Lyon-Saint Exupéry : le nouveau « Campus » pour pilotes et équipages amorce sa montée
Laurent Japhet, ancien pilote de Brit’air avait un rêve secret, bien qu’un peu fou : créer sur le site de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry un véritable campus dédié aux pilotes et aux équipages avec un centre de simulateur de vol, un autre dédié à la formation, un troisième consacré à l’expertise médicale, le tout accompagné d’une résidence et d’un restaurant pour accueillir les stagiaires. Un projet entièrement privé, sans aides publiques et financièrement lourd. Il a réussi à convaincre des investisseurs de poids dont la Caisse d’Epargne et la Caisse des Dépôts, ce qui a permis d’inaugurer le 7 septembre la toute première phase de ce projet formée de deux simulateurs de vol. La suite dépendra pour une bonne part de l’intérêt des compagnies aériennes.
Deux nouveaux bâtiments construits en sept mois viennent d’apparaître à l’entrée ouest de l’aéroport de Lyon-Saint Exupéry. Dans l’un d’entre eux, posées sur d’immenses pieds articulés, d’étranges machines ressemblant de l’extérieur à des soucoupes volantes pour films de série B. Lorsque l’on pénètre à l’intérieur, on se retrouve dans le cockpit d’un avion de ligne reconstitué avec une précision extrême. Vous l’avez deviné, il s’agit de simulateurs de vol.
La première machine reconstitue le cockpit de l’A 320, la seconde celui du Boeing 737. Tous deux ont été construits par une société hollandaise : Sim industries. Chacun de ces petits bijoux d’informatique et de mécanique coûte entre 8 et 10 millions d’euros ! Au milieu de ces simulateurs inaugurés mardi 6 septembre, on pouvait apercevoir un homme aux anges, un ancien commandant de bord de la compagnie Brit’Air, Laurent Japhet qui voyait son rêve réalisé.
C’est lui le président du conseil d’administration d’Air Campus, la société qu’il a créée pour mener à bien le projet dont il rêvait depuis longtemps : la création d’un véritable campus privé pour les pilotes et les équipages des avions de ligne. Un projet qui n’en est qu’à ses balbutiements. L’objectif de Laurent Japhet est de rassembler, non pas deux simulateurs seulement, mais huit à terme ; tout en complétant ce centre de simulateurs avec un centre de formation pour pilotes, hôtesses et steward et un autre consacré à l’expertise médicale des professionnels de l’aviation, le tout adossé à une résidence hôtelière et à un restaurant ouvert 24 h sur 24 pour correspondre aux modes de vie spécifiques des personnels navigants. Un projet de longue haleine qui devrait prendre plusieurs années pour être mené à son terme.
En fonctionnement depuis le mois de mai dernier, les deux simulateurs attirent surtout pour l’heure un public de pilotes non qualifiés qui doivent financer eux-mêmes leur formation,. Ces pilotes individuels devraient, selon Laurent Japhet, constituer 40 % de son chiffre d’affaires. Il compte attirer aussi les entreprises et les particuliers. A 380 euros en moyenne l’heure de simulateur, ceux-ci ne devraient représenter que 5 % du CA . Son pari sera en fait gagné lorsque Air Campus aura attiré les compagnies aériennes pour former leurs pilotes. Pour l’heure la seule grande compagnie avec laquelle Air Campus a contracté est Lufthansa. Pour convaincre les autres, l’équipe d’Air Campus écume les salons professionnels sur les cinq continents.
Laurent Japhet est optimiste : « On estime que l’on aura besoin dans le monde de 25 000 nouveaux pilotes . Et ces nouveaux pilotes, il faudra bien les former !» Le métier dans lequel s’est lancé l’ancien commandant de bord est en outre récurrent puisque chaque pilote doit tous les six mois re-tester ses connaissances sur un simulateur de vol.
Pour mener à bien son projet Laurent Japhet a su convaincre de nombreux investisseurs. Il est accompagné de la Caisse des Dépôts qui a acquis l’immeuble abritant les activités d’Air Campus pour 4,1 millions d’euros, tout en étant actionnaire de la société, à hauteur de 25 %. S’y ajoute la Caisse d’Epargne Rhône-Alpes (CERA) qui a financé le simulateur du Boeing 737 aux côtés de Natixis et de Natixis Lease. Cette dernière a également mis en place des financements adaptés pour les pilotes non qualifiés souhaitant être formés. De nombreux autres acteurs régionaux sont aussi présents au sein du capital.
Autre partenaire important de ce projet : le promoteur immobilier CFA du Groupe Financière Duval qui a construit les deux premiers bâtiments, mais qui ne s’arrêtera pas là. La rentabilité de l’opération est aussi permise par la construction parallèle de 30 000 m2 de plancher d’immeubles tertiaires et d’immeubles mixtes, contigus à Air Campus et susceptibles d’accueillir à terme 900 salariés. La construction du premier, d ‘une superficie de 1 750 m2 devrait être lancé en décembre prochain pour une livraison un an plus tard. Selon les promoteurs, les locaux de ce premier immeuble sont déjà vendus aux trois-quarts. Un autre devrait suivre la foulée.
Objectif d’Air Campus, selon Laurent Japhet : un chiffre d’affaires, selon le plus ou moins grand succès dès la première année pleine, situé entre deux et quatre millions d’euros ; huit millions, d’ici cinq ans. Il ne lui reste plus qu’à faire usage de tous ses talents de persuasion en direction des compagnies aériennes pour faire atterrir cette nouvelle société de services aériens vers des exercices rentables.
Photo : L’un des deux simulateurs de vol d’Air Campus, celui de l’Airbus A 320.