Lyonbiopôle : un développement de plus en plus créateur d’emplois
Sida, H1N1, grippe aviaire, maladie de la vache folle, etc. : les maladies infectieuses font en permanence l’actualité, illustrant la grande fragilité de notre planète en ce domaine. Or, Lyonbiopôle, le plus important pôle de compétitivité de la région Rhône-Alpes avec Minalogic à Grenoble s’est justement donné pour tâche de « construire un bouclier sanitaire pour combattre les maladies infectieuses humaines et animales et les cancers viro-induits. »
Cinq ans après se création, ce pôle ne cesse de se développer. Il a ouvert en 2009 un centre d’infectiologie, il prépare pour 2012 une plate-forme technologique et a présenté sa candidature dans le cadre du Grand Emprunt à la création d’un Institut de Recherche Technologique pesant plusieurs centaines de millions d’euros. Des projets qui s’annoncent assurément créateurs d’emplois.
Question récurrente : les pôles de compétitivité sont-ils créateurs d’emplois ? Première réponse : ils ont déjà permis d’éviter qu’un certain nombre de grandes entreprises liées au territoire par la recherche ne se délocalisent. L’exemple le plus connu est celui du Japonais Toray qui, de son propre aveu, sans le pôle de compétitivité Axelera, aurait quitté depuis longtemps le site qu’il possède à Saint-Maurice de Beynost dans l’Ain.
La deuxième réponse est donnée par une étude de l’Apec Rhône-Alpes (*) qui a réalisé une estimation des emplois susceptibles d’être créés en Rhône-Alpes entre 2010 et 2015 par les quinze pôles de compétitivité présents dans la région. Dans l’hypothèse optimiste, les pôles seraient susceptibles de créer 75 000 emplois. Dans l’hypothèse pessimiste, 15 000 emplois seraient tout de même créés. On peut sans trop se mouiller estimer que c’est une hypothèse intermédiaire qui devrait l’emporter, ce qui suffirait à valider la politique de développement économique en s’appuyant sur ces pôles de compétitivité.
Ayant atteint leur maturité, les Pôles, du moins un certain nombre d’entre eux, commencent à obtenir une taille critique leur permettant, grâce aux forts investissements dont ils bénéficient, de créer des emplois, en nombre parfois. Ce devrait être désormais le cas de Lyonbiopôle.
Créé en 2005 et marqué d’emblée d’une « vocation mondiale », ce dernier, basé à Lyon-Gerland (14 salariés pour sa structure de gouvernance) est né de la volonté de quatre grandes entreprises : Sanofi Pasteur, Mérial, bioMérieux et BD France. Depuis, il a bénéficié d’un vrai pouvoir d’attraction : il rassemble désormais 67 PME Soit près de 80 % de celles du secteur,.
En cinq années d’existence, il a réussi à développer 75 projet grâce à 439 millions d’euros d’investissements auxquels il faut rajouter 170 millions d’aides obtenues de l’Etat.
Depuis 2009 le pôle passe à la vitesse supérieure en développant des structures prometteuses. La première à voir le jour a été le centre d’infectiologie, une plateforme de 2 000 m2 basée à Lyon-Gerland. Il permet aux entreprises du pôle de réaliser en commun des projets de Recherche&Développement : 5 millions d’euros d’investissement. Inauguré en avril 2009, cet « hôtel à projets » qui accueille six équipes de R&D est déjà plein comme un œuf.
Parallèlement, Lyon-biopôle développe un « business center » dans l’immeuble qu’il occupe à Gerland.
Dopé par ce succès et pour compléter la chaîne de l’innovation, ce pôle dirigé par Philippe Archinard a lancé un nouveau projet : une plate-forme technologique baptisée AcCinov. Son but est cette fois de développer un site de bio-production de lignées cellulaires, d’anticorps monoclonaux, etc., sur une surface de 6 000 M2. Ce type de production est pour l’heure plutôt développée à l’étranger. Or, pour Philippe Archinard, « L’idée est de faire venir des entreprises qui font de l’analyse biologique et de la bio-production. Les contraintes réglementaires sont tellement lourdes qu’une fois installé, ce type de labo ne bouge plus. » Un projet de l’aveu de Philippe Archinard, « très riche en emplois : 100 millions d’euros d’investissements représentent dans notre secteur 500 emplois.» Il sera livré en 2013, mais d’ores et déjà un certain nombre d’entreprises candidates frappent à la porte.
Le dernier volet (pour l’heure) de la fusée Lyon-biopôle est constitué par la candidature du pôle à à la création d ‘un Institut de Recherche Technologique, en collaboration avec le Grand Lyon et l’Université de Lyon, financé par le Grand Emprunt à hauteur de 400 millions d’euros.
L’objectif est cette fois en créant une plate-forme interdisciplinaire de R&D « de développer des activité marchandes à forte valeur ajoutée et de se positionner sur de nouveaux marchés en visant le peloton de tête mondial ». Le pôle doit déposer son dossier le 31 janvier prochain, la réponse devant intervenir en avril prochain, la première sélection ayant lieu en février. Il n’est pas le seul candidat, loin s’en faut, puisque 16 autres projets devraient être déposés pour 4 à 6 de retenus seulement. Mais du fait de son parcours et de sa densité, Lyon bio-pôle a de bons atouts pour l’emporter.
Il faut en tout cas l’espérer : le créneau de l’infectiologie est pour le moins porteur. Ce marché progresse de 5 % par an. Il devrait représenter 100 milliards d’euros en 2013 à l’échelon de la planète. Mais il est l’objet d’une redoutable concurrence. Or, pour faire le poids face aux autres pôles similaires, il n’y a qu’une stratégie » possible : investir, investir…
(*) Association pour l’emploi des cadres.
Illustration (lyonbiopole) : La future plate-forme « AcCinov »(Cet acronyme signifie : « Accélérer la mise en œuvre du Centre d’Infectiologie pour mieux INOVer »), de Lyon-Gerland.