«Nos métiers du bâtiment restent en tension» – 4 questions à Nathalie Delorme
Quel bilan faîtes-vous de l’opération les Coulisses du Bâtiment que vous avez organisé les 12 et 13 octobre dernier ?
Cela fait 20 ans que nous organisons cette opération et cette opération reste un événement important dont le bilan est positif. Sur deux jours, trente-neuf chantiers, ateliers ou CFA ont été ouverts aux jeunes scolaires et sur certains sites aux demandeurs d’emploi. L’idée est de faire découvrir les métiers en situation. On ouvre ainsi des ateliers de menuiseries, de métallerie, des chantiers classiques : de collèges, de musée, d’Hepad etc ; des chantiers de TP, comme des ponts etc. Les participants sont donc accueillis sur place et notre objectif est de leur faire connaitre des métiers qu’ils ne connaissent pas ou qu’ils croient connaître. On avait cette année innover avec la création du QR code en réalité augmentée avec des quizz qui jalonnaient le parcours. In fine, vous l’avez compris, notre but est de créer des vocations.
Est-ce que justement, susciter des vocations n’est-il pas l’enjeu majeur pour votre secteur qui est parfois méconnu ?
Oui bien sûr ! Nos métiers sont en tension mais tous les métiers ne le sont pas tous pour les mêmes raisons. Certains connaissent des problèmes de volume à l’image de la maçonnerie. On essaie de montrer que la mécanisation a révolutionné le secteur et que l’on ne porte plus des sacs. D’autres connaissent un manque d’attractivité parce qu’on les connaît peu : le métallier, le chapiste, le solier etc. A nous de montrer ses professions sous un autre jour.
Est-ce que la pénibilité reste au cœur de votre problématique de façon générale ?
On y travaille ! Mais on reste des métiers techniques et du geste et on ne peut pas nier qu’il y a des manipulations et donc des efforts physiques. Mais aujourd’hui cette dimension physique est bien accompagnée par l’avancée de la mécanisation qui adoucit les pratiques. En clair, depuis dix ou vingt ans, les conditions de travail ne sont plus les mêmes. Loin de là ! D’où l’intérêt de ces Coulisses du bâtiment qui permettent de constater ce que je suis en train d’évoquer. A cela, il faut ajouter que la pénibilité est aussi compensée par la notion de sens. Beaucoup de personne sont à la recherche de sens dans leur vie professionnelle et nos métiers en donnent. Je pense entre autres à la transition énergétique qui est au cœur de nos problématiques.
Concrètement, quels sont vos besoins en matière d’emploi actuellement ?
Nous avons une pyramide des âges défavorables. Et on aurait besoin aujourd’hui, dans la région, pour remplacer les départs en retraite de 6 000 nouveaux entrants par an. Là, on ne parle que de besoin structurel, on ne parle pas de besoin conjoncturel. Rien que l’an dernier, nous avions 14 000 offres d’emploi à Pole-Emploi… 79% des recrutements sont jugés difficiles. La tension sur nos métiers, je le crains, va perdurer.