Morald Chibout, directeur général d’Autolib : « Nous avons réussi le démarrage, Bluely sera rentable d’ici quatre ans »
Succès ou échec, le lancement de Bluely, la déclinaison lyonnaise de l’Autolib parisien ? Pour l’atypique directeur général de la filiale du Groupe de Vincent Bolloré : avec 900 abonnés inscrits, c’est d’ores et déjà une réussite, la montée en charge se poursuivant de surcroît à un rythme soutenu.
L’ambiance était électrique, mardi 17 février au Wine Business Club, un cénacle de chefs d’entreprises réunis à la « Rotonde » du Lyon Vert, qui essaie de jouer non seulement les accords entre les mets et les vins, mais aussi entre l’économie et l’œnologie. Et ce, par le truchement d’un invité émanant en général du monde des affaires.
L’ambiance était électrique car le président du Wine Business Club de Lyon, l’avocat Bruno Alart, avait invité ce soir là Morald Chibout, le directeur général d’Autolib, la filiale du Groupe de Vincent Bolloré qui, particulièrement visionnaire, pour les uns ou casse-cou pour les autres, promeut la voiture électrique en autopartage.
Homme marketing de l’année 2008
Morald Chibout, 46 ans, issu d’une fratrie de douze enfants, est un pur produit de la méritocratie française. D’origine algérienne, ses parents sont analphabètes, ce qui ne l’a pas empêché d’effectuer de brillantes études.
Docteur en économie, auteur d’une thèse sur l’économie des médias, il a transformé tous les business models des postes de directeur marketing qui lui ont été confiés : chez Hachette, à France Télécom, Wanadoo, EDF et enfin, Autolib. Avec la rosette du métier, épinglé à son veston, en 2008, année, où il a été élu « homme marketing de l’année ».
Morald Chibout était attendu par les quatre-vingt chefs d’entreprises membres du Wine Business Club, sur un sujet qui intéresse de près les Lyonnais : lancé il y a six mois, l’Autolib lyonnais, rebaptisé Bluely et ses 230 véhicules dispersés dans l’agglomération constitue-t-il un succès, un demi-succès ou un échec comme le sussurent certains blogs locaux ? L’investissement est de taille : 20 millions d’euros.
Présent à ce dîner-dégustation en compagnie de Christian Studer, directeur de Bluely, Morald Chibout s’inscrit en faux contre ces allégations.
« Neuf cents abonnés »
« Nous sommes parfaitement dans notre feuille de route à Lyon. Bluely est un succès : nous avons déjà neuf cents abonnés dont près de la moitié sont premium, c »est-à-dire pour une durée d’un an. Pour preuve : nos ventes d’abonnements ont augmenté de 60 % au cours des cinq dernières semaines et nous sommes à 8 500 locations depuis le démarrage de Bluely», lance-t-il.
Il précise : « Le développement du nombre d’abonnés est d’ailleurs beaucoup plus rapide à Lyon qu’à Paris. Cela s’explique, puisque le concept était alors au lancement totalement nouveau. »
Autre différence par rapport à Paris : « La durée moyenne de location est de 50 minutes à Lyon, contre 40 minutes à Paris. »
Autre précision : « Comme à Paris, en revanche, nous enregistrons un pic de location le samedi, la plus importante utilisation des bluecars (ndlr : les voitures électriques construites par Vincent Bolloré) se situant le vendredi soir et le dimanche. »
Ces premiers résultats l’amènent à affirmer : « Nous serons rentables à Lyon, d’ici quatre ans ». Plus vite donc qu’à Paris, où la rentabilité qui était originellement prévue sept ans après le lancement devrait pourtant arriver plus rapidement : au bout de cinq ou six ans, selon des déclarations récentes de Vincent Bolloré.
Sortie d’une version cabriolet de la Bluecar Bolloré
Autolib loue des voitures électriques, mais en vend aussi : la vente des Bluecars vient de débuter à Lyon, au sein d’un showroom destiné à cet effet.
L’unique modèle existant jusqu’à présent va d’ailleurs s’enrichir cet été d’un cabriolet 100 % électrique, la « Bluesummer », décrite par le groupe Bolloré comme la « Méhari du 21ème siècle » : elle a été dessinée par Philippe Guédon, l’ancien patron de Matra.
Après Bordeaux qui suit Lyon, le groupe Bolloré va mettre en place son système d’autopartage de véhicules électriques à Indianapolis aux Etats-Unis. « Nous y déploierons un millier de voitures. Pour nous, avoir été choisi par la ville qui organise les « 500 miles d’Indianapolis » est un symbole fort », se félicite Morald Chibout.
Il annonce également : « la signature de notre système d’autopartage Autolib prochainement dans une grande ville asiatique. »
Mais il n’en dira pas plus : le contrat n’est pas encore définitivement signé…