Aéroport Lyon-Saint Exupéry et Loi Climat : les liaisons aériennes vers Paris et Marseille devraient disparaître, mais…
Réunis en séance à l’Assemblée Nationale, samedi 10 avril, les députés ont sur le papier, donné le coup de grâce aux liaisons aériennes courts-courriers, du moins celles qui bénéficient d’une alternative TVG de 2 h 30 ou moins. Or, c’est le cas pour les lignes Lyon/Paris et Lyon/Marseille qui pourraient disparaître, sauf que, petite précision, cette décision ne concerne pas les correspondances. Certains vols Lyon/Roissy pourraient donc bien subsister.
Exit Lyon-Paris et Lyon-Marseille au départ de l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry ?
Sur le papier, oui.
L’Assemblée nationale a voté samedi 10 avril en première lecture la suppression de certaines lignes aériennes intérieures, en cas d’alternatives en TGV de moins de 2 h 30 ; et ce, après un débat animé et des divergences jusqu’au sein la majorité.
Cette mesure emblématique du projet de Loi Climat vise à supprimer des liaisons entre Paris et Nantes, Lyon ou Bordeaux, mais prévoit des exceptions pour les trajets en correspondance.
La Convention citoyenne pour le climat avait réclamé de renoncer aux vols intérieurs en cas d’alternatives de moins de 4 heures en train, et non 2 h 30. Elle n’a pas eu gain de cause.
“4 heures, ça vient assécher les territoires”
Ce sera en définitive 2 h 30 : car, en réalité le projet de loi gouvernemental entérine surtout l’existant, puisque le gouvernement avait contraint Air France à renoncer aux liaisons concernées en contrepartie d’un soutien financier en mai 2020.
Il interdira aux concurrents de s’engouffrer dans la brèche. « Nous avons choisi le seuil en train de 2 h 30 car 4 heures ça vient assécher des territoires souvent enclavés comme le grand Massif Central… Ce serait inique sur le plan de l’équité des territoires », a argumenté le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari.
Pour autant, verra-t-on la disparition définitive et totale de ces liaisons ? Pas si sûr. Elles prendront un coup sur l’aile, c’est sûr, mais certains vols devraient subsister.
Lyon-Marseille où existent peu de correspondances et dans une certaine mesure les vols entre Lyon et Orly devraient être concernés par la loi.
Mais des exceptions pour les trajets en correspondances seront toutefois possibles : les liaisons entre Lyon et Roissy-Charles-de-Gaulle, par exemple, ne seront pas supprimées, l’aéroport parisien étant considéré comme un hub permettant de rejoindre des destinations internationales…
Un effet bénéfique à terme ?
D’un autre côté, l’abandon total de ces vols, s’il intervenait, pourrait paradoxalement avoir un effet bénéfique : pousser les compagnies à proposer les longs courriers en vol direct au départ de Lyon, ce qui sera économiquement possible grâce la nouvelle génération d’avions longs courriers, voire très longs courriers à petite jauge qui va arriver (dès 2023) sur le marché avec l’Airbus A 321 XLR (extra long range), capable d’assurer des vols de dix heures avec 244 passagers à bord. Un avion long courrier qui coûte beaucoup moins cher à acheter, à entretenir et à exploiter qu’un gros-porteur… Et par ailleurs beaucoup moins gourmands en kérosène.
La nouvelle loi doit s’appliquer, en principe, le dernier dimanche de mars de l’année suivant la promulgation de la loi. A moins que, comme le demandent certains députés, son application soit repoussée pour ne pas rajouter à la crise du transport aérien.
Enfin, ce projet de loi peut évoluer, s’agissant d’un vote en première lecture. A suivre…
Photo : finie la navette Lyon-Orly d’Air France