Mais comment fait Dominique Hervieu ? Avec 6,53 millions d’euros, le budget 2014 est en hausse à la Maison de la Danse
Chorégraphe accomplie, Dominique Hervieu, directrice de la Maison de la Danse de Lyon sait aussi faire danser les budgets. En cette période de disette budgétaire, elle réussit à faire croître cette année ses recettes de manière significative grâce à une montée en puissance du mécénat et du partenariat privé, mais aussi à un bond de la subvention de la Ville de Lyon. Ceci sur fond d’une nette augmentation de la fréquentation aux spectacles : s’il y a un peu moins d’abonnés, le nombre de spectateurs occasionnels augmente.
Arrivée en 2011 à la tête de la Maison de la Danse de Lyon, en droite ligne du Palais de Chaillot à Paris pour succèderà Guy Darmet, la chorégraphe Dominique Hervieu n’a pas tardé à imprimer sa marque.
Elle a mis en place un vaste chantier qui se poursuit et s’accentue aujourd’hui.
On reprochait à la Maison de la Danse d’être d’abord un-beau- « garage » à spectacles ne laissant que peu de place à la création ? La nouvelle directrice a multiplié les productions et les résidences d’artistes. Au bilan, l’année dernière, pas moins de trois premières mondiales avec Emanuel Gat et Justin Peck et la compagnie des Via Katlehong. La Maison de la Danse accompagne également des compagnies régionales en tant qu’artistes associés.
L’ objectif de Dominique Hervieu, en arrivant sur la grande piste de la « Maison » était d’ouvrir la danse à une nouvelle catégorie de la population et notamment aux plus jeunes. Cet autre chantier s’est traduit dans les faits avec un nombre record de spectateurs en 2013 : 170 922 ayant assisté l’année dernière à 218 représentations, contre 155 000 en 2012. Ce qui en fait la première jauge pour un théâtre en Rhône-Alpes.
De nouveaux publics s’ouvrent à la danse
Si le nombre d’abonnés (12 304 dont 25 % ont moins de trente ans) a légèrement baissé, le nombre de spectateurs occasionnels a très nettement augmenté. Objectif atteint : de nouveaux publics s’ouvrent à la danse.
Dans le prolongement de cet objectif, la nouvelle directrice s’était aussi assigné l’objectif de développer la danse comme pratique chez les jeunes et les moins jeunes, bref faire en sorte que l’agglomération lyonnaise se mette à son tour à danser.
Là aussi les choses avancent si l’on en croit le bilan 2013 avec 6 300 élèves de collèges et de lycées accueillis en soirée au milieu du public d’adultes, mais aussi des formations dispensées aux enseignants, ainsi que 400 heures d’ateliers artistiques proposées à destination des groupes scolaires. Tous types de publics compris, un total de 12 750 personnes a ainsi participé à des activités culturelles autour des représentations.
« Numeridanse », le portail Internet de la danse créé il y a plusieurs années par la Maison de la Danse fait aussi partie du projet de Dominique Hervieu. Il offre une des plus importantes vidéothèques de spectacles d’Europe et continue à prendre de l’expansion. Ce portail a affiché l’année dernière un trafic en hausse de 16 % avec près de 180 000 visites. Une nouvelle version annoncée comme « plus intuitive et conviviale » sera d’ailleurs présentée le 2 juin prochain.
Pour réussir cette politique ambitieuse de développement tous azimuts de la danse, encore fallait-il que les finances suivent : pas évident en cette période de disette budgétaire.
Des recettes en hausse de près de 8 %
Dominique Hervieu a pourtant réussi à augmenter son budget de manière importante puisqu’il passe de 6,04 millions d’euros l’année dernière à 6,53 millions cette année : un hausse de plus de 8 %.
Mais comment fait-elle ? Sa stratégie budgétaire passe par un développement des ressources propres qui représentent 57 % du budget, contre 43 % de subventions publiques (*).
Avec 2,86 millions d’euros, en hausse de plus de 200 000 euros, la billetterie a bénéficié de l’accroissement du nombre de spectateurs.
La politique affichée est un développement du partenariat privé et du mécénat. Un spécialiste, Christophe Coffrant a été chargé depuis le mois de septembre dernier, de développer ces deux pistes prometteuses.
BNP Paribas poursuit son partenariat engagé depuis plusieurs années (115 000 euros), et d’ores et déjà de nouveaux mécènes sont annoncés : on parle ainsi d’une société du CAC 40 très présente à Lyon, mais aussi d’une banque régionale.
Hausse de subvention en perspective de la future « Maison » de la Confluence
Il faut dire aussi que la Maison de la Danse a bénéficié d’un joli coup de pouce de la Ville de Lyon qui a augmenté sa subvention de 285 000 euros. Une hausse destinée à devenir pérenne. La raison tient à un rééquilibrage budgétaire au sein de la « Maison », mais cette hausse vise surtout à préparer la future grande Maison de la danse programmée à Confluence. L’ambition est d’en faire une institution dotée encore d’une plus forte aura internationale.
Or, un tel rayonnement ne pourra passer par des créations propres. Et cela à un coût, d’ores et déjà pris en compte car la création figure déjà comme on l’a vu plus haut au rang des priorité de Dominique Hervieu.
Bref, le cercle vertueux semble bien enclenché.
Reste une dernière question cependant : quelle sera la politique de la future Métropole lyonnaise à l’égard de la Maison de la Danse. Une question à 360 000 euros, niveau de l’actuelle subvention du Conseil Général du Rhône, appelé à disparaître…
(*) Ville de Lyon : 965 000 euros ; Ministère de la Culture et de la Communication + DRAC : 755 000 euros ; région Rhône-Alpes : 380 000 euros ; Conseil Général du Rhône : 360 000 euros + subventions affectées à des projets : 278 000 euros.
Photo (DR)–Dominique Hervieu lors de la dernière Biennale de la Danse.