre ses responsabilités et revoir sa copie. »

Un avenir incertain pour la Métropole lyonnaise et ses habitants

Les mois à venir seront cruciaux pour la Métropole de Lyon. Les arbitrages budgétaires en cours détermineront l’ampleur des coupes et leurs impacts concrets sur les services publics et les projets en cours. Mais au-delà des chiffres, c’est la capacité de la collectivité à maintenir son rôle moteur pour le territoire qui est en jeu.

Si les demandes actuelles du gouvernement restent inchangées, Lyon devra non seulement réduire ses dépenses, mais aussi revoir ses ambitions en matière de développement économique et social. Les collectivités locales, qui réalisent deux tiers des investissements publics en France, jouent un rôle clé dans la stabilité économique du pays. Une diminution drastique de leurs capacités d’action risque d’aggraver les tensions, non seulement à Lyon, mais dans l’ensemble des territoires.

Dans ce contexte, Lyon incarne le symbole d’une collectivité prête à se battre pour préserver son dynamisme et son attractivité, malgré une pression sans précédent. Reste à savoir si le gouvernement saura entendre cet appel à la raison.