Musée des tissus : en chantier, l’hôtel de Lacroix-Laval se dévoile
L’hôtel de Lacroix-Laval, le « joyau » du Musée des tissus
C’est littéralement le dernier de son espèce à s’ouvrir au public. Qualifié de « joyau » par la directrice générale et scientifique du Musée des tissus de Lyon Esclarmonde Monteil, l’hôtel particulier de Lacroix-Laval a entamé depuis plusieurs mois sa mue. Une opération de lifting opérée par la Région dans le cadre, plus large, du chantier dit de la renaissance du musée des tissus.
Car s’il était connu pour abriter depuis 1925 le musée des arts décoratifs, le bâtiment du XVIIIe siècle accueillera aussi à terme les collections du Musée des tissus de Lyon. Un édifice protégé au titre des monuments historiques, et auquel l’arrondissement se déclare fortement attaché. « Nous voulions une réhabilitation à l’identique de ce bâtiment qui a un enjeu particulier pour nous », a rappelé en préambule Pierre Olivier, le maire du 2e arrondissement.
Si l’hôtel conserve énormément de son charme d’origine, les intervention demeurent indispensables. « L’hôtel a beaucoup vieilli depuis la dernière campagne de travaux (années 1960), a justifié Esclarmonde Monteil. Nous avons voulu ce chantier dans les règles les plus strictes de protection du patrimoine et de respect de l’histoire. » L’un des objectifs, comme l’a laissé entendre Pierre Olivier, est de respecter au maximum l’esprit XVIIIe des lieux.
Retrouver la conception du XVIIIe siècle
Pour ce faire, les architectes du patrimoine impliqués dans le projet ont réalisé un travail conséquent. Ces derniers ont notamment dû rassembler le maximum d’archives de sources sur le lieu afin d’en retrouver l’essence la plus proche. « Le bâtiment a été beaucoup modifié à partir des années 1920 », a précisé Esclarmonde Monteil. Au fil des années, les conservateurs qui se sont succédés ont chacun amené leur touche personnelle.
Le but n’est pour autant pas de restituer un état propre à 1739, année de sa création. « Nous voulons respecter le processus qui a fait de ce bâtiment un exemple d’hôtel particulier de ce siècle, a souligné Laurent Volay, architecte pour le cabinet Archipat. Le travail des conservateurs a toujours été de transposer le public dans un espace à l’image de ce qu’était le XVIIIe. » Symbôle des choix que les conservateurs ont opéré : les garde-corps des fenêtres. En fer forgés, ils ne sont apparus sur la bâtisse qu’au XXe siècle. Mais l’édifice les conservera en y ajoutant de la dorure à la feuille d’or.
L’hôtel particulier Lacroix-Laval présente plusieurs spécificités. Entre cour et jardin, il a été construit avec des étages de hauteur équivalente. A l’époque, il était plutôt fréquent que le rez-de-jardin présente un plafond plus haut et que chaque étage se réduise en montant. « Il a été bâti à une période de mutation des modes de vie lyonnaise », a relevé Magali Perrin, architecte pour Archipat.
Des entreprises régionales pour gérer la rénovation
Son allure XVIIIe composera évidemment avec les normes indispensables du XXIe siècle. Les maîtres d’oeuvre lui garantiront de bonnes protections thermiques ainsi que le nécessaire à la protection des oeuvres. Près de 200 fenêtres ont été changées, les tuiles de la toiture remplacées et les façades sont actuellement restaurées. Une nécessité notamment pour accueillir du public dans un lieu ouvert.
Le diable se cache dans les détails. Et sur ce chantier, pas question de laisser à Lucifer le moindre répit. Pour que l’hôtel particulier de Lacroix-Laval demeure un joyau du Musée des tissus, les conservateurs ont scruté ce qui pouvait être approfondi. Ils ont effectué des sondages pour déceler les premiers matériaux utilisés et décortiqué les détails de corniches.
Pour réaliser ces travaux, la Région n’a pas hésité à faire appel aux meilleurs. Et parmi eux, il y a des régionaux de l’étape. C’est le cas de l’entreprise Comte, basée à Champdieu dans la Loire. Une société spécialisée dans la maçonnerie et la taille de pierre pour monuments historiques. Pour ce qui est des toitures et de la charpente, c’est l’entreprise Bourgeois qui s’en charge. Il s’agit de la plus locale puisqu’elle se situe à Vaulx-en-Velin. Son savoir-faire est ancestral puisqu’elle opère depuis 1840 dans le domaine.
Enfin, si la dernière société impliquée n’est pas du sérail géographique, elle n’en est pas moins respectable. Les Ateliers Perrault, à Angers, ont 250 ans d’expérience dans les métiers de la fenêtre, charpente, menuiserie ou encore ébénisterie. Ils ont par exemple déployé leurs talents au Château de Chambord ou au Domaine de Chantilly par le passé.
4 millions d’euros pour raccorder Lacroix-Laval au Musée des tissus
La rénovation de Lacroix-Laval ne représente qu’une étape dans la renaissance du Musée des tissus. Si quatre millions d’euros ont été déployés pour ce seul chantier, celui de l’intégralité de la parcelle en coûtera entre 50 et 60 millions. L’hôtel devra être raccordé à l’hôtel de Villeroy qui lui fait face. Ce sera l’objet de la deuxième étape, début 2023. Les deux bâtiments anciens cohabiteront dans un ensemble contemporain.
Cet ensemble se matérialisera par la création d’un drapé de verre sur une trame entièrement vitrée. Un « très bel écrin » qui « masquera les coulisses du musée » s’est réjouie Esclarmonde Monteil. L’architecte en chef, Rudy Ricciotti, a pour projet également de créer un hôtel neuf pour articuler les deux bâtiments et ainsi les lier. Ce nouvel édifice fera office de porte d’entrée du musée. Relativement fermé, l’ensemble s’ouvrira sur la rue et donc au public. A terme, le projet réunira au sein de cette façon les collections du Musée des tissus et celles du musée des arts décoratifs.