Made in France : la société lyonnaise Jumfil fait de la résistance
Plus de 90 % des vêtements de la marque Jumfil sont fabriqués dans la région lyonnaise. Ralph Crolla, Pdg de cette PME de cinquante salariés veut faire du label « Made in France », le porte étendard de cette PME qui vient de repenser son magasin lyonnais sous cet angle, en proposant aussi d’autres produits tricolores tout aussi haut de gamme, tels Paraboots, Opinel ou O’But. Clientèle notamment visée : les touristes argentés.
« On me demande souvent : comment faites-vous ? Moi aussi, je me le demande parfois ! », lance avec un large sourire Raph Crolla, Pdg de Jumfil.
Derrière cette boutade, l’exploit d’une PME de cinquante salariés qui n’a pas attendu que le « made in France » revienne à la mode avec l’aide des marinières ministérielles pour fabriquer ses vêtements dans la région lyonnaise.
Cette entreprise dont le siège est situé à Vernaison dans le Rhône fabrique en effet plus de 90 % de ses vêtements « à cinquante kilomètres au plus, autour de Lyon », assure son Pdg.
Il précise : « Dans nos ateliers, nous avons trente couturières et mécaniciennes, quatre stylistes-modélistes cinq logisticiens, une monteuse… »
Il ajoute : « Nous faisons également travailler par la sous-traitance, une centaine de personnes dans la région ».
4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires
Or, cette marque purement tricolore, voire même lyonno-lyonnaise, représente, à côté de « Prostyl » (vêtements professionnels) ou « Jumfil l’Atelier » ( négoce de vêtements haut de gamme et autres produits), à elle seule 65 % du chiffre d’affaires de cette PME familiale, soit 4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Comment fait-il ? Comme chez beaucoup de ceux qui fabriquent en France, il ne peut s’en tirer que par un positionnement haut de gamme.
Le Pdg de cette entreprise familiale estime que dans son créneau, ce choix s’impose du fait « des coûts sans cesse croissants de la main d’œuvre chinoise, sa faible productivité, son insuffisante qualification qui offrent une qualité souvent aléatoire ». S’y ajoutent, « les tarifs élevés des transports et de l’énergie, générant d’importants coûts globaux induits : ce qui pose la question de la relocalisation. »
Et de lancer : « Arnaud Montebourg a été le seul à avoir dit stop aux délocalisations et à prôner les relocalisations. Nous le constatons tous les jours : le made in France est vendeur ! »
Un outil sur mesure
La réactivité que procure la fabrication à demeure constitue aussi un des atouts de Jumfil estime son Pdg : « Notre outil de travail et le savoir-faire des salariés nous permettent de bénéficier d’un outil sur mesure, intégrant toutes les étapes de la fabrication, de la conception du vêtement jusqu’à son réassort. Un système Lectra assisté par ordinateur nous permet de découper sur mesure les commandes. »
Pour lui, « La réactivité, la souplesse et la maîtrise de la qualité constituent indéniablement les principaux atouts de l’entreprise ».
Ralph Crolla a en outre développé une force commerciale importante avec trente-huit commerciaux qui sillonnent toute la France, visitant une clientèle de particuliers et de professionnels. La vente se partage ainsi pour un tiers à domicile, un tiers dans les quatre magasins que possède Jumfil (700 m2, au siège à Vernaison dans le Rhône, 120 m2 dans le 2ème arrondissement de Lyon, 400 m2 à Limas dans le Beaujolais et 80 m2 à Saint-Jean-de-Bournay en Isère), et enfin un tiers dans les salons spécialisés.
Raph Crolla conforte son modèle et recherche des relais de croissance en se développant notamment dans les vêtements professionnels, là encore haut de gamme, pour la restauration et l’hôtellerie et les pompes funèbres (Jumfil Prostyle).
Dans l’optique made in France, il développe également la vente d’autres produits régionaux, comme c’est le cas désormais dans son magasin lyonnais où l’on peut également trouver, entre autres, les couteaux savoyards « Opinel 1515 », les boules ligériennes « O’but » ou l’Isérois « Paraboots » qui vient aussi de relocaliser une partie de sa production.
10 à 15 % de croissance de chiffre d’affaires escomptée
Reste que tout n’est pas pour autant idyllique, Raph Crolla admettant que « je ne vous cache pas que ce n’est pas simple pour autant, du fait de l’importance des charges et des impôts et du manque de visibilité dont nous souffrons actuellement » , comme en témoigne, d’ailleurs, la faiblesse de son résultat net : 14 000 euros seulement en 2012.
Pour autant, le Pdg de Jumfil entend bien garder le cap de la fabrication en France, tablant sur une croissance de 10 à 15 % au cours des trois prochaines années.