Mieux vaut un bon Crémant qu’un mauvais Champagne
Cette formule maintes fois entendue, n’est finalement pas très valorisante pour le Crémant qui visiblement ne pourrait être comparé qu’à un mauvais Champagne ; mais pourquoi pas à un bon ?
En effet, si la Champagne possède un terroir particulier, et si les cépages utilisés peuvent être différents, (encore que, en Bourgogne, on utilise principalement les mêmes cépages qu’en Champagne (Pinot noir et Chardonnay), le mode d’élaboration, lui est le même.
Un vin effervescent obtenu par méthode Champenoise
En effet un Crémant est par définition : « Un vin effervescent obtenu par méthode traditionnelle, dite méthode Champenoise » on y revient…..
Or quand on sait que la qualité d’un vin effervescent dépend en grande partie du soin apporté à son élaboration, depuis le pressurage, jusqu’à la durée de vieillissement sur lattes, on peut oublier les a – priori.
En France, il existe des crémants d’Alsace, de Bourgogne, de Bordeaux, de Die (Vallée du Rhône), du Jura, de Limoux (Languedoc), de Loire, et de Savoie.
Même s’il ne représente que 20% environ des crémants élaborés en France, le Crémant de Bourgogne, est certainement celui qui est le plus réputé. Ses ventes ont d’ailleurs explosé au cours des 10 dernières années, pour s’établir actuellement autour de 17 millions de bouteilles par an.
La crise n’est certes pas étrangère au succès des bulles « made in bourgogne », quand on sait que le prix moyen de vente d’une bouteille de Crémant est environ de un tiers de celui d’une bouteille de Champagne, mais la qualité de vinification à permis de soutenir ce développement.
Reconnue en 1975, l’appellation Crémant de Bourgogne a en effet posé des conditions strictes de production pour ce vin effervescent entré dans l’histoire au début du 19è siècle, C’est en effet en 1822, que le maire de Rully, prenant conscience du potentiel offert par les vins effervescents, fit appel à un jeune champenois pour développer ce breuvage effervescent qui rencontra un franc succès. Rully (en Saone et loire) est d’ailleurs resté le berceau du Crémant de Bourgogne.
L’aire d’appellation « Crémant de Bourgogne » s’étend sur le territoire de la « grande Bourgogne » allant de l’Yonne au Rhône avec une superficie en production de l’ordre de 2000 hectares, pour 8% environ de la production bourguignonne.
Les cépages autorisés sont répartis en 2 catégories
- Cépages de 1ère catégorie : Pinot noir et Chardonnay devant représenter 30% minimum
- Cépages de 2è catégorie : Gamay (20% maximum) Aligoté et melon
Les Crémants de Bourgogne sont majoritairement blancs, mais il existe une petite production de rosés, élaborés à partir de Pinot noir, avec ou sans Gamay.
Tout comme en Champagne, les blancs issus uniquement de cépages blancs peuvent porter la mention « Blanc de blancs », tandis que les blancs issus de cépages rouges uniquement sont appelés blancs de noir.
Les premiers (blancs de blancs) font, de par leur finesse, d’excellents vins d’apéritif, mais peuvent également accompagner des crustacés ou poissons, alors que les blancs de noir seront à l’aise à table, avec une volaille par exemple.
Enfin, les crémants rosés trouvent leur place sur des desserts, comme un sorbet aux fruits rouges ;
La très grande majorité des crémants de bourgogne entre dans la catégorie des bruts ( moins de 15 gr de sucre par litre), mais des secs ou demi secs peuvent être intéressants avec des desserts.
Dans tous les cas, la température de service doit se situer aux alentours de 6 à 8°
Bonne dégustation.
Alain Launay, Oenologue